Face aux récentes polémiques qui l'ont visée, Fly One Armenia, par la voix d'Aram Ananyan, son directeur, réagit aux critiques qui lui sont faites et assure en tirer toutes les conséquences pour améliorer un service souvent décrié depuis son ouverture.
Par Allan Branger et Olivier Merlet
Le 29 avril dernier, la compagnie aérienne arménienne Fly One se voyait interdire formellement le survol de la Turquie, rendant impossibles ses vols commerciaux vers les pays européens et impliquant une réorganisation immense de son planning. La compagnie fait face depuis à une succession de difficultés dont la gestion n'est pas sans poser de question.
Quelques jours plus tôt, le 24 avril, l’érection de la sculpture commémorative de l'opération Némésis à Erevan a été considérée comme une provocation par Ankara. La Turquie a alors décidé de fermer son espace aérien aux avions arméniens et ne l’a pas réouvert depuis. Les vols opérés depuis l'Arménie vers l'Europe, qui n'avaient d'autres alternatives du fait de la guerre en Ukraine et de sa large zone d’exclusion aérienne, ont dû être suspendus.
« Il en va de notre réputation de continuer à opérer ces vols »
« Dans ce type de situation, on reçoit un message Telegram qui nous dit que nous n’avons plus l’autorisation de voler. C’est à nous, ensuite, de se débrouiller et de trouver des solutions » affirme le directeur de Fly One. Le 29 avril, un avion de la compagnie reliant Paris à Erevan était en vol lorsque l'annonce est tombée. Il a été contraint de se poser à Chisinau, la capitale moldave, le temps de réaffréter un nouveau vol pour rejoindre l’Arménie. Aram Ananyan confirmait sur son compte Facebook le lendemain matin que les passagers avaient déjà pu rejoindre Erevan.
Selon lui, les vols à venir ne sont pas impactés : « Actuellement, notre seule préoccupation, c’est de permettre à nos passagers d’arriver chez eux, c’est pourquoi la compagnie effectuera tous ses vols comme prévu, en coopération avec des partenaires européens. ». Les détenteurs de billets pourront voyager comme prévu, le site internet de la compagnie reste d'ailleurs toujours ouvert à la réservation. Aram Ananyan explique que des arrangements appelés « accords de partage de code" » (ou "codeshare" en anglais), permettent à une compagnie aérienne, Fly One en l'occurrence, de commercialiser l’ensemble des sièges d’un avion appartenant à une société tierce pour opérer un voyage sous sa propre marque, selon ses propres conditions tarifaires et créer un numéro de vol dans sa propre nomenclature.
Pour l’unique compagnie aérienne arménienne autorisée à assurer des vols à destination des pays européens, l'enjeu est capital : « il en va de notre réputation de continuer à opérer ces vols. Nous utilisons tous les moyens à notre disposition afin de permettre à nos clients de voyager dans les meilleures conditions et en toute sécurité, malgré cette situation totalement indépendante de notre volonté ».
Le transporteur précise par ailleurs que l’interdiction concerne uniquement le transit vers l’Europe et non les vols à destination ou en provenance d'Istanbul qui continuent en revanche d’opérer normalement.
Le problème le plus important de Fly One Armenia
En 18 mois d'activité, la jeune compagnie accuse cependant un défaut d'image et de fiabilité quant à son programme de vols, retards et annulations sont en effet loin d'être exceptionnels. « Je suis moi-même un passager, et je comprends tout à fait nos voyageurs. Ce problème est l’un des plus importants de notre entreprise et nous en sommes conscient. Nous travaillons jour et nuit pour y remédier et heureusement, nous y arrivons de plus en plus. Ce ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir » assure, optimiste, le directeur.
Aram Ananyan affirme par ailleurs que la compagnie fait toujours de son mieux pour maintenir une communication positive avec les passagers lors de ces épisodes désagréables et se défend en déplorant un phénomène « malheureusement récurrent et imprévisible » auquel sont exposées la plupart des compagnies low-costs. « Évidemment, cela ne doit pas devenir une routine ! » s'empresse-t-il de préciser.
