Marguerite Babayan et le souffle du "Paris bohème" au musée Komitas

Arménie francophone
03.10.2024

C’est en présence du Président de l’Assemblée nationale, Alen Simonyan, et de la ministre de l’Éducation et de la Culture, Zhanna Andreasyan, avec une traduction française en direct de son discours, que s’est ouverte le 26 septembre l’exposition "Rencontres parisiennes" au musée Komitas d'Erevan.

Par Ninon Brenans

Organisée par Marine Haroyan, conservatrice au Musée de la Littérature et des Arts d'Erevan, avec l’aide d’une équipe de chercheurs et de spécialistes, l’exposition met en lumière la vie et l’œuvre de Marguerite Babayan, pianiste et cantatrice de renommée, amie proche de Komitas. À l'occasion du 150ème anniversaire de Marguerite Babayan, et plus largement dans le cadre du 155 ème anniversaire de Komitas – qui sera célébré le 8 octobre prochain – des représentants de l’ambassade française, du ministère de l’Éducation, des Sciences, de la Culture et des Sports, ainsi que quelques invités privés et des journalistes, étaient présents.

Expliquant la nécessité d’ouvrir l’art à un public plus jeune, dans le cadre de l’année de la Culture, la ministre a insisté sur l’importance de faire des écoliers les relais du patrimoine arménien, et de l'héritage de Komitas. Ce sont plus de 150 documents d’archives et photographies provenant du Musée de la Littérature et des Arts Yeghishe Charents, trois toiles de la collection de la Galerie nationale d'Arménie, ainsi que des archives de la famille Laloy, descendante du beau-frère de Marguerite Babayan, qui viendront compléter la collection permanente du musée.

Centrée sur Marguerite Babayan, l’exposition met en lumière la vie, l'œuvre et les relations de cette pianiste, chanteuse, musicologue et pédagogue arménienne. « Au fur et à mesure que nous préparions l’exposition et faisions nos recherches, nous avons réalisé que son travail et sa vie étaient bien plus importants que ce que nous pensions, et qu’elle méritait plus de reconnaissance. Elle tisse un lien entre la musique arménienne et la bohème européenne », explique Lilith Harutyunyan, consultante et chercheuse au musée Komitas.

Véritable témoignage de la vie artistique et culturelle du Paris des années 1900, les "Rencontres parisiennes" rendent également hommage à l’effervescence et au dialogue interculturel que la ville favorisait alors. Claude Debussy, Romain Rolland, Maurice Ravel, Pierre Aubry, Louis Laloy, à travers de petits mots, billets et affiches, nous laissent entrevoir le fil de la vie de Babayan et deviner l’excellence de ses interprétations, qu’elles soient arméniennes, françaises, grecques, polonaises ou basques.

« L’ambassade de France a permis la concrétisation de cette exposition en organisant un voyage dans le Jura, auprès de la maison de la famille Laloy et de leurs archives », rappelle Lilith Harutyunyan. En effet, désignée non pas comme mécène mais comme collaboratrice par la commissaire de l’exposition, l’ambassade de France a permis de mettre en contact l’équipe avec la famille Laloy, facilitant ainsi la copie et la récupération d’archives précieuses pour mieux comprendre, au-delà de sa carrière, la vie personnelle de Babayan.

L’exposition illustre ainsi les liens profonds qui unissent, depuis le début du XXe siècle, Paris et Erevan, la France et l’Arménie, à travers l’art, la multiculturalité et l’excellence musicale. « J’espère qu’en quittant cette exposition, les visiteurs comprendront que Komitas et Babayan ont dédié leur vie aux Arméniens, à vous et à moi, par la transmission de la musique arménienne partout dans le monde. »