Le troisième congrès des professeurs de français en Arménie organisé par l'Ambassade de France en Arménie et l'Association Arménienne des Enseignants de français en Arménie s'est tenu ce lundi 20 juin dans le grand amphithéâtre du Matenadaran, en présence du vice-ministre de l'Éducation, Artur Martirosyan, et de Janna Ghardashyan directrice de l’enseignement général au sein de la municipalité d'Erevan. Il ouvrait une semaine studieuse de formation continue à l'Alliance française d'Erevan
Par Olivier Merlet
Deux ambassadrices se sont relayées sur scène pour un éloge à la langue française hors de ses frontières. Celle de la République française en Arménie, bien sûr, Anne Louyot, mais aussi celle de l'enseignement du français en Arménie, cheville ouvrière de sa promotion et de sa défense en Arménie depuis plus de vingt ans, Suzanne Gharamyan, directrice de l'Alliance française et fondatrice de l'Association arménienne des enseignants de français.
Une Arménie francophile et francophone
Tous les professeurs arméniens de français que compte l'Arménie avaient été invités. Devant une salle comble et attentive, les deux oratrices et d'autres intervenants ont dépeint le paysage d'une relation linguistique très particulière entre les deux pays et d'une Arménie toujours aussi francophile et francophone.
En termes de chiffres, le français en Arménie, ce sont 270 écoles, 380 professeurs et surtout près de 50 000 apprenants ! 48 789, très exactement, à en croire le ministère de l'Éducation arménien. Aux côtés de l'Alliance française, l'école 119, le lycée Anatole France, l'UFAR ou le Centre d’enseignement professionnel franco-arménien (le Cepfa), fleurons de la coopération culturelle entre la France et l'Arménie constituent les navires-amiraux de cette armada de professeurs motivés et convaincus de la valeur internationale de la langue française au XXIe siècle.
Artisan discret de cette belle histoire, l'AAEF, l'Association arménienne des enseignants de français, s'est fixé dès sa création en janvier 2001, la mission d'organiser des cycles de formation de qualité pour l'ensemble des professeurs de français d'Arménie. Depuis 2009, le partenariat passé avec le Crefeco (Centre régional francophone pour l'Europe centrale et orientale) leur permet de suivre des formations au niveau régional et national, relayées et démultipliées localement dans le cadre des séminaires annuels de l'AAEF, de participer à la conception des ressources pédagogiques et à l'élaboration des référentiels de compétences des enseignants.
Former et renforcer
C'est d'ailleurs pour participer à la XIXe édition de ce séminaire que 50 professeurs congressistes du Matenadaran ont rejoint les locaux de l'Alliance française d'Erevan rue Moskovyan. Réunis en deux groupes animés par Isabelle roger, du centre de Linguistique appliquée de Besançon et Justine Dos Santos Leal, enseignante de Français-langue étrangère à l'Institut français de Sofia, les professeurs ont en quelques sortes retrouvé les bancs de l'école. Au programme, "Dynamique de classe" ou comment animer une séquence pédagogique en FLE, et, "Se perfectionner à l'oral pour développer ses techniques d'enseignement". En termes techniques, parer à l'insécurité linguistique des professeurs, faire en sorte que des difficultés ou des inconforts ponctuels dans l'usage de la langue orale ne viennent compromettre leur objectif pédagogique.
Placé au cœur des dispositifs mis en place, le professeur de français est le garant de la pérennité de la langue française dans le système éducatif arménien. L'AAEF en a bien conscience qui depuis 2012 s'est engagée dans le dispositif dit du "français renforcé", renforcer les positions et l'enseignement de la langue française en Arménie. L'association élabore à ce titre les curricula de tous niveaux d'enseignement dans les classes concernées, à l’aide des experts français, forme et supervise le travail de leurs enseignants tout en assurant la fourniture des manuels scolaires dédiés. Juste récompense de cet immense travail, de plus en plus de parents arméniens décident de placer leurs enfants dans des écoles où ces classes existent, de même, de nombreux établissements scolaires en sollicitent l'ouverture.
Des enseignants de français, aujourd'hui et demain
Grâce aux formations proposées par le CREFECO et à un projet de professionnalisation des associations, celui de la Fédération internationale des professeurs de français et de l'Organisation internationale de la Francophonie, l'AAEF est aujourd’hui forte d'une équipe de formateurs capables de concevoir et d'animer des cycles de formation à l'intention des professeurs de français d'Arménie.
L'avenir du français en Arménie est un réel défi. Si l'estime pour la langue française ne se dément pas, l'attrait des jeunes générations pour d'autres langues, l'anglais en premier, bien évidemment, suscite de nombreuses questions. L'association des professeurs de français tente d'y répondre en s'associant à un partenariat régional avec l'AUF et le CREFECO pour le renforcement de l'employabilité des étudiants francophones, pallier à la crise de vocations des enseignants de français et leur offrir des perspectives d'évolution professionnelle tout aussi riches et intéressantes que celles de leurs collègues anglophones.