Et si vous vous faisiez un ami expérimenté qui s’engagerait à vous accompagner dans toutes les étapes de vos recherches d’emploi? C’est ce que KASA propose à ses bénéficiaires en la personne de volontaires dans le cadre du projet “Ensemble pour l’emploi”. Idée étrange de prime abord, inventive lorsqu’on l’étudie de plus près, et qui fonctionne, en fin de compte. Un bel exemple de solidarité sociale!
Découvrons le projet à travers quelques-unes - 90% des participants du projet, bénéficiaires ou volontaires, sont en effet des jeunes filles! - de ces personnes lumineuses qui ont eu la volonté d’apporter un changement positif dans leur propre vie et/ou celle d’un autre.
Gayane K., bénéficiaire
Gayane est en deuxième année du Master en psychologie. En même temps, elle travaille comme psychologue au lycée Anania Chirakatsi à Erevan, emploi qu’elle a obtenu immédiatement après la fin du projet de KASA. “Pour le moment, c’est vraiment l’emploi de mon rêve”, note-t-elle. “Lorsque j’ai terminé l’école, j’ai tout de suite commencé à chercher du travail. Mon premier emploi, c’était dans un café français. Ensuite, j’ai enchainé dans d’autres domaines: administration, publicité, centres de développement pour enfants, etc. Tous mes postes de travail remplissaient cependant un seul et même objectif: gagner de l’argent pour pouvoir assurer mon développement professionnel; j’entends par là participation à des séminaires et formations spécialisés”, note Gayane.
Avant de participer au projet de KASA, elle ne croyait pas trop à la possibilité de trouver un emploi dans son domaine de spécialisation sur le marché du travail arménien. Impression qui s’est avérée erronée au cours du projet, à la suite de l’étude des besoins et des demandes du marché, des échanges avec les formateurs. “Aussi, j’ai pu souvent observer durant ces rencontres que le formateur et le bénéficiaire en recherche d’emploi assis à côté de moi avaient en réalité les mêmes possibilités dans la vie, et leur différence majeure résidait seulement dans l’image qu’ils se faisaient d’eux-mêmes!”, partage Gayane.
“Le plus grand apport du projet pour moi, ce fut la prise de conscience que j’ai pu faire. À un moment donné, je me suis demandé si je cherchais vraiment du travail. Et la réponse que j’ai reçue était: non. J’ai compris que j’avais prioritairement besoin de m’investir dans le développement de ma personne, des qualités qui me permettraient de décrocher plus tard le travail que je désirais”, poursuit-elle, en avouant avoir dû au cours du projet se confronter à plusieurs de ses complexes pour réussir à les surmonter. Et c’est ici que l’aide du volontaire s’est avérée inestimable: “Grâce à lui, j’ai compris l’importance de poser constamment les bonnes questions: Que veux-tu vraiment? Quel travail vises-tu? Quelles sont tes capacités réelles?. Il était pour moi un point d’appui toujours présent”.
“Pour moi, la vraie mission du projet n’est pas tant de trouver un emploi, que de comprendre à la fin que tu as changé, grandi, que tu sais désormais ce que tu veux, que tu es conscient des qualités que tu dois développer. C’est avant tout un projet de découverte et de développement de sa personnalité, et ensuite seulement de recherche d’emploi”, conclut Gayane. Dire que le projet lui a plu, c’est peu dire: aujourd’hui, elle y participe encore une fois, cette fois-ci à titre de volontaire!
Ashkhen K., volontaire
Ashkhen travaille dans le secteur bancaire depuis 7 ans; aujourd’hui, elle est spécialiste de rang supérieur à ACBA-Crédit Agricole. Elle était en train de chercher un passe-temps à la fois intéressant et utile qui donnerait un nouveau souffle à son quotidien lorsqu’elle est tombée sur l’annonce de l’appel à volontaires de KASA. “On peut dire que j’avais déjà une certaine expérience en la matière puisqu’il m’est souvent arrivé d’aider mon mari, mes frères et des amis à rédiger ou à mettre à jour leurs CV, à chercher un emploi via Internet, etc.”, note Ashkhen.
