Valérie Pécresse : « la sécurité des Européens se joue ici, en Arménie »

Actualité
23.12.2021

« Quand on attaque la liberté religieuse ici, au Caucase, on attaque aussi les fondements de la civilisation européenne », a déclaré Valérie Pécresse lors d'une conférence de presse pendant sa visite officielle en Arménie. C'était son premier déplacement à l'étranger en tant que candidate à l’élection présidentielle en France, et le troisième en Arménie depuis 1990.

 

Valérie Pécresse s’est rendue dans certains « lieux de mémoire et de résilience », dont le mémorial de Tsitsernakaberd, où elle avait planté un arbre lors de sa visite précédente, en 2018. Elle a également déposé des fleurs à Erablur, le cimetière militaire où sont enterrés 2000 soldats tombés lors du premier conflit de Haut-Karabagh et de la guerre de 44 jours à l'automne 2020. La visite du Centre de réhabilitation des blessés de guerre faisait aussi partie des gestes « très symboliques » de la candidate des "Républicains", « pour une visite ancrée dans un passé commun […] afin de préparer, main dans la main, l'avenir de la relation franco-arménienne ».

 

La France et l’Europe face à la question du Haut-Karabagh

Valérie Pécresse a rappelé les déclarations du gouvernement français pour qui « la responsabilité [NDLR : du conflit] incombe clairement à l’Azerbaïdjan et à son allié turc, avec [NDLR : la participation d'] un certain nombre de djihadistes syriens ». Elle a également souligné les efforts de la région Ile-de France, qu'elle préside, et ceux du Sénat, qui avaient pris l’initiative de la reconnaissance du Haut-Karabagh dès le mois de novembre 2020.

Après des entrevues avec des hauts dignitaires du gouvernement arménien, dont le Président de la République et celui de l’Assemblée nationale ainsi que le ministre des Affaires étrangères, elle a renouvelé sa ferme condamnation d'une guerre qui se poursuit encore sur le territoire même de la République d’Arménie, cible régulière des attaques de l’armée azerbaïdjanaise. Elle réclame par ailleurs, la libération et le retour urgent  des 51 prisonniers de guerre, toujours détenus par Bakou.

Reconnaissant la gravité de la situation sur le territoire caucasien, Valérie Pécresse a qualifié les événements de l’automne dernier « d'avertissement » pour l’Europe entière,  dont il convient de tirer les enseignements. Dans l'hypothèse de son élection, elle précise que le rôle de la France à ce sujet serait d'une part de réveiller et redynamiser le groupe de Minsk, et de convaincre ensuite l'ensemble des états de l’Union européenne (la France en assurera la présidence à partir du mois de janvier 2022) de leur capacité à peser sur l’établissement d'une paix durable au Caucase. « Je souhaite, si je suis Président de la République, prendre un certain nombre d’initiatives diplomatiques car je ne suis pas certaine qu’aujourd’hui la France ait été à la hauteur des événements, ici, en Arménie. Au-delà des déclarations, il faut des actes » promet la candidate.

 

À la défense des chrétiens d’Orient

« L’Arménie c’est plus qu’un pays, c’est une idée, un message qu’on envoie au monde et qui dit que les chrétiens ont toute leur place en Orient », énonce la présidente de la région Ile-de-France, cocréatrice avec Patrick Karam en 2014, du groupe parlementaire de "défense des chrétiens d’Orient et des minorités persécutées" à l'Assemblée nationale française. Engagement personnel jamais démenti, qu'elle revendique aujourd'hui aux côtés de l’ex-commissaire européen, Michel Barnier, et du sénateur Bruno Retailleau, président de cette même commission pour le sénat : « Aujourd’hui, un certain nombre de périls qui menacent l’Arménie, menacent aussi la France et l’Europe. Je crois que nous devons ouvrir les yeux et ne pas être naïfs sur ces périls communs », insiste Valérie Pécresse.  

Briguant la plus haute responsabilité politique de son pays, elle souhaite également organiser, à Paris, dans un avenir proche, une conférence internationale pour le soutien à l’Arménie, qui porterait sur tous les enjeux du maintien de la paix, y compris la sauvegarde et la protection de son patrimoine culturel et spirituel au Haut-Karabagh. À ce titre, elle n'a pas manqué de rappeler l’UNESCO à ses engagements concernant la protection et la restauration de plus de 150 églises arméniennes et de prendre position sur la défense des libertés religieuses, « pour que les pèlerins arméniens puissent revenir dans leurs monastères et leurs églises ». La désignation par le comité de l’organisation internationale, de l’Azerbaïdjan comme garant de la protection des biens culturels du Haut-Karabagh en cas de conflit armé devrait, selon elle, responsabiliser ce pays face à la préservation du patrimoine arménien.

 

Les éventuelles collaborations entre la France et l’Arménie

« L’Arménie est un pays qui se relève, résiliant », a remarqué la candidate à la présidentielle, ainsi que l'atteste le bon déroulement démocratique des élections en juin dernier, « un signe de vitalité très fort et un facteur d’espoir pour l’avenir ». Témoignage de cette confiance en des jours meilleurs, la région Ile-de-France a alloué d'importantes sommes destinées à la promotion et au développement de l’Université française en Arménie. D’autres partenariats devraient également se mettre en place, dont notamment la création de l’Institut français.

Les collaborations que Valérie Pécresse souhaiterait développer une fois élue, portent sur plusieurs domaines, dont l’éducation, la santé, la francophonie et la culture, mais aussi et surtout le développement économique. « Notre avenir commun passe par le développement des flux commerciaux et d’investissements en Arménie. Pour cette raison, je suis très intéressée par le projet de votre Président de la République de créer une Fondation internationale autour de l’intelligence artificielle et très heureuse de l'ouverture d'un lycée agricole Patrick Devedjian dans la province du Tavush » a conclu la candidate aux élections présidentielles françaises.

 

Visite éclair et discrète à Stepanakert

Alors qu'on la pensait en visite "culturelle" sur les hauts-lieux du patrimoine arménien, la délégation Pécresse - Retailleau - Barnier a soudainement disparu des regards. On apprenait quelques heures plus tard qu'elle s'était rendue au Haut-Karabagh dans le plus grand secret. Le déplacement avait préalablement été organisé et sécurisé par les autorités arméniennes.

Sur place, ils ont pu rencontrer Arayik Harutiunyan, président de la République d’Artsakh, et une partie de son gouvernement. Ils se sont ensuite rendus au Centre de la francophonie Paul Éluard de Stepanakert et se sont entretenus avec le représentant de l’Église du Haut-Karabagh.

« Je viens plaider pour le retour de la paix au Haut-Karabagh et le renforcement du soutien français en matière économique, culturelle & de protection du patrimoine religieux. », a écrit Valérie Pécresse sur son compte Twitter par rapport à cette visite.