À la veille de la rencontre du chef d'État français et de ses homologues azerbaïdjanais et arménien au sommet de Chisinau, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône- Alpes a adressé une lettre à Emmanuel Macron lui demandant de tout mette en œuvre pour faire respecter les droits fondamentaux du peuple arménien d'Artsakh.
Monsieur le Président de la République,
Le 29 mars dernier, je me suis rendu en Arménie et à sa frontière, a l'entrée du corridor de Latchine, pour alerter la communauté internationale sur le sort des Arméniens d'Artsakh coupés du monde, sans nourriture et sans électricité depuis décembre 2022,
150 000 personnes prisonnières de leur enclave résistaient et gardaient confiance en leurs droits et leur intégrité. J'ai à cette occasion pu mesurer cette extrême violence, celle qui consiste à asphyxier un peuple pour !'obliger à quitter ses terres ancestrales. J'ai également pu saisir tout l'attachement de ces populations à notre pays et leur foi en notre capacite à agir.
Aujourd'hui pourtant, une déclaration semble, déjà, avoir scelle leur sort. La perspective de la signature d'un accord de paix fait peser sur ce territoire arménien le risque de son épuration ethnique en confiant son contrôle à l'Azerbaïdjan, pays ennemi.
Ce faisant, ce sont huit siècles d'histoire et de culture qui risquent, d'un trait de plume, de disparaitre. C'est !'existence même de ces 150 000 Arméniens livrés à leur bourreau dont il est aujourd'hui question.
L'amitié de la Région Auvergne-Rhône-Alpes avec l'Artsakh ne date pas de mars dernier. Déjà, en décembre 2019, les élus régionaux ont voté à l'unanimité un vœu qui réaffirmait le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes aux collectivités d'Artsakh au travers d'actions de coopération.
Plus récemment, le 21 octobre 2022, notre assemblée a voté un "nouvel appel de la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour un règlement définitif du conflit du Haut-Karabagh et la reconnaissance internationale du Haut-Karabagh" après que l'Azerbaïdjan ait bombardé plusieurs villes arméniennes situées à la frontière portant atteinte pour la première fois à l'intégrité territoriale d'un État souverain membre de !'Organisation des Nations Unies (ONU).
A la veille d'un acte diplomatique majeur, je veux être la voix de ceux qui aujourd'hui se sentent abandonnés et qui appellent la France à peser sur la scène européenne et internationale pour préserver l'intégrité et la sécurité des Arméniens d'Artsakh.
Je m'associe à leur appel et demande donc solennellement que la France mette tout en œuvre pour que les Droits fondamentaux du peuple arménien d'Artsakh, dont celui de se protéger, soient respectés.
Monsieur le Président de la République française, nous ne pouvons pas regarder ailleurs et risquer de bâtir une paix sur un cimetière d'innocents.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de ma très haute considération.