Cheminement vers le marché du travail : la professionnalisation réussie selon l’UFAR

Complément spécial UFAR
Date: 
26.05.2021

L’Université française en Arménie, dont la mission est de créer des jeunes dirigeants intègres, responsables, ouverts sur le monde pour l’Arménie et en Arménie, met à disposition de ses étudiants tout un système composé d’éléments fondateurs qui contribuent à leur professionnalisation et à l’insertion professionnelle à la sortie de l’Université et souvent même durant les études. La professionnalisation intégrée au sein des valeurs primordiales de l’UFAR favorise la forte demande des étudiants parmi les sociétés arméniennes et le grand taux d’employabilité de ses diplômés.

Nous avons discuté du sujet de professionnalisation en tant qu’un élément de différenciation clé de l’UFAR avec le recteur, prof. Bertrand Venard et Asya Movsisyan, responsable du service Développement et relations entreprises, ainsi que deux anciennes étudiantes, Mariam Torosyan et Anzhela Movsisyan, qui ont témoigné de leurs histoires de réussite. 

Propos recueillis par Luciné Abgarian

La professionnalisation est un véritable élément de différenciation de l’UFAR. Quels sont les ingrédients du succès et les recettes qui fonctionnent ?

Bertrand Venard : À l’UFAR on a une stratégie qui est fondée sur la différenciation et la montée en gamme. On a une exigence continuelle d’augmentation de qualité, qui passe notamment par des investissements dans le campus : communication, qualité des cours, développement de notre programme, etc․ Les 4 éléments de différenciation sont la féminisation, l’intégrité, l’ouverture sur le monde et la professionnalisation. Cela fait 20 ans déjà que l’UFAR réussit dans ces domaines. Les orientations stratégiques mises en évidence en 2020 sont fondées sur les forces préexistantes qui se nourrissent les uns des autres.

Bertrand Venard

Ainsi au niveau de la professionnalisation, nos cours sont conçus et évoluent en fonction du développement du marché. On interroge les entreprises pour savoir leurs besoins puis on met cela « en musique » au niveau de l’enseignement. L’aspect de l’analyse et de la conception des programmes par rapport aux besoins des marchés est primordial.

Un autre élément que j’aimerais souligner, c’est que beaucoup de nos enseignants sont des professionnels. Récemment, quand nous avons remis des prix à trois enseignants pour l’excellence de leurs cours, il y avait parmi eux un juge, c’est-à-dire qu’il enseigne la matière qu’il pratique continuellement.

Nous avons des exemples réels où l’enseignement est fondé sur le cas d’une entreprise. C’est très fréquent notamment dans les sciences de gestion, mais également en droit et en informatique. Il y a aussi des projets industriels dans lesquels les étudiants participent aux projets réalisés par des entreprises, qui les suivent. Cela permet aux étudiants de travailler sur des situations réelles et devenir très professionnels. Nous avons également des stages obligatoires, et pour un certain nombre d’entre eux, ils se font à l’étranger.

La particularité, notamment dans les programmes de Master, est aussi d’avoir des cours qui n’ont lieu que le soir, donc les étudiants travaillent dans la journée et il y a cette « alternance» entre le travail et la théorie ou des pratiques théorisées. De manière continuelle, l’étudiant fait naturellement le passage du profil professionnel à l’enseignement. C’est un point important qui permet une très forte professionnalisation.

Nous avons aussi, et c’est fondamental, un service du « Développement et relations entreprises », qui tutore, forme, suit les étudiants de manière à les aider dans leur professionnalisation avec un fil continu, qui est le projet professionnel. L’aide ponctuelle peut être technique, mais ce qui guide toute la carrière de l’étudiant à l’UFAR, c’est cette idée d’un projet qui n’est pas simplement un projet estudiantin, mais professionnel, qui se construit lors des études à l’UFAR.

Asya Movsisyan : Nos enseignants-intervenants sont aussi des professionnels et une fois qu’ils enseignent à nos étudiants, ils deviennent également nos employeurs. Selon nos statistiques, près de 10 % de nos anciens étudiants ont été recrutés par des enseignants-intervenants, ce qui est à la fois gagnant pour les étudiants et pour les enseignants.

Asya Movsisyan

 

Bertrand Venard : Il y a aussi le contraire, car souvent, les gens qui ont dans leurs équipes des personnes de l’UFAR et qui les considèrent étant de bonne qualité, souhaitent enseigner pour pouvoir repérer les bonnes personnes à recruter. C’est la démarche complètement inverse, et nous acceptons la demande si cette personne a des compétences à donner à notre université.

