Le chef du gouvernement annonçait récemment sa décision de retirer la garde des frontières de l'Arménie aux soldats d'active des forces armées arméniennes et de la rendre aux services réguliers des garde-frontières, comme leur nom l'indique justement. Alvina Aghababyan, responsable de recherche stratégique, co-fondatrice et directrice du Centre arménien d'études stratégiques a réagi sur sa page Facebook en publiant ce billet.
« Avec la remise [des territoires, NDLR] de l'Artsakh, la ligne de front arméno-azerbaïdjanaise actuelle a au moins doublé. Elle est extrêmement fragmentée, traverse des terrains montagneux et forestiers, ce qui rend extrêmement difficile son observation, son contrôle et l'organisation de la défense de la ligne de front. L'avancée de l'ennemi dans Nerkin Hand, Jermuk et d'autres zones a montré que cette dernière présentait des centaines de mètres de zones abandonnées, non gardées et que nous ne pouvons tout simplement pas contrôler car nous n'avons pas construit ni équipé ces zones de fortifications.
Ce n'est un secret pour personne que le potentiel du personnel des gardes-frontières nationaux est bien inférieur à celui de notre armée. Par conséquent, lorsque nous retirons l'armée de la ligne de front et la remplaçons par des gardes-frontières, nous augmentons la vulnérabilité de la ligne de front.
En règle générale, les gardes-frontières, contrairement aux soldats des Forces armées, effectuent leur service armés principalement d'armes à feu légères, et ne sont pas équipés d'armes lourdes de défense de première ligne. On suppose qu'en cas d'attaque de l'ennemi, les gardes-frontières portent le premier coup jusqu'à ce que les unités des forces armées soient amenées de l'arrière à la ligne de front dans un délai imparti.
Dans notre cas, lorsqu'il y a d'un côté des gardes-frontières et de l'autre un ennemi armé jusqu'aux dents qui alimente sans cesse la ligne de front de nouvelles forces, si ce dernier décide de passer à l'attaque, même s'il ne fallait qu'une heure pour que nos troupes rejoignent la ligne de front par l'arrière, l'ennemi profitera de cette heure pour avancer de manière significative, surtout dans la section de Syunik, où sa partie la plus étroite ne compte que 26 km d'une frontière à l'autre [NDLR : de l'Azerbaïdjan au Nord au Nakhitchevan au Sud]. Cette "avancée significative" peut être fatale.
Aliyev a déclaré plus d'une fois que l'Arménie ne devrait pas avoir d'armée. L'Arménie, sans armée sur le front, aura la guerre, pas une coexistence pacifique avec l'Azerbaïdjan, car elle deviendra ce morceau savoureux et facile à avaler que l'ennemi dévorera sans réfléchir.
Ce n'est pas un théorème démontrable, c'est un axiome éprouvé. »