Le 2 novembre, pour la huitième année consécutive, les "Journées de la littérature française" réunissaient à l’université Brusov, des professeurs et intellectuels émérites de l'université parisienne de la Sorbonne.
Par Lusine Abgaryan
La 8e édition des "Journées de la littérature française" organisée par l’association eponyme, a été lancée à l’Université Brusov. Elles accueillaient cette année en Arménie des professeurs et intellectuels célèbres de l'université fançaise de la Sorbonne. Pour l'organisatrice de ces "Journées", Aïda Karniguian, architecte de ce "pont" littéraire entre la France et l’Arménie, ce genre d’initiative est partie intégrante de la « diplomatie culturelle » bilatérale.
Après Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Sartre, Genet, Beckett, Flaubert et Baudelaire, Marcel Proust, légende de la littérature française et précurseur du modernisme du début du XXe siècle dont on célèbre cette année le centenaire de la mort, était au cœur des conférences et des interventions des spécialistes de son œuvre.
Plusieurs professeurs-chercheurs spécialistes ont été invités à Erevan à cette occasion. Nathalie Mauriac-Dyer, petite fille de François Mauriac et petite nièce de Marcel Proust, est directrice de recherches à l’Institut des textes et manuscrits modernes à Paris. Elle est aussi commissaire de l’exposition du centenaire de la mort de Marcel Proust : "La fabrique de l’œuvre", à la Bibliothèque nationale française. Christophe Pradeau, romancier, maître de conférences de littérature française à Sorbonne Université, dont les travaux portent sur les "cycles du roman" chez Jean Giono ou Marcel Proust. Matthieu Vernet, maître de conférences en littérature française des XIXé et XXé siècles, directeur adjoint du Centre d’études de la langue et des littératures françaises, chercheur associé au Collège de France, responsable de la revue des parutions Acta fabula, dont les recherches portent sur la mémoire des œuvres et des textes, l’acte de lecture, l’étude des rapports entre romanesque et poétique, l’intertextualité ; Bernard Franco, enfin, professeur de littérature comparée à l’Université Paris-Sorbonne, Docteur Honoris Causa de l’université Brusov, dont les recherches couvrent les champs des relations littéraires franco-allemandes au tournant du XVIII é au XIX é siècles, en particulier dans le théâtre.
L’Ambassadrice de France en Arménie, Anne Louyot, assistait pour la deuxième année de suite à l’inauguration de cette série d’événements. Elle a souligné l’importance de ces journées littéraires, offrant à l’œuvre de Marcel Proust une nouvelle lecture, celle de la mémoire, en lien avec le contexte actuel en Arménie : « Je crois que dans ces temps troublés, difficiles, il est bon parfois de prendre un peu de recul vis-à-vis des événements difficiles qui sont vécus par le peuple arménien et de se plonger dans cette grande patrie commune, qui est la littérature. Proust est un auteur particulièrement cher à nos amis arméniens, parce que la mémoire est son sujet d’exploration et je crois que c’est un champ qui leur est particulièrement familier. La lecture arménienne d’"À la recherche du temps perdu" a sûrement quelque chose à nous apporter, nous autres Français. Cette œuvre est aussi une analyse de l’histoire et Marcel Proust nous démontre qu'elle n’est pas simplement faite des grands événements totalement désincarnés et conduits uniquement par des politiques et des militaires, mais qu'elle est aussi une suite d’événements, grands et petits, vécus par des individus, avec des sensibilités et des regards singuliers ». Anne Louyot n’a pas manqué de souligner que tous ces invités se sentent « chez eux à Brusov », cette université étant « un haut lieu de la francophonie ».
La rectrice de l’université Brusov, Karine Harutyunyan a souligné elle, l’importance des liens de collaboration qui existent entre les universités Brusov et de la Sorbonne, marqués par des projets de codiplomation et de cotutelles. « Une telle coopération prouve que le français, la littérature et la culture françaises sont très appréciés et valorisés dans notre université. De plus, notre université possède une longue tradition du développement et la diffusion du français, de la littérature et de la culture françaises, elle y apporte une grande contribution et la poursuit régulièrement, de même grâce à ce projet des Journées de la littérature française ».
Des conférences ont également eu lieu à l’université d’État d’Erevan et à l’UGAB, l’un des partenaires du projet avec l’Ambassade de France en Arménie et la Fondation Aznavour. Les étudiants francophones de l’université d’État et de Brusov se sont plongés dans l’œuvre proustienne à travers des lectures de textes et des analyses comparatives entre l’original et sa traduction. Une nouvelle édition en arménien "Du côté de chez Swann" est prévue prochainement.