En Arménie la concurrence devient de plus en plus féroce dans les milieux du transport aérien. Fly One Armenia se doit de savoir adopter les bonnes solutions pour rester en tête de la course. Fly Arna, Armenian Airlines ou encore Air Dilijan... L'Arménie ne compte pas moins de six compagnies à exploiter ce secteur. Fly One continue de chercher à se démarquer tant bien que mal malgré les récents évènements. « C’est un terrain de compétition et nous ne sommes pas les seuls joueurs. Après les passagers, c'est nous qui sommes impactés ; directement ! Nous essayons donc de ne pas reporter sur d'autres nos propres responsabilités, de prendre en compte nos erreurs et de tout faire pour être les meilleurs. »
« On ne va quand même pas se tirer une balle dans le pied ! »
Une certaine presse en profite d'ailleurs - voire "est incitée à" - pour instrumentaliser ou monter en épingle des pratiques en cours dans le transport aérien peut être à même de surprendre un non-averti. Le 7 mai dernier, Fly One Armenia a ainsi dû modifier les références de l'un de ses vols pour Dubaï afin de se conformer aux autorisations régissant l'atterrissage dans l'Emirat. L'appareil a ainsi dû faire une escale imprévue à Shiraz, en Iran, le temps d'enregistrer ses nouvelles coordonnées et de refaire le plein de kérosène.
« On a rencontré un problème technique avec Dubaï qui a refusé que l'avion se pose », confirme Aram Ananyan. « L’avion a alors été contraint d’atterrir à l’aéroport le plus proche, celui de Shiraz en l’occurrence. Le temps de retard a été celui nécessaire pour dialoguer avec Dubaï et s’occuper des documents administratifs afin de continuer le voyage. Le numéro de vol a été changé avant de redécoller, il s’agit de la procédure en vigueur, la même que celle à laquelle sont d'ailleurs soumis nos vols vers l'Europe. Celui-ci était opéré par Mongolian Airways pour Fly One Armenia ».
Censé arriver à 13 h 10, l’avion a finalement atterri à l’aéroport de la capitale émiratie avec plus de six heures de retard. « Ce n’est pas l’assassinat de John F. Kennedy ! Je ne comprends pas le battage médiatique que cette affaire a provoqué. On ne va quand même pas se tirer une balle dans le pied !» s’exclame le responsable de la compagnie.
Un futur prometteur pour l’entreprise
Dans une lettre ouverte à Ararat News, Aram Ananyan affirme qu’une cabale serait organisée sur les réseaux sociaux dans le but de nuire à la compagnie aérienne. Au vu des récents évènements auquel la société fait face, il oppose son engagement et sa volonté de toujours faire mieux pour rendre l'entreprise compétitive à l’international, et ce, malgré des tentatives de l'en empêcher menées selon lui par les autorités politiques de pays voisins. « La compagnie aérienne Fly One Armenia, contrairement à beaucoup d'autres, ne se bat pas pour le rôle d'un jour sur le marché de l'aviation. Chacun de nous comprend très bien que les attentes du public de Fly One Armenia et les nôtres vont bien au-delà » a-t-il confié.
Pour l'avenir justement, la compagnie arménienne cherche à regarder vers le marché inbound du tourisme en Arménie. Elle souhaite à ce titre pouvoir rapidement développer une offre plus élaborée à destination des touristes venus de l'étranger.
« Il y a tellement de personnes de la diaspora qui ne connaissent pas l’Arménie », regrette Aram Ananyan, « nous voulons aider à changer la donne. Désormais, l’objectif et la stratégie de notre entreprise, c'est d’attirer les gens vers l’Arménie, et je ne parle pas que de la diaspora mais de tous ceux qui souhaitent venir en Arménie ». À ce sujet, le directeur de Fly One n'entend pas faire les choses à moitié et met en œuvre une politique de développement visant la mise en conformité de son entreprise aux normes de l'aviation civile européenne et pouvoir partout y poser et faire décoller librement tous ses avions. Selon lui, tous ces changements devraient être effectifs à l'horizon 2026.