La Turquie jette de l’huile sur le feu à Nagorno-Karabakh

Région
04.10.2020

En septembre, L’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, a lancé une opération militaire afin de reconquérir le contrôle sur les territoires disputés de Nagorno-Karabakh.

Par Ahmad al Khaled, The Jerusalem Post, le 3 octobre 3 2020 

Dans les années récentes, la politique extérieure agressive inédite de la Turquie a affecté tous les pays se trouvant dans le cercle d’intérêt d’Ankara. Le conflit renouvelé dans le Haut Karabakh a été considéré par le président de la Turquie Recep Erdogan comme le nouveau but pour ses ambitions impérialistes, ce qui a été la raison pour que l’Etat souverain d’Arménie soit devenu le sujet des attaques turques. 

Le 27 septembre dernier, l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, a lancé une opération militaire afin de reconquérir le contrôle sur les territoires disputés de Nagorno-Karabakh. Le ministre des affaires étrangers turques Mevlut Cavusoglu a confirmé sur son compte Twitter la disponibilité de la Turquie à supporter Bakou et à combattre pour ses intérêts, en affirmant ainsi le principe « deux Etats, une nation ». Il a également fait appel à Arménie de retirer immédiatement ses troupes des territoires « occupés » de Karabakh. En même temps, les médias et ses réseaux sociaux ont commencé de diffuser d’information concernant le déploiement en Azerbaïdjan de l’équipement militaire turque et des mercenaires de Syrie et de Lybie.

Même avant le déclenchement des affrontements entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, le 19 septembre, les sources locales syriennes ont révélé que la Turquie a commencé de recruter des bénévoles à Afrin, en Syrie du Nord, pour leur envoi éventuel dans la zone de conflit. Des mercenaires ont suivi des entrainements dans des camps dans une ville turque appelée Gaziantep, et éventuellement, ont été transportés dans la capitale azerbaïdjanaise Bakou sous l’apparence des soldats turques.

Selon Flightradar24.com, l’avion turque a décollé d’aéroport Mitiga de Tripoli et a atterri à Bakou. Des experts militaires supposent que l’avion a transporté des groupements des mercenaires pro-turcs afin de participer dans les combats contre des forces militaires d’Arménie.

L’activité éventuelle des mercenaires syriens peut être suivie sur les réseaux régionaux et sur les médias sociaux. Des rapports montrent que plus des douzaines des combattants, la plupart d’entre eux venant des fractions pro-turques Ahrar al-Sharqiyah et Hamza Division, ont été tués pendant les combats dans le Haut Karabakh. Selon le journal The Guardian, les mercenaires syriens n’ont pas été prévenus du fait de participer au conflit comme force du combat, mais « se sont inscrits pour travailler comme des gardes-frontières en Azerbaïdjan.

Malgré les excuses des autorités turques et les déclarations faites par le président d’Azerbaïdjan Ilham Aliyev sur la non-immixtion de la Turquie dans le conflit de Haut Karabakh, il existe plusieures preuves d’ingérence directe d’Ankara. L’exemple le plus récent de la politique agressive de la Turquie était l’abattement d’avion Sukhoi SU-25 appartenant à l’armée de l’air arménienne par l’avion de chasse turc F-16. En plus, Ankara a intensifié l’appui à Bakou par des véhicules aériens sophistiqués « Bayraktar ».

L’objectif réel d’Erdogan dans le conflit du Haut Karabagh reste incertain, notamment étant donné que l’intervention de la Turquie peut déclencher l’implication de la Russie et d’une éventuelle escalade. C’est possible que dans le cas où les parties au conflit ne fassent pas de pas pratiques dans le but d’une résolution paisible et n’empêche pas l’interférence étrangère, le monde deviendra le témoin d’un nouveau conflit prolongé et de plusieurs victimes civiles.