Une certaine confusion régnait hier soir, dimanche 27 mars, quant à la situation exacte sur le terrain, suite à l'incursion des forces armées azerbaidjanaises dans deux villages de la région d'Askeran, près de la frontière d'Aghdam au Karabakh jeudi dernier.
Par Olivier Merlet
Des échanges de communiqués contradictoires relayés sur les réseaux sociaux se sont succédés, en fin d'après-midi dimanche 27 mars, quant aux positions des belligérants sur les hauteurs de cette région montagneuse. Sur le réseau Telegram tout d'abord, des messages ont annoncé la prise de contrôle totale par la force d'interposition russe du village de Parukh et de la colline de et Karaglukh, objectif stratégique, semble-t-il, de la percée azerbaidjanaise des derniers jours. La nouvelle était d'ailleurs confirmée officiellement, peu après par le ministère de la défense de la fédération de Russie puis par le centre d'information d'Artsakh sur sa page Facebook, précisant toutefois que l'armée azerbaïdjanaise n'avait toujours pas rejoint ses positions de départ. Le communique de Moscou tenait l'armée azerbaïdjanaise pour clairement responsable de deux cas de violation du régime de cessez-le-feu..
En début de soirée toutefois, le ministère de la défense azerbaidjanais réfutait ces informations « qui ne sont pas le reflet de la réalité […], les positions et les lieux de déploiement sont en cours de clarification ». Il arguait que ses forces avaient dû répliquer dans la matinée a une « tentative de sabotage » par « des membres de détachements armés arméniens illégaux ». En des termes peu consensuels, le communiqué de Bakou rappelait également au ministère russe de la défense qu'« il n'existe pas d'unité administrative et territoriale appelée "Haut-Karabakh" » et qu'il « ne doit en aucun cas utiliser ce terme ».
Selon les habitants des villages concernés, la situation semble s'être calmée, mais les femmes, les enfants et les personnes âgées évacuées jeudi ne sont pas encore revenus au village.
En complément de ce que nous annoncions vendredi, l'armée azerbaïdjanaise a aussi eu recours lors des combats à des tirs d'artillerie et à l'utilisation de quatre drones de type Bayraktar. Ils ont causé la mort de trois soldats arméniens et fait quatorze blessés.
En marge de ces affrontements, le dossier du gaz, dont l'approvisionnement est toujours coupé depuis le 9 mars, fait lui aussi l'objet d'une bataille de communiqués. Les médias azerbaidjanais, le 27 mars, avait largement repris l'annonce par la société "Azerigaz" de la reprise de la distribution en gaz naturel du Haut-Karabakh à compter du mardi 29 mars. Reprenant à leur tour un communiqué d'"Artsakhgaz", en charge de la maintenance du gazoduc, les autorités de Stepanakert ont réagi en qualifiant cette déclaration de fausse et provocatrice : « Le gaz naturel n'entre sur le territoire de la République d'Artsakh que par un seul gazoduc depuis le territoire de la République d'Arménie, et la société d'approvisionnement en gaz est "Gazprom Armenia" CJSC (il s'agit d'une filiale à 100% de " Gazprom" OJSC). La réception et la distribution du gaz naturel du gazoduc mentionné à ses clients sont effectuées par "Artsakhgaz" CJSC. Par conséquent, la société pétrolière d'État azerbaïdjanaise SOCAR mentionnée dans le message ou sa filiale "Azerigaz" ne peuvent rien avoir à voir avec le processus d'approvisionnement en gaz de la République d'Artsakh. C'est tout simplement techniquement et géographiquement impossible ».
En fin de semaine dernière, la France et les Nations-Unies ont chacune de leur cote fait part de leurs inquiétudes quant à cette nouvelle montée des tensions la situation humanitaire Nagorny-Karabakh. Le ministère français des affaires étrangères confirme « rester en contact permanent avec l’Arménie et à l’Azerbaïdjan pour promouvoir le dialogue et des avancées sur les différents sujets en discussion. »