Dans un entretien du 3 février avec Dimitry Kiselev, le directeur de "RIA Novosti", Sergei Lavrov s'exprime sur le conflit ukrainien et la perception de la position russe à l'étranger. Le chef de la diplomatie du Kremlin évoque aussi le Caucase, en termes on ne peut plus clairs. L'article est intitulé : « Je suis pour la paix, définitivement ».
Par Olivier Merlet
« Dans la déclaration d'Alma-Ata, il est dit que les frontières entre les nouveaux États indépendants passeront le long des frontières administratives des républiques fédérées de l'Union soviétique, y compris, bien sûr, celles de l'Arménie et de la République socialiste soviétique d'Azerbaïdjan, république qui comprenait la région autonome du Haut-Karabakh.»
Sergei Lavrov répondait en fait à la question du journaliste qui lui demandait pourquoi la Russie ne faisait pas appel à l'Organisation du Traité de sécurité collective pour se défendre contre ce qu'elle considère comme une attaque de l'OTAN à son encontre, par le biais de l'Ukraine. Il a bien sur assuré qu'elle résoudrait elle-même tous ses problèmes, sans avoir à solliciter les autres pays membres de l'OTSC.
L'occasion était trop belle pour le ministre des Affaires étrangères russes de ne pas faire le parallèle avec la situation dans le Caucase et de justifier l'absence des bons offices de l'OTSC dans la région, car non désirés par Erevan, tant qu'ils ne sont pas précédés d'une condamnation claire et sans équivoque de l'Azerbaïdjan. Lavrov a ainsi réaffirmé une nouvelle fois que deux jours seulement suffiraient au déploiement d'une opération de maintien de la paix sous l'égide de l'Organisation, si l'Arménie en faisait la demande.
Pour lui, ceci dit, le peu d'empressement de certains pays membres à intervenir au Caucase, allusion faite, sans doute, aux propos du président biélorusse Lukashenko concernant Ilham Aliyev, n'est pas dû au à la volonté de protéger et soutenir quelqu'un, « mais juste parce que l'histoire de toute cette guerre du Karabakh remonte à des décennies ».
Sergeï Lavrov n'a pas hésité à enfoncer le clou en considérant que « pendant de très nombreuses années, l'Arménie a occupé sept régions autour de l'Azerbaïdjan. Puis, alors qu'elle cherchait désespérément déjà, à résoudre les problèmes par des moyens politiques - et que la Russie a proposé de nombreuses options que les dirigeants arméniens précédents n'avaient pas perçus de manière très positive, voulant conserver ces territoires qu'ils n'avaient jamais revendiqué - ici, après tout, l'Azerbaïdjan s'est lui-même restitué les terres qui lui appartiennent.»
Le document signé par l'Arménie et l'Azerbaïdjan, ainsi que par l'Union européenne indiquant leur disposition à conclure un traité de paix dans les conditions énoncées dans la déclaration d'Alma-Ata de décembre 1991, rend «difficile de décider d'autres étapes ».