Le vice-ministre des Affaires étrangères Mnatsakan Safaryan a rappelé le 23 novembre l'importance des plateformes internationales dans les négociations pour un traite de paix avec l'Azerbaïdjan:
Par Olivier Merlet
« Nous avons mentionné à plusieurs reprises qu'il existe des questions pour lesquelles la présence de médiateurs est obligatoire », déclarait hier, 23 novembre, Mnatsakan Safaryan , vice-ministre des Affaires étrangères à sa sortie de la session hebdomadaire du gouvernement. « La question des droits de la population déplacée de force est en ce moment soulevée par l'Arménie. Il existe dans cette affaire ainsi que dans d'autres domaines, des mécanismes internationaux constituent des garanties très importantes », a-t-il justifié
Il s'agissait en quelques sorte d'une première réponse officielle du gouvernement au président azerbaidjanais qui se prononçait, le week-end dernier, favorable à la tenue de pourparlers directs avec l'Arménie. Ilham Aliyev, rejetant toute médiation américaine ou européenne avec la participation de la France, avait proposé à l'organisation d'une rencontre en ce sens à la frontière, uniquement bilatérale.
Dans un souci de conciliation, Erevan avait publié le 22 novembre une déclaration par laquelle l'Arménie confirmait son intention de participer à une telle réunion, à la frontière effectivement, mais pour y discuter de leur démarcation, au niveau des commissions constituées en ce sens ainsi qu'il en avait déjà été le cas par le passé. Un refus non-dit de négociations directes et bilatérales sur le traité de paix pour échapper à la pression imposée par Bakou dans le contexte de la détérioration de ses relations avec l'Occident.
Convenir de ce nouveau format souhaité par l'Azerbaïdjan et excluant toute participation internationale serait en effet très périlleux pour l'Arménie. Les principes obtenus "au forceps" au cours des longues négociations précédentes, dument rappelés et mis en exergue dans le texte de la déclaration du 22 novembre pourraient en effet tout simplement être annulés en raison de ce changement de format. La porte serait alors ouverte aux exigences de Bakou les moins acceptables ainsi qu'à une interprétation tout à fait subjective des termes retenus, l'un des principaux griefs reproché aux accords du 9 novembre 2020.
Ainsi que le rappelle à demi-mots seulement le vice-ministre des Affaires étrangères, sans garanties internationales sérieuses, sans regard extérieur, quel accord pourrait garantir une paix effective et durable au Sud-Caucase.