Le discours au monde du président d'Artsakh

Région
24.05.2023

C'est par une véritable déclaration "urbi et orbi" que le président de la république d'Artsakh, Arayik Harutyunyan, a répondu le 23 mai aux propos tenus par Nikol Pashinyan, deux jours plus tôt.

 

C'est à la société civile arménienne dans son ensemble qu'Arayik Harutyunyan a souhaité adresser la première partie de sa longue et très solennelle allocution. Invitant tout d'abord ses « compatriotes d'Artsakh, […] à ne pas se décourager et à être prêts à continuer la lutte », il a salué la résolution adoptée la veille à l'unanimité par l'assemblée nationale du Karabagh « concernant les pensées exprimées par le Premier ministre de la République d'Arménie, Nikol Pashinyan ».  Le président a tenu à souligner que « toute déclaration ou document qui ignore la souveraineté de la République d'Artsakh, le droit à l'autodétermination de notre peuple et le fait de sa réalisation est inacceptable. L'Artsakh ne faisait pas et ne fera pas partie de l'Azerbaïdjan, car telle est la volonté de notre peuple qui a suffisamment de détermination pour défendre ses droits et ses intérêts ».

C'est vers le « peuple de la République d'Arménie » qu'Harayik Harutyunyan s'est ensuite tourné, l'exhortant à «prouver activement et de manière décisive que l'Artsakh ne peut pas être reconnu comme faisant partie de l'Azerbaïdjan et [qu'il] continue à soutenir cette pièce maitresse de la patrie arménienne unie ». Reconnaissant enfin « l'énorme potentiel [des compatriotes de la diaspora], en mesure d'assurer un succès sérieux face à des problèmes qui sont fatals pour la mère patrie »,  il a suggéré « d' exiger des mesures pratiques des gouvernements des pays dont ils sont citoyens, en vue de garantir le droit de l'Artsakh à l'autodétermination et à la sécurité ».

La deuxième partie du discours d'Harayik Harutyunyan était en revanche destinée a ses homologues politiques, les autorités et responsables de chaque partie prenante au conflit et à son règlement, ainsi qu'à « tous les acteurs de la communauté internationale ».

Intimant aux autorités de la République d'Arménie « de s'abstenir de toute action et déclaration visant à reconnaître l'Artsakh comme faisant partie de l'Azerbaïdjan », le président d'Artsakh a énoncé « des principes clairs et des lignes rouges dont nous jugeons les violations inacceptables et inadmissibles. Et reconnaître l'Artsakh comme faisant partie de l'Azerbaïdjan est l'une de ces lignes rouges. […] Le règlement des relations interétatiques arméno-azerbaïdjanaises ne peut avoir lieu dans une logique complètement distincte du conflit azerbaïdjano-karabakhtsi et au détriment des droits et intérêts vitaux du peuple d'Artsakh ».

Sur ce dernier point d'ailleurs, Arayik Hautyunyan a réclamé des autorités et du président de la Fédération de Russie d' « assurer les obligations assumées par la déclaration tripartite du 9 novembre, ouvrant le corridor de Latchine, éliminant tous les obstacles azerbaïdjanais, libérant les 120 000 personnes d'Artsakh des otages terroristes et d'empêcher les actions agressives azerbaïdjanaises contre le peuple d'Artsakh ».

Au peuple et aux autorités azerbaïdjanais : « de mettre fin à la haine et à la politique génocidaire envers le peuple d'Artsakh, d'être prêts à accepter véritablement le principe de l'égalité des peuples, le titre et les droits du peuple arménien natif d'Artsakh. Nous sommes prêts pour le dialogue, au règlement des conflits et à la paix, dans un format international, et sur la base des normes et principes du droit international, en particulier des droits des peuples à l'égalité et à l'autodétermination, au non-recours à la force ni à la menace de celle-ci et au règlement pacifique des différends et des principes d'intégrité territoriale ».

A la communauté internationale et au Conseil de sécurité de l'ONU en particulier, « de donner la priorité aux décisions de la Cour internationale de justice, de garantir la bonne mise en œuvre par l'Azerbaïdjan de la décision du 22 février, ainsi que la sécurité du peuple d'Artsakh en utilisant les outils nécessaires, conformément aux principes et objectifs des Nations Unies ».

Le président d'Artsakh a conclu son discours en revenant sur les problèmes intérieurs au territoire disputé et en évoquant la question de son maintien à la présidence : « Je ne suis pas du tout attaché au poste de président, mais dans l'intérêt de la sécurité du peuple de la République d'Artsakh, je suis prêt à coopérer avec toute force et individu capable. Au cours de mon activité j'ai essayé de tout faire pour que de tels phénomènes soient évalués comme des processus normaux caractéristiques des pays démocratiques. Mais, d'un autre côté, l'ordre constitutionnel stable en Artsakh, la solidarité intra-sociétale et l'esprit universel de lutte sont des valeurs non négociables, dont je suis le premier responsable de la protection ».