- Comment vous développez les rapports avec les entreprises ? Comment vous choisissez des entreprises cibles ?

Asya Movsisyan : Chaque année, nous avons des forums des entreprises qui sont particulièrement appréciés des étudiants et des entreprises. Mais actuellement, nous avons plus de 60 entreprises qui viennent participer à notre forum. Nous limitons le nombre d’entreprise afin qu’elles puissent établir des discussions fructueuses avec nos étudiants et diplômés.

Il faut aussi remarquer qu’une fois que les étudiants de l’UFAR découvrent le monde professionnel, ils deviennent nos ambassadeurs auprès des employeurs. Puis nos étudiants deviennent nos employeurs. Si on passe devant les stands des participants des forums des entreprises, la moitié sont nos anciens étudiants qui sont devenus des employeurs.

Actuellement, c’est surtout les entreprises qui viennent nous faire des propositions de coopération sur différents sujets, sur différents projets à mettre en place avec nos étudiants, et parmi nos partenaires figurent les top contribuables de l’Arménie. Nous avons, en même temps, des entreprises qui ont quelques milliers d’employés et des entreprises qui sont nouvellement créées.

Bertrand Venard : Une université de qualité comme l’UFAR ne peut pas vivre sans l’écoute et l’analyse des marchés et des entreprises. Nous devons les rencontrer, discuter avec eux afin de comprendre les enjeux communs. À partir du moment où l’on a cette démarche d’écoute, ces relations sont également bâties en fonction de leurs besoins. Si une entreprise nécessite de bons informaticiens spécialistes de l’Intelligence Artificielle, on va justement proposer une nouvelle formation dans ce domaine.  Si une autre entreprise recherche de bons juristes intègres qui parlent 4 langues, dont le français et l’anglais, ils seront à la bonne porte à l’UFAR. Donc, notre posture dans le développement des relations avec les entreprises est celle d’écoute et de flexibilité, nous réfléchissons à ce que nous pouvons coconstruire avec une entreprise et c’est une démarche organique. L’UFAR sait s’adapter en fonction des besoins qui sont exprimés et cela permet de construire des relations de longue durée. A titre d’exemple, je peux mentionner la relation que nous avons bâtie l’année dernière avec la société SoftConstruct avec un partenariat de 5 ans. Notre philosophie est de faire en sorte que dans 5 ans, cette entreprise se dise, et c’est déjà le cas maintenant, qu’il faut prolonger ce partenariat. Avec SoftConstruct, nous avons plusieurs projets de collaboration, dont le financement de recherche scientifique, des actions de communication commune, des possibilités de stages, un projet industriel en informatique, etc.

Il convient de rappeler, que l’UFAR forme des jeunes hommes et des jeunes femmes pour l’Arménie. Parmi les 2500 anciens que nous avons, la très grande majorité est en Arménie et ils sont dans tous les secteurs d’activité.

 

- Comment préparez-vous les étudiants à intégrer le monde du travail ? Quels sont les cheminements des étudiants vers l’insertion professionnelle.

Asya Movsisyan : A partir de la troisième année, nous avons un cours qui s’appelle « Projet personnel et professionnel ». C’est un cours en français, qui est obligatoire pour tous les étudiants. Ce cours est dispensé dans toutes les facultés.

Tout d’abord, nous faisons pour chaque étudiant un bilan personnel, une analyse de personnalité. Ensuite, après avoir fait des tests d’orientation professionnelle, nous faisons un bilan professionnel. Nous visitons aussi des entreprises, qui sont surtout nos employeurs.

Ce cours permet aux étudiants de découvrir également le monde professionnel réel et de voir les possibilités offertes par le marché d’emploi arménien. Les étudiants rencontrent également les responsables des ressources humaines, afin de se renseigner sur les démarches à entreprendre pour un stage ou un emploi dans cette entreprise, ou encore, sur les avantages qui sont proposés aux employés, etc.

À partir de 4e année, nos étudiants ont des stages obligatoires dans des entreprises arméniennes ou à l’étranger, notamment en France, en Belgique, en Suisse, au Canada, en Russie, aux Etats-Unis, en Allemagne. Les étudiants sont libres à trouver des stages également dans d’autres pays.

Bertrand Venard : La capacité de l’insertion professionnelle des étudiants est aussi développée par l’« Accélérateur 28 ». Cet accélérateur a comme vocation de développer l’esprit d’entrepreneuriat de tous nos étudiants. Cela se passe par des tuteurs et dans des conférences inspirantes, qui leur permettent de réfléchir d’une manière assez créative. Cet été, par exemple, on va avoir une conférence sur la créativité donnée par un Français d’origine arménienne qui est un chorégraphe.

