Lors de la réunion ministérielle du Forum des civilisations anciennes que l'Arménie présidé cette année, le 25 septembre, Ararat Mirzoyan a de nouveau alerté sur l'effacement systématique du patrimoine arménien du Kharabagh et « soutenu » le déploiement immédiat d'une mission d'experts indépendants de l'UNESCO.
Par Olivier Merlet
« Le patrimoine culturel arménien millénaire du Haut-Karabakh est menacé d’élimination imminente, suite au nettoyage ethnique de l’ensemble de sa population arménienne indigène. À cet égard, l'Arménie soutient fermement le déploiement immédiat d'une mission d'experts indépendants de l'UNESCO au Haut-Karabakh pour évaluer, documenter et protéger le patrimoine culturel arménien en voie de disparition ».
Peut-être le ministre des Affaires étrangères voulait-il ménager ses effets quelques heures avant son entretien, ce soir, avec son homologue azerbaïdjanais, Jeyhun Bayramov, toujours est-il qu'il s'est gardé d'« appeler » au déploiement d'une mission de l'UNESCO au Kharabagh pour préférer en exprimer le « soutien ferme » de l'Arménie.
Il faut dire que le sujet fâche à Bakou qui, depuis quatre ans bientôt, refuse catégoriquement l'accès du territoire d'Artsakh à une telle mission d'expertise. L'UNESCO elle-même ne semble pas y avoir démontré la plus grande volonté, ou du moins est-elle impuissante à le faire, et la communauté internationale fait surtout preuve de son inaction, dénoncée à plusieurs reprises par de nombreux médias dans le monde entier.
« Il convient de noter que la destruction, la profanation et l'appropriation délibérées et systématiques de sites et d'objets culturels et religieux arméniens représentent une violation directe de l'ordonnance juridiquement contraignante de la Cour internationale de Justice », a ajouté Ararat Mirzoyan. « [Cette cour] a ordonné à l'Azerbaïdjan de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir et punir actes de vandalisme et de profanation affectant le patrimoine culturel arménien, y compris, mais sans s'y limiter, les églises et autres lieux de culte, monuments, monuments, cimetières et artefacts ».
Le ministre a par ailleurs souligné que le monde est confronté à « des attaques croissantes contre le patrimoine et la diversité culturelle, au déni des identités et des racines historiques. Les faux récits culturels sont utilisés comme armes pour justifier les revendications territoriales et alimenter les conflits, compromettant ainsi la sécurité, la stabilité, le développement socio-économique et culturel des États touchés ».
Reconnaissant au Forum des civilisations anciennes « un potentiel important pour relever ces défis », Ararat Mirzoyan a invité ses homologues à « s'unir pour protéger et promouvoir [leur] patrimoine ancien » et à renforcer ses capacités, de même que celles de l'UNESCO ainsi que celles « d'autres parties prenantes clés dans la promotion d'une culture de paix, la lutte contre la xénophobie et l'intolérance pour le renforcement des capacités régionales en matière de protection du patrimoine ».
À l'issue de leur réunion, les participants au Forum des civilisations anciennes ont publié un communiqué conjoint. Leur 8ème réunion se tiendra à Erevan le 18 décembre prochain.
Déclaration intégrale du ministre des Affaires étrangères sous ce lien
