Sous les voûtes de la Basilique Saint-Denis à Paris, aux côtés des rois et des princes de France, gît Léon VI, dernier roi du Royaume arménien de Cilicie et représentant de la lignée royale arménienne Lusignan d'origine française. Ce fait, plutôt symbolique, que le dernier roi arménien repose au sein de la capitale française, n'est qu'une preuve parmi de nombreuses autres de la présence arménienne en France.
C'est justement à la communauté arménienne de France, à son passé et à son présent plein de défis, en particulier identitaires, qu'était consacrée la conférence du 22 mars organisée à la Maison-musée Issahakian, et ceci dans le cadre de la Saison de la Francophonie 2014. La conférencière du jour Marinée Mouradian a noté que les traces attestant de la présence des premiers Arméniens sur le sol français remonteraient aux 3e et 4e siècles de notre ère. Toutefois, la diaspora telle que nous la connaissons aujourd'hui, la plus importante, mais aussi l'une des plus solidaires et les mieux integrées dans toute l'Europe occidentale, a été formée surtout par les rescapés du génocide arménien de 1915. Plus récemment, cette diaspora appelée « classique » s'est vu agrandir avec l'arrivée de nouveaux Arméniens d’abord de l'Arménie soviétique, et ensuite de la jeune Arménie indépendante…
L’une des plus nombreuses, la communauté arménienne de France est aussi l'une des plus productives: les Arméniens pour qui la France est devenue une seconde patrie (voire première, notamment à partir des 2e, 3e générations), se sont fait remarquer dans de nombreux domaines. Rien que quelques noms: Missak Manouchian, Henri Troyat, Henri Verneuil, Arthur Adamoff, Jansem, Charles Aznavour, Michel Legrand, Patrick Devedjian et encore d'autres, en disent déjà beaucoup sur l'apport important des Arméniens dans les différentes sphères de la vie de l’Héxagone...
Le choix du lieu de la conférence, la maison-musée de l'un des plus grands poètes arméniens du siècle précédent Avetik Issahakian, n'était pas anodin : au milieu des années 1930, le Varpète (en arménien « Maître », appelé ainsi par le peuple arménien qui le vénérait), grand amateur de la langue et de la culture françaises, a vécu et oeuvré en France. Sa riche collection de livres français soigneusement gardés dans les rayons de sa grande bibliothèque personnelle témoigne de l’intérêt de l’écrivain envers la langue de Molière et la civilisation française en général, les livres englobant des sujets très divers. Une exposition temporaire consacrée à sa collection française a également été ouverte, que les visiteurs auront la possibilité de découvrir lors des deux autres initiatives organisées par la maison-musée, à savoir lectures d’Issahakian en français et en arménien (le 5 avril) suivies de chansons composées sur ses poèmes, et une projection de film en français (le 12 avril).
Ne ratez pas l’occasion d’écouter l’excellente explication de la guide sur les années parisiennes d’Issahakian et ses rencontres avec les intellectuels et les artistes du Paris des années 1930 !