Birthright Armenia œuvre depuis près de 20 ans pour encourager les Arméniens de la diaspora qui ont entre 21 et 32 ans à venir découvrir leur pays. Accueillant des centaines de volontaires chaque année, cette ONG a pour mission principale de les faire revenir vivre chez eux.
Par Allan Branger
Sur une population estimée à 12 millions de personnes, seuls 2,9 millions d’Arméniens, officiellement, résident dans leur pays dont le dépeuplement se confirme inexorablement. Birthright Armenia s'est donné pour objectif d’inverser la tendance. Créée en 2004 par Edele Hovnanian, cette ONG permet aux Arméniens du monde entier de venir travailler bénévolement en Arménie pour une durée comprise entre neuf semaines et un an. Billets d’avion pris en charge, insertion en famille d’accueil, activités touristiques, tout est mis en place pour que les volontaires se sentent ... comme chez eux. D’où le principal objet de Birthright Armenia, celui d'inciter les Arméniens de la diaspora à venir ou revenir vivre dans leur pays.
“Devenir une pièce de puzzle du futur de l’Arménie”
À son ouverture, l'ONG avait limité son champ d'action à la seule ville d'Erevan et accueillait bon an mal an de vingt à trente volontaires. En 2022, l’association a accueilli plus de deux cents bénévoles et en ce moment même, ils sont une cinquantaine en provenance du Koweït, de la Russie, de la France ou encore de l’Uruguay à être présent non seulement dans la capitale mais également à Gyumri et à Vanadzor. Birthright Armenia ne fait pas qu’accueillir et loger les volontaires : deux fois par semaine, des cours d’Arméniens sont dispensés pour ceux qui ne parleraient pas la langue et chaque week-end, des excursions touristiques sont organisés. « Ces visites permettent aux volontaires de se rapprocher de leurs racines. On leur montre ce qui leur appartient, leur patrimoine, leur culture » déclare Sevan Kabakian, le directeur régional de l’association.
Mais surtout, sur place, chaque bénévole travaille trente heures par semaine dans une entreprise qui correspond à son parcours respectif ou à ses attentes professionnelles. « L'objectif n'est pas d'offrir un séjour d'agrément aux volontaires et qu’ils tournent la page une fois rentrés chez eux. Notre but est qu’ils aient l’envie de rester pour développer le pays, qu’ils se demandent “Pourquoi ne pas juste essayer ?” et qu’ils souhaitent devenir l’une des pièces du puzzle du futur de l’Arménie. »
“Maintenant, j’ai envie de faire ma vie ici ! “
Faye est originaire d’une famille arménienne à New York. Elle souhaitait découvrir ses origines et en faire perdurer la tradition, à commencer par le voyage en Arménie. Bénévole depuis bientôt un mois à Gyumri, elle confie « j’ai choisi Gyumri pour être dépaysée et vivre une authentique expérience arménienne. Je suis heureuse ici, mais je dois avouer que New York me manque. Trois mois de bénévolat, c’est assez pour moi ». Plusieurs jeunes Arméniens, comme elle, ont décidé de tout quitter pour réaliser cette expérience. Martoun vient de Marseille, il y entraîne l’équipe de foot du quartier de Noailles. Lui non plus n’est pas encore certain de voir son futur en Arménie « je reste jusqu’à la fin de l’été en tant qu'entraîneur et volontaire. Pour l’instant, j'adore ce que je fais ici, mais je ne sais pas encore si je reviendrai pour y vivre ».
L’ONG a contribué à convaincre douze pourcent de ses participants de revenir vivre dans leur pays. Parmi eux, se trouve l’actuel chargé de communication de Birthright Armenia, Alan Torossian. « Ici, j’ai eu des opportunités que je n’aurai jamais imaginé possible en France. Si aujourd'hui j'ai rejoint l’association, c’est parce que j’ai envie de transmettre aux Arméniens de la diaspora ce que moi j’ai ressenti en étant bénévole. Je me sentais à ma place, chez moi. » Alan a décidé de quitter Lyon en 2022 pour s’installer en Arménie, cela va bientôt faire plus d’un an qu’il vit à Erevan. « On fait découvrir l’Arménie aux volontaires de façon à ce qu'ils voient tout ce que leur pays peut leur offrir, qu’ils l’aiment et qu’ils aient envie d'y rester » déclare-t-il.
Il semble qu'il ait en partie réussi à communiquer cette envie à Erik, un Arménien venu des Etats-Unis qui a trouvé sa place dans le domaine de la tech à Erevan. Il se dit certain de rester en Arménie : « je suis venu avec Birthright Armenia, car je souhaite participer au développement de mon pays. Et maintenant, j’ai envie de faire ma vie ici ! »
Fonder une meilleure Arménie
Malgré une moyenne d'âge de 24 à 26 ans des participants, le directeur régional de Birthright Armenia affirme : « Il y a encore trop de jeunes arméniens dans la diaspora qui ne connaissent pas ce programme et c’est pourquoi nous essayons d’utiliser toutes les plateformes pour diffuser cette initiative ». L’ONG organise régulièrement des réunions en ligne pour faire découvrir ses programmes de volontariat aux communautés arméniennes du monde entier. Comptant aussi sur le bouche à oreille, Sevan Kabakian mise également sur le retour d'expérience dont les volontaires ne manqueront pas de faire part autour d'eux une fois rentrés : « on veut leur prouver qu’ils ont eu raison d’avoir confiance en nous et que c’était la bonne décision. Si on arrive à relever ce défi, alors ils en parleront autour d’eux et cela encouragera d’autres Arméniens à franchir le pas. »
Évoquant la pérennité de l'association, Sevan confie attendre encore plus de volontaires, plus d’engagement et plus d’impact afin de pouvoir fonder « une meilleure Arménie ».