Nikol Pashinyan a présenté le 18 avril, devant l'Assemblée nationale, le bilan 2022 de la mise en œuvre du plan quinquennal 2021-2026 de son gouvernement. La politique a vite pris le pas sur les questions économiques et de développement du pays.
Par Olivier Merlet
« Je veux parler d'optimisme, car tout projet d'avenir ne peut être mis en œuvre sans un apport suffisant d'optimisme. En ces temps orageux, y a-t-il une réserve d'optimisme nécessaire en République d'Arménie, non seulement pour parler de l'avenir, non seulement pour le concevoir, mais aussi pour mettre en œuvre cet avenir ? ». C'est sur cette question que le Premier ministre a ouvert, devant les députés mardi 18 avril, la présentation du bilan 2022 de son gouvernement.
Comme le laissait attendre l'intitulé de la séance du jour, Nikol Pashinyan y a répondu en mettant en avant ses indicateurs économiques, à commencer par celui de la construction, particulièrement favorable en 2022, « un processus en cours d'environ 55 000 appartements, environ 6% du parc de logements jamais créé dans l'histoire de la Troisième République d'Arménie ». Le dynamisme du secteur, la présence massive d'investisseurs et d'acheteurs, « non seulement des riches, traditionnellement, mais aussi la classe moyenne », ne pouvaient s'expliquer autrement, selon le Premier ministre, que par le fait que « les gens croient qu'il y aura la paix et qu'ils auront la possibilité de vivre heureux et de créer dans leur patrie ». Un signe de confiance et d'espoir, autrement dit, malgré une situation géopolitique régionale et internationale délétère.
Comme il fallait s'y attendre également, le discours a donc rapidement quitté les sphères économiques - il y reviendrait plus tard - pour gagner le champ politique.
Évoquant les espoirs de paix et de stabilité dans la région, Nikol Pashinyan a pris appui sur l'exemple des bonnes relations de l'Arménie avec la Géorgie et l'Iran - tout en soulignant le besoin de les approfondir davantage encore - pour envisager la possibilité de « relations réglementées » cette fois, avec l'Azerbaïdjan et la Turquie. Il y reconnaît néanmoins deux obstacles majeurs : la volonté réelle du régime de Bakou d'y parvenir et la capacité du peuple arménien, mise a très rude épreuve depuis la guerre des 44 jours, d'accepter « de mettre en œuvre pratiquement des solutions parfois douloureuses ».
Certain cependant de son soutien, « [les gens, NDLR], nous comprennent, sinon nous ne serions pas là », le Premier ministre est une nouvelle fois revenu sur la considération exclusivement arménienne, au sens strict de son territoire internationalement reconnu, des pourparlers avec l'Azerbaïdjan, seul préalable à une paix éventuelle et au développement avenir de la nation : « 29 800 kilomètres carrés, ceux de la République socialiste d'Arménie devenue indépendante en 199. […] Non seulement nous n'avons aucune revendication territoriale d'aucun autre pays, mais nous n'en aurons jamais ».
Le Premier ministre a déclaré en réponse aux députés sur le Haut-Karabagh, qu'il exprimait ses positions quant au règlement du conflit « depuis 2019. [...] Je n'ai pas de mandat légitime pour présenter cela, et ces positions ont été continuellement exprimées, tant que le statut actuel n'est pas enregistré, il ne peut être question du statut futur. […] Le bénéficiaire de l'avenir du Haut-Karabagh est le peuple du Haut-Karabagh. Il devrait avoir la possibilité de parler de son programme. Oui, nous devrions dire sécurité et droits, et au cours de ces conversations, nous n'avons jamais caché nos positions à nos collègues du Haut-Karabagh, ni au public ».
C'est de même en réponse à la question d'une députée de son parti, Sona Ghazaryan, que Nikol Pashinyan est revenu sur ses déclarations sur l'existence d'une "cinquième colonne' au sein de l'armée arménienne pendant la guerre des 44 jours. « Plus de 53 personnes, pour la plupart des militaires, des officiers, des officiers de haut rang, font face à des affaires de trahison d'État. Qu'est-ce que la trahison ? Ce sont des gens qui ont communiqué leurs positions à l'ennemi en échange d'argent. » Le Premier ministre a mentionné que pendant la guerre, l'un de ses proches lui avait rapporté les propos d'un officier supérieur estimant devant ses troupes qu'« il était inutile de se battre, le Premier ministre avait donné les terres ».
Une affaire pénale aurait été ouverte à cette occasion, « les processus dans le système judiciaire sont lents mais ils progressent » a encore affirmé Nikol Pashinyan, ajoutant que son gouvernement poursuivait « sincèrement » la lutte contre la corruption. « Notre objectif est d'avoir un système judiciaire véritablement indépendant. Il n'y a absolument aucune forme d' hypocrisie là-dedans ».