Un autre élément qui est particulier à l’UFAR, c’est la résistance au stress, parce qu’on a un rythme de travail très soutenu. On a, par exemple, des régimes d’examens qui sont très exigeants, et ce qui fait que les étudiants ont un apprentissage de la résistance au stress parce qu’il y a ce niveau d’ambition qu’on essaie de remettre sur eux. En même temps, il y a la rapidité d’exécution. C’est-à-dire que les étudiants se retrouvent avec énormément de travail. Le moteur d’impulsion et d’énergie est vraiment particulier à l’UFAR, le personnel et les étudiants sont dans la même dynamique. C’est l’institution qui est en train de distiller de manière tout à fait virtuose cette capacité de rapidité d’exécution.

Le dernier point, qui est vraiment propre à nous, c’est cette compétence de la flexibilité intellectuelle. On acquiert cela par différents moyens, aussi à travers les 80 professeurs qui viennent de l’étranger chaque année. D’ailleurs, en 2020, 92 % des primo entrants ne parlaient pas le français. Embrigadés à l’UFAR pour 4 ou 6 ans, ils vont en même temps apprendre une expertise professionnelle, le français et ils vont approfondir leurs connaissances en langues. Et au bout de deux ans, ils doivent être capables de suivre des cours de spécialité en langue française, alors qu’au départ, ils n’en parlaient pas un mot. Cela demande un énorme investissement. Et ce n’est pas seulement la langue qui nous intéresse, c’est l’énorme flexibilité que cela génère chez nos jeunes, parce que cette exigence linguistique, elle va rejaillir partout.

Résultat : nos étudiants font des carrières extrêmement rapides, avec toutes les qualités qui peuvent engranger de manière pérenne, et c’est une confrontation de 4 à 6 ans à cette dynamique qui génère toutes ces qualités.

Asya Movsisyan : Concernant les langues, les anciens étudiants disent souvent que c’est un avantage de parler le français. Notamment pour les étudiants de marketing, qui vont faire des études de marché plus tard, le français les aide à s’ouvrir aux sources francophones. Même si en Arménie le nombre d’entreprises où la langue de travail est le français est limité, maîtriser cette langue est un avantage.

 

- Est-ce que l’UFAR développe également les compétences comportementales des étudiants, dont, par exemple, la gestion du temps, la prise de parole en public, le travail d’équipe, la gestion de conflits, etc. ?

Asya Movsisyan : Les compétences viennent d’une manière très naturelle. En ce qui concerne par exemple la gestion du temps, ils l’acquièrent en gérant les 4 ou 5 examens qu’ils ont à passer dans une même semaine. Nos employeurs soulignent également que nos étudiants sont polyvalents. Ils n’ont pas peur d’apprendre de nouvelles choses, ils sont multitâches.

Bertrand Venard : Comme les stages sont obligatoires et souvent les étudiants travaillent en parallèle, ils sont dans un apprentissage naturel de compétences. Certains travaillent en équipe pour les présentations orales, gestion de conflits, etc. C’est exercé et testé en permanence pendant toute leur scolarité, et la mise en pratique des compétences est faite de manière permanente en situations réelles avec les stages, les projets industriels, les présentations de travaux dans toutes les matières.

Il faut que le syllabus soit fait en fonction de la demande du marché. Bien évidemment, les entreprises demandent aussi des compétences comportementales, et nous sommes obligés de nous positionner aussi par rapport à cela, ne serait-ce que pour les langues, qui font partie de l’alchimie de l’UFAR, même si nous ne sommes pas une université linguistique.

Cette flexibilité apporte d’autres compétences, ce qui est une très grande richesse. Ce qui m’emplit d’une très grande fierté, ce sont les employeurs qui nous demandent à recruter les étudiants de l’UFAR.

Témoignages des diplômées :

Mariam Torosyan, Directrice et fondatrice de Safe You,

Anzhela Movsisyan, Responsable de l’apprentissage et du développement de Armenia National SDG Innovation Lab, l’initiative conjointe du Gouvernement Arménien et l’Organisation des Nations Unies

 

Comment l'UFAR vous avait préparée à l’intégration au marché du travail et comment vous a-t-elle accompagnée vers l'insertion professionnelle ?

