La Belgique envoie en Arménie une voix forte et symbolique : la Reine Mathilde effectue une visite de travail du 13 au 15 octobre dans le cadre de sa mission en tant que Défenseure des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. Ces 17 objectifs mondiaux, adoptés en 2015, visent à éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir à chacun une vie digne d’ici 2030.
Par Any Paitjan (Civilnet)
Depuis plusieurs années, la Reine Mathilde met un accent particulier sur la dimension environnementale de cet agenda global. Elle soutient activement les initiatives liées à la préservation de la biodiversité, à la gestion durable des ressources naturelles et à la lutte contre le changement climatique. Dans de nombreuses interventions internationales, elle a rappelé que les enjeux écologiques ne sont pas des priorités isolées, mais bien le socle sur lequel reposent la santé, la prospérité et la stabilité des sociétés humaines. Cette approche holistique, qu’elle promeut désormais en Arménie, trouve un écho particulier dans un pays confronté à la raréfaction de l’eau, à la déforestation et aux effets visibles du réchauffement climatique sur ses écosystèmes montagnards.
Dès son arrivée, la Reine a été reçue par le président arménien Vahagn Khachaturyan au palais présidentiel d’Erevan. Le président a salué l’importance de cette visite pour l’Arménie, soulignant que le rôle de la souveraine dans la promotion des ODD revêt une portée particulière pour un pays engagé dans la réalisation de ces objectifs. La Reine Mathilde a, de son côté, exprimé sa reconnaissance pour l’accueil chaleureux reçu en Arménie et son admiration pour un pays « riche d’histoire, de culture et de résilience ». Lors de leur entretien, les deux parties ont évoqué les questions d’éducation, d’innovation et de coopération bilatérale, mais aussi les défis concrets liés à la mise en œuvre de l’Agenda 2030 — cadre de référence international qui regroupe l’ensemble des ODD.
L’éducation au cœur du message royal
Au deuxième jour de sa visite, la Reine Mathilde s’est rendue à l’Université d’État d’Erevan, la plus ancienne du pays, où elle a rencontré le corps professoral et les étudiants. Dans un discours largement salué, elle a rappelé que l’éducation est l’un des instruments les plus puissants pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, soulignant que l’ONU en a fait un pilier prioritaire du développement durable à atteindre d’ici 2030.
« L’éducation contribue au développement de notre individualité, mais c’est aussi le chemin le plus court vers un avenir professionnel brillant », a-t-elle déclaré, insistant sur la nécessité d’investir davantage dans la formation, la qualité de l’enseignement et l’accessibilité pour tous. Elle a également évoqué les défis contemporains auxquels sont confrontés les systèmes éducatifs, de la fracture numérique à la montée de l’intelligence artificielle. Selon elle, aucune machine ne peut remplacer la créativité, la pensée critique et la capacité humaine à apprendre par elle-même — des qualités qu’elle a qualifiées d’« essentielles pour construire une société libre et éclairée ».
La Reine a cité les propos du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, affirmant que « la technologie doit être notre serviteur, et non notre maître ». Elle a aussi insisté sur le rôle de l’éducation pour les filles et les femmes, la présentant comme un levier d’émancipation et de lutte contre les discriminations. « À chaque visite, je suis davantage convaincue que l’éducation est la clé qui peut donner un avenir meilleur à des milliards de personnes », a-t-elle confié, annonçant une prochaine visite dans un établissement préscolaire afin de rappeler que l’éducation commence dès les premières années de la vie.
La ministre arménienne de l’Éducation, Zhanna Andreasian, a salué cette visite comme « un grand honneur » pour l’université et pour le pays, soulignant la convergence entre les valeurs défendues par la Reine et les priorités éducatives de l’Arménie : inclusion, innovation et autonomisation des jeunes. De son côté, le recteur de l’Université d’État d’Erevan, Hovhannes Hovhannisyan, a présenté les récentes avancées de l’institution, affirmant son engagement à contribuer activement à la réalisation des ODD par l’éducation et la recherche.
Une visite sous le signe du dialogue et de la durabilité
Selon les annonces officielles, le programme de la Reine Mathilde comprend encore plusieurs étapes, notamment des rencontres avec les autorités arméniennes et des acteurs locaux engagés dans les domaines de l’environnement, de la santé et du développement social. Parmi les initiatives inscrites à l’agenda figurent la visite du TUMO Center for Creative Technologies, un espace phare dédié à l’apprentissage numérique et à la créativité des jeunes, ainsi qu’un jardin d’enfants spécialisé pour enfants à besoins éducatifs particuliers — un symbole fort d’inclusion sociale.
Si sa venue dans la région de Gegharkunik, autour du lac Sevan, reste annoncée mais non encore confirmée, la Reine Mathilde a clairement affiché son intérêt pour les projets de protection de la biodiversité et de reboisement, notamment avec l’ONG My Forest Armenia.
Au-delà du protocole, cette visite met en lumière la volonté de renforcer les liens entre la Belgique et l’Arménie autour de valeurs universelles.
