«Le gouvernement doit boycotter la COP29 en Azerbaïdjan et exiger la libération immédiate des otages arméniens»

Région
08.11.2024

FIGAROVOX/TRIBUNE : Dans une tribune collective, une trentaine de personnalités politiques de tous bords, dont Laurent Wauquiez et Anne Hidalgo, dénoncent la présence de la France à Bakou pour la COP29 qui débutera le 11 novembre.

 

Nous, signataires de cette pétition, appelons solennellement le gouvernement à soutenir une action forte et symbolique pour le boycott de la COP29, prévue à Bakou à partir du 11 novembre.

Qualifiée de honte par nombre d'élus siégeant sur tous les bancs du Parlement, la tenue de cette conférence ne doit pas servir à cautionner le régime autocratique, pollueur et corrupteur de l'Azerbaïdjan, ni encourager ses visées expansionnistes et déstabilisatrices. Or, à mesure que cette échéance écologique gratifiante sur le plan international approche, les autorités de cet État ne cessent de durcir le ton, tant vis-à-vis de leur opposition interne, que de l'Arménie voisine, en butte à une recrudescence des menaces sur son intégrité.

En attestent les rapports des ONG Human Rights Watch et Freedom Now qui ont dénoncé, le 8 octobre, les efforts des autorités pour «décimer la société civile». En témoigne également l'attitude d'Ilham Aliev, qui après avoir bafoué un à un tous les termes de l'accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020 et avoir perpétré contre le Haut-Karabakh un nettoyage ethnique en septembre 2023, élève en permanence son niveau d'exigence pour la signature d'une paix. Ainsi, le caractère prestigieux de cet événement produit l'inverse de l'effet escompté. Loin d'amener les autorités azerbaïdjanaises à de meilleurs sentiments, la COP29 semble au contraire les radicaliser, dans tous leurs excès.

Est-il possible de parler sérieusement d'écologie en restant sourd aux appels de tous les prisonniers politiques arbitrairement détenus et torturés à quelques centaines de mètres du lieu de la conférence ?

Dans ce contexte, les signataires de cet appel s'étonnent de la décision du gouvernement français d'avoir mandaté Agnès-Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, pour le représenter à Bakou. D'autant que deux Français sont détenus arbitrairement dans ce pays et que le Quai d'Orsay a lancé le 4 décembre une alerte sur son site internet afin de déconseiller aux ressortissants français de se rendre en Azerbaïdjan.

Cette décision d'être représenté à cette COP29 est d'autant plus contestable que l'ONG Human Rights Watch a révélé le 10 octobre dernier que l'accord entre le gouvernement azerbaïdjanais et la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), signée en août 2024, était «rempli de lacunes et d'ambiguïtés significatives» visant à imposer aux participants le «respect les lois azerbaïdjanaises» et la non-ingérence dans les «affaires intérieures» du pays. Ce qui les contraindra à observer un silence complice sur les exactions de cet État qui figure en queue de peloton dans tous les classements des ONG investies dans la défense des droits de l'homme.

Est-il possible de parler sérieusement d'écologie en restant sourd aux appels de tous les prisonniers politiques arbitrairement détenus et torturés (dont l'humaniste philanthrope Ruben Vardanyan et 22 autres otages arméniens) à quelques centaines de mètres du lieu de la conférence ? Les signataires de cet appel ne le croient pas. Ils invitent au contraire le gouvernement à envoyer un signal fort au régime Aliev en boycottant la COP29 et en prenant la tête d'une campagne internationale pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle des otages arméniens, le droit au retour sécurisé des 120.000 réfugiés du Haut-Karabakh, en application d'une décision de la CIJ, et le respect de l'intégrité territoriale de l'Arménie, dont il occupe militairement à ce jour plus de 200 km².

 

Les signataires :

Anne Hidalgo, maire (PS) de Paris ;

Ayda Hadizadeh, député (PS) du Val d'Oise ;

Charles de Courson, député (Les Centristes - le nouveau centre) de la Marne ;

Christine Pirès Baune, député (PS) du Puy-de-Dôme ;

Claude Kern, sénateur (UDI) du Bas-Rhin ;

Élisa Martin, député (LFI) de l'Isère ;

Emmanuel Grégoire, député (PS) de la 7e circonscription de Paris ;

François-Xavier Bellamy, député européen (LR) ;

Isabelle Santiago, député (PS) du Val-de-Marne ;

Laurent Panifous, député (LIOT) de l'Ariège ;

Laurent Wauquiez, député (LR) de Haute-Loire ;

Marianne Maximi, député (LFI) du Puy-de-Dôme ;

Martine Froger, député (LIOT) de l'Ariège ;

Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille ;

Michel Herbillon, député (LR) du Val-de-Marne ;

Olivier Faure, député (PS) de Seine-et-Marne ;

Patrick Karam, vice-président de la région Île-de-France ;

Pierre Ouzoulias, sénateur (PCF) des Hauts-de-Seine, vice-président du Sénat ;

Pierrick Courbon, député (PS) de la Loire ;

Rémi Féraud, sénateur (PS) de Paris ;

Renaud Muselier, président de la région Sud ;

René Rouquet, député maire honoraire ;

Sébastien Delogu, député (LFI) des Bouches du Rhône ;

Stéphane Ravier, sénateur (RN) des Bouches-du-Rhône ;

Sylvain Maillard, député (Ensemble) de Paris ;

Valérie Boyer, sénatrice (LR) des Bouches-du-Rhône ;

Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France ;

Yannick Jadot, sénateur (Les Écologistes) de Paris.