Mariam Torosyan : L’excellente approche de l'UFAR fait de nous des employés hautement adaptables. Mais je crois aussi que l’UFAR nous prépare non seulement pour le marché du travail, mais aussi pour notre société en général. L’université sert d’espace où nous découvrons nos meilleures compétences, ce qui à son tour a un impact positif sur la société, et dans les domaines dans lesquels nous travaillons en tant que professionnels.

Mariam Torosyan

J’ai commencé ma carrière en tant que juriste, et maintenant je suis une entrepreneuse sociale et maître de conférences, et lors de mon parcours professionnel, j’ai appliqué ce que j’ai appris à l’UFAR, et cette étudiante en moi n’arrêtera jamais d’apprendre dans un monde qui change si vite. C’est ce que j’appelle la capacité de s’adapter et de faire partie du développement et de la transformation du marché.

Anzhela Movsisyan : Les processus éducatifs de l’UFAR sont étroitement liés aux exigences réelles du marché grâce aux professeurs. Les enseignants, en tant que spécialistes actifs dans les domaines qu’ils enseignent, sont capables de transférer à l’étudiant les connaissances pratiques, l’expérience, grâce auxquelles l’étudiant a une idée réelle du marché et il est capable de trouver rapidement sa place dans le marché plus tard.

Anzhela Movsisyan

Bien sûr, il y a aussi des stages professionnels auxquels l’université accorde beaucoup d’attention. Il était intéressant pour moi d’étudier à la Faculté de gestion, mais ayant un grand intérêt pour l’administration publique, l’université a pu faire correspondre mon stage à mes intérêts : mon stage en France était axé sur l’administration publique. Les stages de l’UFAR, étant organisés professionnellement, ciblés par l’étudiant, faisant partie intégrante du processus éducatif, donnent l’occasion de connecter vraiment l’éducation et le marché du travail.

Grâce aux efforts que fait l’UFAR pour nous préparer au marché du travail dans le processus éducatif, nous pouvons noter les succès des anciens diplômés, la bonne réputation sur le marché, qui accompagnent plus tard tous les ufariens. L’employeur qui voit déjà le nom de l’université a une certaine idée de la qualité que le diplômé peut offrir. Dans énormement d’entreprises en Arménie, j’ai entendu l’expression « nous recherchons un employé de l’UFAR », et je pense que c’est un grand succès pour les diplômés de l’université, en tant que communauté déjà établie avec sa propre place sur le marché.

 

Quel atout vous a particulièrement donné la formation faite à l'UFAR ? 

Mariam Torosyan :Tout d’abord, c’est la profonde connaissance du fait que tout est possible et réalisable avec des efforts significatifs et dévoués, une responsabilité personnelle et une capacité de travail d’équipe.
Deuxièmement et le plus important, les amis que j’ai faits à UFAR sont pour la vie et je suis sûre que je ne pourrais pas rencontrer ces amis ailleurs qu’à l’UFAR, car nous partageons les mêmes valeurs, la même vision et en tant qu’équipe, nous avons beaucoup à faire pour l’Arménie.
L’UFAR nous a appris la pensée critique, elle nous a appris à apprendre, et c’est la chose la plus précieuse que nous pratiquons chaque jour.

 

Anzhela Movsisyan : Une caractéristique très importante de l’UFAR pour moi est le fait de donner à l’étudiant la capacité d’apprendre, d’introduire une culture d’auto-éducation active. Particulièrement aujourd’hui, lorsque les connaissances deviennent très rapidement obsolètes, la capacité d’apprendre à rester compétitif sur le marché, en particulier d’apprendre rapidement, distingue le spécialiste. Je me souviens d’un des professeurs de langues, qui disait que ce que nous apprenons aujourd’hui est important, mais notre succès sera déterminé par notre capacité à nous éduquer, à nous développer continuellement.

L’UFAR vous donne également la possibilité de travailler sur plusieurs priorités à la fois. Vous avez peut-être entendu parler de notre emploi du temps chargé, en fait, il est très similaire à notre agenda de vie professionnelle.

C’était surtout un avantage pour moi d’apprendre à penser en différentes langues à l’UFAR, à prendre en compte les particularités culturelles au travail, je considère que c’est la base de toute coopération internationale réussie.

Je me souviens particulièrement des cours de français, car ils étaient toujours pleins de nuances culturelles. Je pense que la combinaison de connaissances professionnelles et de caractéristiques culturelles rend le processus d’apprentissage non seulement plus intéressant et plus agréable, mais contribue également à l’élargissement des horizons de l’étudiant, ce qui fait de lui un bon professionnel et une personne à l’esprit flexible, consciente de sa place et de sa responsabilité dans la société.