Maladresse ?

Actualité
27.06.2024

Si les propos d'Armen Grigoryan à propos du lâchage russe du Haut-Karabagh font encore couler beaucoup d'encre et chauffer les claviers à Erevan, les chancelleries russe et azerbaïdjanaise ont sorti les gros calibres.

Par Olivier Merlet

 

« La Russie est venue, nous a pris le Haut-Karabakh, l'a restitué à l'Azerbaïdjan, et elle est repartie ». Les propos tenus hier par le secrétaire du Conseil de sécurité, Armen Grigoryan, ont fait sauter de sa chaise la porte-parole de la diplomatie Russe. Au journaliste qui les lui rapportait, Maria Zakharova s'est exclamée : « Vous lisez sérieusement, maintenant ? À partir d'un document ? Quel est le nom de cet homme ? » S'en est suivi cette réflexion : « Je voudrais revenir sur la thèse inventée par l'autre partie : peut-être "qu'il s'agit d'un secrétaire". Je pense qu'il y a des choses qu'il est impossible de commenter sans avoir suivi une formation médicale. Je n'ai pas l'occasion d'appliquer mes compétences dans ce domaine, mais je ne peux pas faire autrement ».

Revenant à davantage de correction, si l'on peut dire, l'assistante de Sergeï Lavrov, a enfin eu cette réponse : « De cette manière, en tant que représentants des autorités, ces personnages humilient leur propre peuple. Les citoyens de ce pays ont défendu leur territoire, ont donné leur vie et étaient convaincus de son importance historique. Pendant de nombreuses années, l'idéologie de l'Arménie en tant qu'État s'est construite sur ces thèses. Les gens ont répondu à l'appel de l'État, des personnalités politiques et publiques, savaient pour quoi ils se battaient, ont sacrifié leur bien-être, ont condamné leurs femmes et leurs enfants au veuvage et à l'orphelinat. Comment est-il possible de trahir leur mémoire d'une manière aussi cynique, de réduire à néant ce que l'on appelait autrefois (je pense, même aujourd'hui) "un exploit" en Arménie ? Qui a donné le droit à des gens, qui sont manifestement de passage, qui sont "alimentés" de l'extérieur, d'insulter leur propre peuple d'une telle manière ?

Ce sont les Arméniens eux-mêmes qui devraient répondre à cette question. Mais je suis surpris de voir comment des gens peuvent non seulement être irresponsables, mais aussi humilier la mémoire historique de leur nation qui souffre depuis longtemps, des gens qui ont traversé des épreuves historiques et dans la mémoire desquels les pages tragiques de l'histoire moderne sont vivantes ».

À Bakou de même, les déclarations d'Armen Grigoryan ne sont pas restées lettre morte. Piqué au vif, Hikmet Ajiyev, premier conseiller de la présidence azerbaïdjanaise a déclaré : « la guerre patriotique de 44 jours et l'opération antiterroriste sont étudiées comme des opérations militaires uniques dans les académies militaires de nombreux pays du monde. Il est regrettable de constater que de telles déclarations reflètent la persistance de fantasmes revanchards dans l'esprit des dirigeants politico-militaires arméniens. Nous conseillons aux responsables politico-militaires arméniens d'abandonner complètement les rêves revanchards et révisionnistes et de mettre fin à leur politique de militarisation afin d'éviter de répéter les erreurs historiques ».