Nikol Pashinyan est aujourd'hui et demain à Moscou pour une série de rencontres avec les plus hautes autorités de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine en tête. Il s'était entretenu par téléphone dans la journée d'hier avec Charles Michel, président du Conseil de l'Europe, au sujet de l'octroi de financements européens concernant notamment la rénovation des voies de communication régionales. Par voie de presse, il réaffirmait dans le même temps l'inconditionnalité de l'intégrité territoriale arménienne.
Par Olivier Merlet
Dans un article du 18 avril, le journal en ligne Azatutyun revient sur le discours de Nikol Pashinyan prononcé devant l'Assemblée nationale le 13 avril dernier. En réponse a une demande de précisions émise par nos confrères, le cabinet du Premier ministre aurait répondu qu'effectivement, « oui », la mise en œuvre du corridor de Zangezour poserait la question de l'intégrité territoriale de l'Arménie, de même que la non-restitution de l'enclave arménienne d'Artsvashen située en territoire azerbaïdjanais à une dizaine de kilomètres des frontières de la province du Tavush à la pointe nord-ouest du lac Sevan.
Il y a moins d'une semaine, Nikol Pashinyan confirmait une nouvelle fois nouveau ses déclarations précédentes et celles de son ministre des Affaires étrangères quant à l'approbation de la "proposition en cinq points " soumise par la partie azerbaidjanaise comme principes à l'ouverture des pourparlers de paix entre les deux pays que l'on pensait engagés. « Elles n'ont rien d'inacceptable pour l'Arménie, d'autant plus que l'Arménie a reconnu de jure l'intégrité territoriale et l'inviolabilité des frontières de l'Azerbaïdjan en ratifiant l'Accord sur la création de la Communauté des États indépendants en 1992 » affirmait le Premier ministre, sans plus de détails.
Dans le contexte qui prévalait jusqu'alors, marqué par les annonces répétées de Bakou, reprises par la Turquie, de l'ouverture imminente du fameux corridor, les pressions internationales pour le rétablissement des voies de communication régionales et par ailleurs la poussée militaire des troupes azéries en territoire souverain arménien, on pensait l'Arménie surtout prête à d'énormes concessions à la table des négociations. Ce n'est pas un pavé dans la mare mais un énorme rocher que le Premier ministre vient de jeter. Alors que les premiers travaux pour la délimitation des frontières entre les deux États devaient débuter d'ici à la fin de ce mois, Nikol Pashinyan "relève la barre" des revendications sommes toutes tout à fait légitimes sur l'Arménie que l'Europe, surtout, et la Russie, lui ont demandé d'abaisser sur le Karabakh, selon ses propos.
Selon un communiqué de son bureau de presse, aucours de sa visite de travail, Nikol Pashinyan doit rencontrer les plus hautes sommités de la Fédération de Russie, a commencer par le premnier d'entre eux, le president Vladimir Poutine, mais aussi Mikhail Mishustin, le Premier ministre, Vyacheslav Volodine, le président de la Douma d'État russe et la présidente du Conseil de la Fédération de Russie, Valentina Matvienko.
Un peu plus tôt dans la journée, le cabinet de Nikol Pashinian communiquait le compte-rendu d'une conversation téléphonique avec Charles Michel, président du Conseil européen. Ce dernier aurait « réaffirmé l'engagement de l'Union Européenne à la pleine mise en œuvre du programme d'investissement pour l'Arménie et souligné l'importance de commencer la phase de mise en œuvre pratique des programmes dès que possible », programmes portant sur « l'allocation [NDLR : sous forme de prêts et de financements mixtes] de 2,6 milliards de dollars à l'Arménie dans le cadre du plan économique et d'investissement du Partenariat oriental de l'Union Européenne ».