Bakou reconnaitrait la souveraineté arménienne sur le Zanghezur… Jusqu’où ?

Opinions
17.10.2023

Dans des propos rapportés par le service russe de la BBC, Elchin Amirbekov, ambassadeur extraordinaire et porte-parole du président azerbaïdjanais chargé des missions spéciales, reconnaît la souveraineté arménienne sur les territoires du Syunik. Un universitaire de Bakou tempère ses déclarations.

 

S’exprimant sur la question du couloir du Zanghezur, le diplomate azerbaïdjanais a rejeté les craintes arméniennes d’être contrainte à abandonner tout contrôle sur cette voie qui traverserait son territoire. « Nous reconnaissons qu'il s'agit du territoire souverain de l'Arménie. Mais il est important pour nous de savoir comment l'autre partie assurera la sécurité du trafic le long du corridor», note-t-il, ajoutant : « Nous avons besoin de garanties fiables pour la sécurité de chaque passager qui monte à bord d'un train reliant la partie principale de l'Azerbaïdjan au Nakhitchevan ou vice versa ».

Confirmant par ailleurs les récentes déclarations de son gouvernement, Elchin Amirbekov rappelle que l’Azerbaïdjan serait également prête à construire une route alternative passant par le territoire iranien en cas de blocage des négociations avec Erevan.

Dans ce même article de la BBC, Altay Goyushov, professeur d’histoire turque à l’université de Bakou estime toutefois qu’ « avec l’Iran, tout n’est pas si simple. Téhéran résiste aujourd’hui activement à la perspective de construire le corridor de Zanghezur sur son territoire. Ils ne veulent pas d’un nouveau renforcement de la Turquie qui modifierait la situation géopolitique dans une direction défavorable à l’Iran ».

Pour l’universitaire, les négociations sur le corridor de Zanghezur marqueront l’indicateur des véritables intentions d’Aliyev dans la région. « Si Bakou accepte de permettre aux agences gouvernementales arméniennes d'opérer dans le couloir de Zanghezur - par exemple, les gardes-frontières, les douanes - cela sera un indicateur de l'attitude pacifique des dirigeants azerbaïdjanais. Mais si Bakou commence à insister sur l’extraterritorialité, il lui faudra alors une nouvelle raison potentielle pour lancer la prochaine opération militaire ».