Un grand festival de musique, le CAMERATA FEST, a été organisé à Erevan pour soutenir les victimes de la guerre en Ukraine et en Artsakh.
Selon le stéréotype répandu, ce sont principalement des informaticiens, des spécialistes de l'industrie informatique, qui viennent de Russie à Erevan. Bien entendu, ce n'est pas le cas. Dans la vague d'émigration du temps de guerre, une variété de personnes, et en particulier à Erevan, par coïncidence, il y avait beaucoup de musiciens de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Il n'y a pas de stars ou de leaders de hit-parade parmi eux, ce sont surtout des musiciens de club indépendants qui n'aiment pas le régime, n'aiment pas la guerre, et surtout le fait qu'on ne peut pas chanter et dire ce qu'on veut.
Pendant environ un mois, les discussions ont porté sur le fait que « nous voulons jouer, mais nous ne savons pas où ni comment l'organiser à Erevan ». Quel genre de musique y a-t-il, d'ailleurs ? Quel genre de personnes sont là ? À quoi ressemble la communauté locale ?
Au désir de jouer et de socialiser se superpose celui d'aider les personnes touchées par la guerre déclenchée par la Russie. Avant tout, les réfugiés ukrainiens. C'est ainsi qu'est née l'idée de Camerata, une association artistique reliant des musiciens, des artistes, des performeurs et d'autres artistes de différents pays.
« Camerata » est composé de quatre producteurs indépendants de Moscou qui ont décidé de créer un nouvel environnement culturel en exil. Spécifiquement russe-arménien. C'est pourquoi la programmation du festival est composée à 50/50 de Russes et d'Arméniens. Et les objectifs sont également internationaux. L'un des organisateurs, Denis, raconte : « Nous distribuerons les bénéfices du festival de cette manière : 25% pour l'Artsakh, 25% pour les volontaires en Ukraine qui sauvent les animaux abandonnés et 50% pour les volontaires qui aident les civils dans les zones de guerre ».
Le festival est non seulement international, mais aussi multigenre. La musique allait du rock garage, du grunge, du folk-rock arménien et de la techno à l'électronique et aux chansons acoustiques. Tout cela peut se résumer en un seul mot : indie. Il s'agit d'un festival de musique indépendante.
Les genres ont été divisés en jours de festival. Le 1er jour a été consacré à la musique electronique est s'est déroulé au club Fermata. Kirill Gorodny, un homme plein de charme à la barbe et à la moustache flamboyantes, ancien musicien du célèbre groupe moscovite Pasos, a assuré la première partie. Et dès le début de sa prestation, il était clair que le festival était un succès. Il y avait un grand public, y compris des Arméniens, et un accueil très chaleureux. Devant le club, il y a une grande foule de gens qui fument, discutent, plaisantent et rient. C'est le moscow style, c'est comme ça que c'était à Moscou. La fille aux cheveux verts a dit : « Presque comme à la maison, à Mutabora ou à Punkfiction ».
Denis commente : « Nous n'avons pas été trompés quand on nous a dit que la techno et l'électronique étaient populaires à Erevan. Le rock est un peu moins développé ici, mais l'électronique et le jazz sont très demandés. Nous pensons déjà à faire du prochain événement un événement jazz ».
Le deuxième jour était une journée de musique rock et était organisé par le bar Bak75. Le concert a commencé par une performance du jeune groupe arménien Bipolars, une étoile montante du grunge d'Erevan. Ils montaient sur scène comme si c'était la dernière fois, et le public a apprécié. Après le concert, j'ai parlé à Hayk et Ruben, le frontman et le bassiste du groupe. Leur motivation est exactement la même que celle de la Camerata : rencontrer de nouvelles personnes, jouer et écouter de la bonne musique, et aider les personnes dans le besoin.
Après Bipolars, la scène a été reprise par deux groupes russes, formés déjà en exil. L'un était appelé Lâches, l'autre Traîtres. « Lâches et traîtres » est une liste de proscription bien connue publiée sur le web par le soi-disant « Comité de salut national » pour stigmatiser et faire honte à ceux qui sont partis. Ceux qui ne soutiennent pas la guerre sont à leurs yeux des traîtres ou au moins des lâches.
Dans le genre, c'est de la musique noise, dans l'esprit, c'est du punk absolu. C'est lugubre en russe, avec des paroles sombres en russe. Je me souviens de la phrase : « Je marche dans la solitude ». Et un spectacle brillant, dans la lignée de Peter Mamonov.
Denis parle des autres participants au festival : « Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de préciser au public arménien qui sont Rozen Tal et Bambir (nous avons fait jouer leur projet parallèle Fix). Bambir est, à mon sens, plus ou moins le principal groupe arménien, ils jouent depuis 1978, ce sont de véritables stars ».
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
« Des amis moscovites nous ont donné le contact d'un promoteur local qui faisait venir ici Napalm Death, Sepultura et d'autres musiques lourdes. C'était un point d'entrée, il nous a présenté aux autres. Des gens très sympathiques et pleins d'entrain.
Et le point culminant du festival, une journée acoustique à la bibliothèque Mirzoyan, rue Mher Mkrtchyan. Ils ont joué dans la cour avec plus d'une centaine d'auditeurs, les balcons étaient pleins, et l'arcade côté rue était également pleine ».
Le choix de petites salles est dû à la prudence des organisateurs. Après tout, ils ne font que leurs premiers pas à Erevan.
La tête d'affiche du jour, Arseniy Krestitel, un groupe connu dans des cercles restreints, a eu un succès à Erevan qu'il n'a pas toujours eu à Moscou. La raison en est simple : ce sont ces cercles étroits qui ont émigré de Russie après le début de la guerre. Des personnes qui connaissent par cœur les chansons d'Arseniy et celles d'autres musiciens sont venues. Le public le plus fidèle et le plus reconnaissant.
Si vous n'avez pas assisté au festival, mais que vous souhaitez également participer à la collecte de fonds, suivez ce lien : https://www.donationalerts.com/r/camerata.
Source : aliqmedia.am