La cérémonie de remise des prix aux films en compétition clôturait, hier dimanche, le 19 e Festival international du film d’Erevan, l'Abricot d’Or, « prologue à la 20e édition », annonçait son fondateur, Harutyun Khatchatryan.
Par Lusine Abgaryan
Dans le concours international des longs métrages, Return to Dust (le retour des hirondelles) du réalisateur chinois Li Ruijun remporte l'Abricot d'Or. L’histoire d’un mariage arrangé, entre deux êtres méprisés par leurs familles. Entre eux, la timidité fait place à l’affection, autour d’eux, la vie rurale se désagrège. En arrière-plan se dessine un problème familier de la Chine rurale : la soif vorace des autorités de défricher des terres et d'alimenter davantage encore le développement urbain. … Li Ruijun capte à merveille toutes les énergies contraires qui composent la société rurale de la Chine contemporaine pour en faire un réquisitoire fort, beau et violent à la fois. Return to Dust (le retour des hirondelles) est sans doute le film chinois les plus remarquables du circuit des festivals cette année, salué par le jury de l'Abricot d'Or comme une réalisation extraordinaire.
Return to Dust devance le film d'animation de la réalisatrice arménienne Inna Sahakyan, Aurora’s Sunrise, l'épopée d'Aurora Mardiganian, jeune miraculée du génocide arménien en 1915, réfugiée aux Etats-Unis et devenue star du muet, le temps d'un seul rôle et d'un seul film sur sa propre histoire (Auction of Souls adaptation de Ravished Armenia). Aurora’s Sunrise avait été présenté en première internationale au festival d'Annecy en juin dernier.
Sonne de Kurdwin Ayub remporte le premier prix de la categorie Panorama régional et Subtotals de Mohammadreza Farzad pour les courts-metrages.
Deux prix spéciaux ont également été attribués. Le film Korean Delicacy de Hambardzoum Hambardzoumyan a reçu le prix spécial "Genadi Melkonian" en tant que meilleur court métrage arménien et le prix 'Promise" du meilleur film humanitaire a été décerné à A house made of splinters, film documentaire où la caméra du réalisateur Simon Lereng Wilmont suit tranquillement la vie des enfants ukrainiens les moins fortunés de l'asile de Lysychansk.
Terry George, scénariste irlandais doublement nominé aux Oscars et couronné réalisateur du meilleur court métrage de cette cérémonie en 2012 présidait le jury de la compétition internationale des longs métrages. Lors de la cérémonie de la clôture, il a exprimé sa gratitude aux organisateurs du festival pour l’accueil qui lui avait été réservé, promettant de revenir : « Je remercie les membres du jury, qui m’ont redonné la foi en l’art. Ils m’ont rempli en tant que simple américain, avec de nouvelles idées ».
La projection, Invisible Republic de Garin Hovannisian clôturait le 19e festival. Réalisé à partir du carnet tenu pendant 44 jours de guerre par la journaliste et photographe Lika Zakaryan, le fim a permis à son réalisateur de revenir en détails sur de nombreuses facettes du conflit et d'aborder plusieurs couches de ce drame. S'adressant aux spectateurs présents, et leur demandant de se lever pour honorer la mémoire des soldats il a voulu rendre hommage à tous les témoins de la guerre: « Levez-vous, ceux qui ont participé à cette guerre récente, ceux qui ont participé à la première guerre d’Artsakh, ceux qui ont perdu leurs soldats, ceux qui ont hébergé des enfants d’Artsakh pendant la guerre, les combattants de tout front, journalistes et diplomates, réalisateurs et tous ceux qui lutté pour la connaissance et la reconnaissance, qui ont milité pour la cause du Haut-Karabagh auprès des instances internationales ».
C'est une salle debout qui a ensuite écouté les propos de Lika Zakaryan, l'auteur des carnets venue parler d’Artsakh, cette "république invisible". « Nous ne sommes pas les seuls au monde à être invisibles. Que ce film soit dédié à tous ceux à qui la parole échappe. Que la parole de tous les peuples soit entendue », conclut-elle.
Du 10 au 17 juillet, Erevan a été l’épicentre mondial du cinéma, présentant au public des films venus de tous horizons et ayant concourus dans les festivals les plus connus. Cet événement phare annuel dans la vie culturelle d’Arménie poursuit son chemin au rendez-vous d’une édition spéciale, celle de son 20e anniversaire.
Classement du 19e Festival International du film d’Erevan :
Catégorie longs métrages :
Abricot d’Or : Return to Dust de Li Ruijun
Abricot d’Argent : Aurora’s Sunrise d’Inna Sahakyan,
Mention spéciale : Unrest de Cyril Schäublin.
Catégorie Panorama régional
Abricot d’Or : Sonne Kurdwin Ayub,
Abricot d’Argent : The Apple Day de Mahmoud Ghaffari ( prix FIPRESCI).
Mention spéciale : Rojek de Zaynê Akyol.
Courts métrages :
Abricot d’Or : Subtotals de Mohammadreza Farzad.
Abricot d’Argent : The Dead will understand. Ana Jegnaradze et Marita Tevzadze
Mention spéciale : Night d’Ahmad Saleh.