Avec plus de 200 journées ensoleillées par an, l’Arménie pourrait utiliser à fond les bienfaits de l’énergie solaire, économiquement et écologiquement parlant. Conscient de ces ressources inexploitées, le Fonds arménien de France a initié un projet qui prévoit l’équipement en panneaux solaires de 59 structures publiques dans la région de Lori - mairies, écoles, centres culturels, etc -, mais aussi un volet pédagogique, confié à la fondation KASA.
La composante pédagogique du projet est destinée d’abord aux enseignants qui, une fois formés au développement durable - matière encore absente des programmes scolaires en Arménie -, pourront transmettre leurs savoirs pendant plusieurs années aux élèves.
Hermine Hovhannissian fait partie des 36 professeures sélectionnées à Vanadzor et à Alaverdi pour participer au projet. «La ville de Vanadzor et son entourage retrouvent leur couleur verte, perdue dans les années 1990 à cause de la coupe massive d’arbres, mais les espaces verts ne sont pas le seul problème de notre communauté», note-t-elle, en ajoutant: «Nous avons la chance de ne pas avoir de problème d’eau potable dans notre pays, mais ces ressources ne sont pas inépuisables!».
Les formations présentielles, l’étude des matériaux sur la plateforme en ligne de KASA et le travail avec les experts en éducation lui ont permis de mieux saisir l’urgence des problèmes écologiques à l’échelle planétaire: «Tout échange donne lieu à de nouvelles idées; je me rends compte qu’il y a encore beaucoup de choses à faire, malgré mes 32 années d’expérience».
Immédiatement après la première formation, Mme Hovhannissian a pris l’initiative de constituer un groupe d’étudiants actifs. Ils vont sensibiliser l’ensemble des élèves de l’école au sujet des objectifs de développement durable des Nations Unies à travers diverses initiatives qui appliquent, en plus, les méthodes d’éducation non formelle utilisées dans le cadre du projet.
Nelli Petrossian, professeure des sciences de la nature à Vanadzor, a participé à beaucoup de projets concernant l’écologie durant ses 36 années d’expérience d’enseignante. «Durant mes cours, j’accorde une importance particulière à l’aspect écologique des thèmes que nous traitons avec mes enfants (ndlr: elle appelle ainsi ses élèves), qu’il s’agisse de la lithosphère, de l’hydrosphère, de l’atmosphère, etc. Après avoir relevé ensemble les problèmes liés à l’écologie dans chacun des domaines, nous réfléchissons à des solutions pratiques, des “gestes verts”, applicables au quotidien», raconte-t-elle.
«Dans notre région, on se focalise beaucoup sur le problème de déchets mais, à mon avis, celui des centrales électriques construites en abondance sur les rivières qui drainent les eaux de celles-ci ou l’exploitation des mines ne sont pas des défis environnementaux de moindre importance», note-t-elle, en remarquant que de petits pas sont quand même perceptibles depuis l’arrivée des nouveaux dirigeants vers la résolution de certains problèmes, comme celui de la propreté des eaux.
Mme Petrossian essaye aussi de démontrer à ses élèves leur part de responsabilité et d’action: «Nous avons nettoyé l'entourage de notre école avec les élèves, et les habitants des immeubles voisins nous ont rejoints dans notre démarche. À travers des initiatives pareilles, les élèves sentent mieux qu’ils font partie de la nature et de leur environnement et apprennent à agir pour en prendre soin. En mȇme temps, cela permet de promouvoir le même esprit auprès des familles de ces élèves!», nous confie-t-elle.
La participation au projet lui a permis de coordonner et de systématiser ses connaissances dans le domaine. Les méthodes de l’éducation non-formelle sont une approche dont elle dit avoir vraiment besoin, et qu’elle a hâte d’intégrer dans les activités parascolaires!
* Le projet prévoit également l’élaboration, par KASA, d’un jeu éducatif et d’une animation comprenant notamment l’enseignement de «gestes verts», afin de mettre en pratique les principes de développement durable appris théoriquement.