La CEDH appelée à se prononcer sur le transfert du corps d'Helen Dadayan vers l'Artsakh

Région
06.09.2023

L'avocate internationale Siranush Sahakyan demande à la Cour Européenne des Droits de l'homme de prendre position à propos des obstacles dressés par l'Azerbaïdjan pour le transfert en Artsakh de la dépouille de la jeune Karabaghtsi.

Par Olivier Merlet

 

Le 14 août dernier lors d'un terrible accident de la circulation sur l'autoroute Gyumri-Erevan, Helen Dadayan, jeune arménienne d'Artsakh perdait la vie avec 11 autres passagers d'un minibus. Elle aurait fêté ses 21 ans il y a trois jours. Ses parents, n'ont pas été autorisés à faire rapatrier son corps à Shartar ou ils demeurent, ni à se rendre à l'unité de conservation des corps de Gyumri où la dépouille de la jeune fille repose toujours, dans l'attente d'une sépulture digne, chez elle et auprès des siens. Cela fait près d'un mois désormais

Malgré toutes les démarches de sa famille auprès des autorités russes aussi bien qu'arméniennes et les tentatives de médiation de la Croix-Rouge (CICR), l'administration azerbaïdjanaise ne veut rien entendre.  Un désaccord entre sur la formulation du document de transfert serait à l'origine de cette véritable tragédie. « Nous ne pouvons que réaffirmer que le Comité est prêt à remplir sa mission en faveur de la question humanitaire, mais la décision n'est pas entre nos mains, mais entre celles d'autres parties. Et en cas de désaccord d'une partie, nous ne pouvons pas mener à bien l'action", justifiait, il y a deux semaines, la chargée de presse du bureau du CICR à Erevan .

L'avocate internationale Siranush Sahakyan, présidente du Centre de droit international et comparé d'Arménie, renommée pour ses actions en faveur des prisonniers de guerre et de la défense des populations du Karabagh a annoncé hier sa décision de saisir la Cour Européenne des Droits de l'Homme au sujet de l'interdiction faite par l'Azerbaïdjan de transporter vers le Haut-Karabakh la dépouille d'Helen Dadayan.

« Les demandes de spécifier des toponymes azerbaïdjanais dans les documents ou de préciser que le corps est transporté non pas vers la République d'Artsakh, mais vers la République d'Azerbaïdjan comportent un caractère illégal. De plus, ces demandes ne sont pas adressées aux parents d'Hélène mais à l'État arménien: Ces questions sont intrinsèquement interétatiques et politiques et ne peuvent pas primer sur  la protection des droits de l'homme. Notre objectif, avec la participation de la Cour, est donc de présenter une demande à l'Azerbaïdjan pour assurer le transport du corps et son transfert à la famille pour l'enterrement, sans exigence politique ou autre », a précisé l'avocate. « Deux États tergiversent, le corps d'une jeune fille de 21 ans est toujours au réfrigérateur 3 semaines après son décès, c'est inacceptable» a-t-elle ajouté.

Le recours devait être adressé à la CEDH ce 5 septembre. Conformément à ses règles de fonctionnement, la Cour devrait faire connaître sa réponse dans un délai d'une semaine.