Bruxelles et Washington : méthode Coué et cynisme à la veille du sommet de Chisinau

Actualité
31.05.2023

Alors que la tension entre Erevan et Bakou a connu un brusque et grave regain en début de semaine, Bruxelles et Washington, comme s'il s'agissait de remotiver toutes les parties à deux jours du rendez-vous semble-t-il désespéré de Chisinau ont adressé des messages quasi surréalistes en la circonstance et dont la teneur n'a pas manqué de surprendre.

Par Olivier Merlet

 

« Il est important de s'abstenir de positions extrémistes et de rechercher le dialogue. Après plus de 30 ans de conflit, les blessures ont besoin de temps pour cicatriser. Des décisions audacieuses sont nécessaires », twittait Charles Michel le 30 mai. La palme du cynisme est quand même revenue au département d'État américain dont le porte-parole, Matthew Miller, quelques heures après le président du Conseil de l'Europe saluait « l'engagement du premier ministre Pashinyan en faveur de la paix et [se félicitait] des récentes remarques du président Aliyev sur la possibilité d'une amnistie ».

Pour rappel, le 28 mai à Shushi, trois jours après les négociations de Moscou, le président azerbaidjanais avait tenu un discours particulièrement menaçant à l'encontre des Arméniens du Karabagh leur recommandant de « dissoudre le parlement et se soumettre aux lois de l'Azerbaïdjan  ».  Estimant de même que la démarcation de la frontière avec l'Arménie « devait avoir lieu sur la base des conditions de l'Azerbaïdjan et [qu'elle ne devait] pas oublier que les villages d'Arménie peuvent être vus de Latchine ».

Ce 31 mai en début d'après-midi , le ministère des Affaires étrangères a répondu à Washington en ces termes : « Il est impossible de ne pas remarquer que les déclarations faites par le président de l'Azerbaïdjan le 28 mai non seulement n'ont pas offert de solutions dignes aux problèmes […], mais contenaient également des menaces claires à la souveraineté et à l'indépendance de la République d'Arménie et au droit du peuple du Haut-Karabakh de vivre en sécurité et dans la dignité dans leur patrie, ce dont le parti arménien a à plusieurs reprises tiré la sonnette d'alarme.

Nous pensons que les États-Unis, sur la base de leurs propres valeurs professées de démocratie et de protection des droits de l'homme et de leur engagement et de leur implication dans l'établissement d'une paix durable dans la région, devraient répondre de manière adéquate à ces déclarations afin d'empêcher l'expansionnisme la politique des dirigeants azerbaïdjanais envers le territoire souverain de la République d'Arménie et les aspirations au nettoyage ethnique au Haut-Karabakh ».

Nikol Pashinyan est arrivé à Chisinau en fin d'après-midi. Il doit s'entretenir à deux reprises avec le président azerbaïdjanais, avec le président du Conseil européen, Charles Michel, puis sous la médiation de président français Emmanuel Macron et du chancelier allemand Olaf Scholz.