Cela dit, un travail plus régulier, conséquent et responsable l’attendait avec les deux bénéficiaires qu’elle était amenée à accompagner dans le cadre du projet. Aussi paradoxal que cela puisse sembler, le plus difficile, souvent, était de maintenir chez eux une motivation constante dans la recherche d’un emploi ou la promotion de leur propre projet d’affaires: “Le premier bénéficiaire que je devais accompagner était un jeune homme de 20 ans qui voulait promouvoir - à côté de maint autres projets qui fusaient dans sa tête - sa petite entreprise de café ambulant. Nous avons pris beaucoup de temps avant d’arriver à la conscience ensemble que je n’étais pas là pour réaliser un audit ou lui proposer une marche à suivre, mais pour l’aider à tout mettre en œuvre pour réussir lui-même son entreprise”, précise Ashkhen.
Ensemble, ils ont participé aux formations organisées par KASA pour booster l’employabilité des participants - rédaction de CV et de lettres de motivation, techniques de recherche efficaces, préparation à des entretiens d’embauche, travail sur les qualités personnelles recherchées par les employeurs -, ainsi qu’à des formations sur le domaine des affaires, qui ont fourni à Armen des savoirs, mais aussi un réseau d’amis important dans le milieu des affaires.
“Si le développement personnel et professionnel fait partie de votre quotidien, vous ne devriez pas avoir du mal à trouver un emploi. Et la motivation, elle, découlerait de l’idée que mieux vaut commencer par quelque chose que d’attendre le travail de ses rêves, sans jamais savoir quel serait le chemin qu’on n’a pas voulu passer”, note Ashkhen. À part tous les amis précieux qu’elle s’est faits durant le projet - ce qu’elle considère comme son acquis le plus important, parce que les volontaires ne font pas que donner! -, la plus grande leçon qu’elle tire pour elle-même, c’est que les efforts assidus et réguliers produisent toujours des fruits, surtout si on accepte de suivre «l’art des petits pas».
Anahit K., bénéficiaire
Découvrant l’annonce du lancement de la nouvelle édition du projet de KASA, Anahit, ancienne employée de la Banque centrale d’Arménie alors au chômage, s’est dit que c’était peut-être le bon moment de prendre enfin sa vie entre ses mains pour tenter ses forces dans un domaine complètement différent. Mission accomplie à la suite du projet puisqu’aujourd’hui, Anahit travaille avec des compagnies locales et internationales comme chef de projet informatique.
“Mon plus gros problème avant la participation au projet, c’était l’image très floue que je me faisais des besoins et des exigences du marché local et mon manque de confiance quant à ma capacité de changer de domaine professionnel. Cela m’empêchait de bien me présenter aux entretiens d’embauche. Mais là j’ai appris à ne jamais abandonner mes rêves, à être toujours flexible, à rester en phase avec les évolutions du marché du travail”, partage Anahit. Et le volontaire, qu’elle appelle amicalement son “coach personnel”, a été à côté d’elle à toutes les étapes de ses recherches, en la soutenant constamment par ses conseils et son orientation.
Plus rien ne freine les pas d’Anahit dans son parcours professionnel: elle se sent bien dans son occupation actuelle et s’imagine même dans quelques années “propriétaire de produit” (product owner) de rang supérieur à PicsArt, l’une des plus grosses sociétés informatiques, fondée par des Arméniens.
Elle espère pouvoir participer encore une fois au projet, mais comme volontaire. Entre-temps, elle met les savoirs acquis avec KASA au service de ses amis et de ses connaissances pour les aider dans leurs recherches d’emploi.
NB: KASA mène des projets de soutien à l’emploi des jeunes depuis plus d’une décennie à Erevan et à Gumri. Le projet “Ensemble pour l’emploi” a été créé en 2016, initialement pour venir en aide aux Arméniens de Syrie installés en Arménie à la suite de la crise syrienne dans leurs efforts d’intégration socio-économique. Avec le temps et le changement de réalités dans le pays, le projet s’adresse de plus en plus aux jeunes locaux en recherche d’emploi (ou de projets éducatifs à l’étranger). Le binôme de travail “bénéficiaires-volontaire” n’est encore mis en place qu’à Erevan. A Gumri le format retenu répond aux besoins particuliers du public cible de KASA dans cette ville. Depuis 2016, 300 personnes ont pris part au projet “Ensemble pour l’emploi”- volontaires et bénéficiaires mélangés - avec de 40 à 60% des bénéficiaires ayant trouvé un emploi à l’issue de leur participation (le chiffre varie d’une édition à l’autre).