Paris inscrit l'Azerbaïdjan parmi les pays à éviter par ses ressortissants

Actualité
05.09.2024

Le 4 septembre, le ministère français des Affaires étrangères a émis un bulletin de mise en garde contre les risques d’arrestation et de détention arbitraire à l'intention des ressortissants français souhaitant se rendre en Azerbaïdjan.

Par Olivier Merlet

 

« Il est désormais déconseillé sauf raison impérative aux ressortissants français, y compris binationaux, de se rendre en Azerbaïdjan », alerte le Quai d'Orsay. « Qu’ils soient résidents ou de passage, ils s’exposent à un risque d’arrestation, de détention arbitraire et de jugement inéquitable. Ce risque peut concerner notamment les personnes effectuant une simple visite touristique, un voyage d’affaires. En cas d’arrestation ou de détention, le respect des droits fondamentaux n’est pas garanti ».

Le communiqué précise encore : « Tout ressortissant français arrêté s’expose à un placement en détention provisoire, ou une interdiction de sortie du territoire dont la durée peut s’étendre sur plusieurs mois ainsi qu'à de lourdes condamnations à des peines d’emprisonnement au terme de procès qui peuvent ne pas respecter les droits de la défense. En outre, il reste formellement déconseillé de se rendre dans les zones frontalières avec l’Arménie ainsi que dans les régions de l’ancien oblast autonome du Haut-Karabagh et des anciens districts adjacents ».

Les habitués du voyage savent qu'entre la prudence excessive couramment recommandée par les ambassades de tous pays et les risques effectivement encourus, la réalité du terrain est souvent différente. A s'en tenir, par exemple, à la carte d'Arménie publiée sur le site "France-diplomatie", le pays est intégralement place en zone de « vigilance renforcée », les voyageurs français ne devraient dépasser Eghegnadzor et se rendre dans le Syunik que sur « raison impérieuse ».

Le bulletin publié hier n'émane cependant pas d'une simple recommandations d'ambassade mais du gouvernement français lui-même. Sur fond de très vives tensions entre les deux pays, en raison notamment du soutien de Paris à Erevan, l'homme d'affaires français Martin Ryan a été arrêté à Bakou Le 4 décembre 2023, soupçonné d'espionnage au profit de la DGSE. Toujours incarcéré, il risque jusque 15 ans de prison, le Quai d'orsay dénonce une « détention arbitraire ». Le 2 avril dernier, Théo Clerc, se faisait arrêter après avoir "taggé" une rame du métro de Bakou avec deux complices, respectivement Australien et Néo-Zélandais. Tout comme en France, l'affaire relève bein sûr du pénal, mais alors que ses comparses ont été libérés et assignés à résidence à l'issue de leur garde à vue, le Français est lui toujours en prison, cinq mois après les faits et malgré le versement des dommages. Son procès se tiendra en deuxième audience le 10 septembre.

Hier, Bakou a bien sûr fermement condamné la note du Quai d'Orsay, la jugeant « partiale et sans fondement. […] La France témoigne de son intention de tendre davantage les relations avec l'Azerbaïdjan », a déclaré Aykhan Hajizade, porte-parole du ministère des Affaires étrangères d'Azerbaïdjan. Reprenant les termes institutionnalisés de la rhétorique anti-française de son gouvernement, le diplomate a de nouveau accusé la France de mener une « politique néocoloniale, de racisme, de discrimination, et d'islamophobie » et exigé « l'arrêt de la campagne de diffamation menée par la France contre l'Azerbaïdjan ».