À l'heure ou l'Arménie exprime toutes ses aspirations à se rapprocher de l'Europe, l'essai théatral d'Hendrik Vos présenté par l'ambassade de Belgique a conquis le public d'Erevan, désireux de plonger dans l'histoire et les valeurs du continent européen.
Par Darya Jumel
Au cœur de cette performance se trouve Hendrik Vos, politologue belge passionné et narrateur talentueux, transformant son livre "Dit is Europa" en un spectacle vivant sur un accompagnement musical assuré par le célèbre violoncelliste néerlandais Frans Grapperhaus. Sur scène, Hendrik Vos narre avec dynamisme les étapes cruciales de l'unification européenne, depuis les premières tentatives de réconciliation après la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux défis contemporains auxquels l'union européenne est aujourd'hui confrontée. Avec un mélange d'humour, d'anecdotes et de perspectives historiques, il rend accessibles les complexités de la politique européenne à un public diversifié. La performance, visuelle, drôle, et émouvante est pleine d'espoir. Il y est question de paix et de guerre, d'anciennes frontières, d'amitiés et de rancœurs, et de miracles à venir !
L'Europe se trouve à une période charnière de son histoire, face à la montée des extrémismes et des conflits, de l'incertitude économique et d'importants enjeux transfrontaliers. Les valeurs fondamentales de paix sur le continent sont remises en question, laissant transparaître les ravages de la guerre au sein même de l'Europe. C'est dans ce contexte que le message de l'historien s'élève : il nous incite à comprendre les racines du passé pour édifier l'avenir. Invitant le public à une pause introspective, il pose la question essentielle : comment transmettre l'énergie nécessaire pour dépasser cette crise ? Face à toutes ces tragédies, le dilemme est là : faut-il observer ces événements avec détachement, les critiquer, les condamner, ou plutôt rendre hommage à la mémoire collective et accomplir son récit ?
L'auteur et interprète a choisi Erevan comme destination finale de sa tournée européenne. Cette représentation, organisée par l'ambassade de Belgique, s'inscrit aussi au cœur de l'actualité d'une Arménie qui exprime son souhait de rapprochement avec l'Europe. En effet, pour l'ambassadeur, Eric De Muynck, cette rencontre théatrale avait également pour objectif de permettre au public arménien de mieux comprendre comment la construction de l'Union européenne, souvent perçue comme un idéal, s'est en fait réalisée sur le long terme, au fil des siècles. Partageant ses idéaux de démocratie et des Droits de l'homme, le public arménien a justement apprécié, dans ce spectacle, la résonance de ses aspirations avec une Europe qui pourrait lui ressembler, le saluant d'un tonnerre d'applaudissements, élan passionné témoignant une fois de plus de l'attachement de l'Arménie à l'Europe.
Seul regret : parmi tous les pays et théâtres de tragédies humaines que cite l'auteur en fin de représentation - guerres, génocides, catastrophes naturelles malheureusement, beaucoup trop nombreuses - aucune mention n'est faite des récents événements du Kharabagh, de son conflit sanglant et de son épuration ethnique… Le public aurait certainement remarqué et apprécié cette attention tout autant que le spectacle…