De dolmas ou de khinkalis, de très nombreux touristes locaux et étrangers se sont régalés des spécialités arméniennes et géorgiennes au festival de cuisine traditionnelle "Mimino", qui se tenait ce week-end à Dilijan.
Par Olivier Merlet
Les cuisines géorgienne et arménienne sont-elles similaires ou très différentes ? À cette délicate question, Sedrak Mamulyan, président de l'association pour le "Développement et préservation des traditions culinaires arméniennes" reconnait qu'on ne peut pas « vivre côte à côte pendant des milliers d'années, communiquer, avoir des relations et être amis sans se prendre ou se donner quelque chose. La cuisine est basée sur les conditions climatiques, les produits de nature, le mode de vie, il y a forcément des similitudes. Nous mangeons les mêmes aliments et presque les mêmes condiments, nous aimons nous asseoir à table, porter des toasts, nous nous ressemblons aussi dans notre façon de manger ».
"Mimino", c'est bien sûr le célèbre film de Georgiy Daneliya, l'histoire au cinéma d'une complicité entre un pilote d'hélicoptère géorgien et un chauffeur routier arménien, incarnés à l'écran par Vakhtang Kikabidze et Mher - Frunzik - Mkrtchyan, dont la statue orne d'ailleurs un rond-point de Dilijan. Le festival en a tiré son nom et pour sa deuxième édition, "Mimino" a réuni plus de quarante exposants dont une douzaine venue de Géorgie, pour présenter, outre les spécialités culinaires et produits de leur régions respectives, des objets artisanaux et sur scène, des spectacles de musique et de danse exécutés par des groupes folkloriques des deux pays.
« Nous avons voulu montrer la comparabilité du patrimoine culturel des deux nations, les points communs qui constituent notre richesse commune et inviter un large public en un seul lieu pour qu'il puisse y gouter, parler de cuisine, de culture et contribuer au développement du tourisme », a également souligné Sedrak Mamulyan.
Nouvelle tentative de diplomatie culinaire ? Toujours est-il qu'en matière de cuisine, les cuisiniers des deux pays semblent presque parler la même langue. « J'ai entendu tellement de mots familiers ces jours-ci », raconte le chef géorgien Gogi Bazandarashvili, « vous dites "matsun", nous nous disons "matsoni". C'est la même préparation, mais son nom change et la façon de l'utiliser aussi. Vous dites « khash », nous nous disons "khashi". Il n'y a pas qu'une lettre qui change, c'est toute une culture qui est différente », explique-t-il.
Pour Levani Kobiashvili, président de l'Association des chefs de Géorgie, de même, les noms des plats arméniens et géorgiens sont proches et les ingrédients qui les composent aussi mais les goûts sont très différents. « J'aime la cuisine arménienne et je viens souvent ici, je goûte vos plats traditionnels. Vous avez des chefs merveilleux qui font des miracles ».
Car justement, si l'Arménie semble avoir "adopter" beaucoup de plats géorgiens et proposer même aux touristes qui la visite de nombreux restaurants géorgiens, la réciproque est rare. « Nous comprenons que l'ouverture d'un restaurant arménien est une question de désir et d'investissement, mais nous nous efforçons de faire en sorte qu'il y ait davantage de plats arméniens dans les restaurants de nos partenaires en Géorgie », a déclaré Sedrak Mamulyan
À terme, les organisateurs du festival souhaitent proposer aux touristes des circuits culturels et gastronomiques communs au cours desquels les gourmets découvriraient, de caves en restaurants, les vins et spécialités des deux pays.