L'ancien ministre arménien des affaires étrangères, Vardan Oskanian, a publié une déclaration dans laquelle il appelle les représentants de la diaspora à ignorer la visite du Premier ministre arménien Nikol Pashinyan aux États-Unis, à ne pas le rencontrer à Washington et donc à ne pas lui donner la légitimité dont il a tant besoin.
Sur sa page Facebook, M. Oskanian s'est adressé à ses compatriotes : « Chers représentants de la communauté et des organisations arméniennes en Amérique, je vous écris au sujet de l'invitation à rencontrer Nikol Pashinyan à l'ambassade d'Arménie le 3 février. Cette rencontre n'est pas une simple cérémonie diplomatique ; il s'agit d'une tentative délibérée du dirigeant de sauver sa réputation ébranlée, qui a besoin de votre audience.
Pashinyan est un dirigeant qui a échoué et sous lequel la nation arménienne traverse la période la plus catastrophique de son histoire moderne. L'Arménie a subi de graves pertes territoriales, une défaite militaire et une humiliation nationale. La chute totale de l'Artsakh, la déportation de 150 000 Arméniens et la mort de milliers de jeunes soldats sont les conséquences directes de ses politiques imprudentes, incapables et à courte vue. Pashinyan est le principal et unique obstacle à l'inscription du droit au retour du peuple d'Artsakh à l'ordre du jour international, malgré la volonté manifeste de la communauté internationale de prendre en compte et de soutenir ce droit fondamental.
Aujourd'hui, des prisonniers arméniens restent en captivité en Azerbaïdjan et certaines parties des territoires souverains de l'Arménie sont occupées. D'autres concessions sont attendues. M. Pashinyan est responsable de tout cela. Les actions de son gouvernement ont porté atteinte à la sécurité, à la dignité et à la position de l'Arménie dans le monde. Le maintien de son gouvernement constitue une menace directe pour la survie de la nation arménienne.
Le peuple arménien a déjà rendu son jugement sur Pashinyan. Selon les derniers sondages, seuls 10 % des Arméniens le soutiennent. Un dirigeant bénéficiant d'un soutien aussi faible, qui gouverne non pas avec légitimité et compétence mais avec peur et désinformation, n'a pas le droit de parler au nom du peuple arménien. Sa présence à l'ambassade d'Arménie à Washington est une insulte à la diaspora, qui est restée fidèle à son engagement en faveur de la survie et de la dignité de la nation arménienne. Le pouvoir de M. Pashinyan ne repose pas sur une légitimité démocratique, mais sur une corruption systémique et un délabrement institutionnel.
La démocratie arménienne, autrefois porteuse d'espoir, s'est transformée en un régime unipersonnel, où un pouvoir judiciaire accaparé, une presse bridée et une société civile affaiblie ne servent qu'à diluer la responsabilité de son gouvernement.
À la veille de son départ pour Washington, M. Pashinyan a engagé des poursuites pénales à l'encontre d'un Arménien qui avait publié une vidéo des actes humiliants d'un groupe d'Azéris sur la place de la République à Erevan, attirant ainsi l'attention du public et des autorités. Son gouvernement a instauré une culture de la corruption, canalisant les fonds publics dans les poches de loyalistes, plongeant les citoyens dans la frustration et la pauvreté.
Dans le même temps, la polarisation politique et la méfiance ont divisé la société arménienne, rendant la consolidation et l'action commune presque impossibles. Ce sont là les qualités non pas d'un dirigeant travaillant pour son peuple, mais d'un opportuniste qui conserve le pouvoir à tout prix.
L'acte le plus honteux de M. Pashinyan en tant que premier ministre est peut-être ses récentes déclarations sur le génocide arménien. La déformation ou la minimisation de la plus grande tragédie de notre histoire par un dirigeant arménien n'est rien de moins qu'une trahison. C'est une chose frappante qui devrait inquiéter tous les Arméniens, en particulier ceux de la diaspora. S'il est prêt à réécrire l'histoire pour servir ses intérêts politiques, à quoi d'autre n'est-il pas prêt ? Si vous décidez d'assister à cette réunion, imaginez clairement qui est assis en face de vous. Il s'agit de l'homme qui a mené l'Arménie à la destruction, qui a cédé des terres arméniennes, qui a abandonné son propre peuple et qui a perdu la confiance de la majorité des Arméniens. Ne vous laissez pas tromper. Défiez-le. Exigez des réponses. Demandez-lui des comptes. Il ne s'agit pas seulement d'un moment politique, mais d'un test de conscience. Aller à l'encontre de Pashinyan signifie se placer du côté de la dignité, de la sécurité et de l'avenir de l'Arménie ».
M. Pashinyan et son épouse sont partis pour Washington le 1er février. Le premier-ministre arménien participera au 5e sommet annuel sur la liberté religieuse internationale, ainsi qu'au " National Prayer Breakfast " à Washington. Nikol Pashinyan prononcera également un discours lors de ce sommet. « Une rencontre avec le président américain n'est pas prévue. Il n'y a rien de tel dans notre programme pour le moment, mais il s'agit d'une visite très importante. Nous avons consulté nos collègues et sommes arrivés à la conclusion que nous devions absolument nous y rendre et y participer », a déclaré le Premier ministre. Il a précisé que des invitations à participer à d'autres événements avaient également été reçues.