Déjà dix jours, l’agression turco-azérie tue des soldats arméniens qui, au prix de leurs vies, ne laissent pas cet ouragan meurtrier avancer sur les territoires d’Artsakh, puis l’Arménie.
Fous de rage, car leur « offensive éclair » n’a pas marché, les agresseurs se vengent sur la population civile, en bombardant les villes et les villages d’Artsakh avec des armes de destruction massive comme des drones kamikazes, des bombes à sous-munitions et des missiles balistiques, interdites par les conventions internationales.
Déjà dix jours, les Arméniens du monde entier crient leur malheur, dans un sens propre comme figuré, en essayant d’expliquer que ce qui leur arrive, ce n’est pas « un conflit pour un territoire disputé », comme les médias et les experts internationaux ont pris l’habitude d’en parler depuis trente ans que cette plaie est ouverte, en utilisant un vocabulaire bien pesé pour ne pas désigner clairement les bourreaux et les victimes… On retrouve des éléments de ce vocabulaire dans des appels « aux parties en conflit de cesser les hostilités » traditionnellement adressés par des hommes politiques de tout bord et des pays différents, qui se sont multipliés depuis le début de cette nouvelle guerre. Le président français Emmanuel Macron a été le premier à franchir le pas en désignant clairement l’agresseur – l’Azerbaïdjan – mais globalement, l’Europe ne fait pas grand-chose pour mettre fin à la guerre. Les intérêts économiques, dont la perspective d’arrivée prochaine en Europe du gaz azerbaïdjanais, alternative au gaz russe, fait taire plus d’un responsable politique…
Ce qui se passe aujourd’hui en Artsakh qui a toujours fait partie intégrante de l’Arménie, excepté la parenthèse soviétique, c’est la continuation directe du génocide de 1915. La Turquie laïque dont les Européens étaient si fiers, au point de vouloir lui ouvrir les portes de l’UE, ne cache plus ses intentions expansionnistes, en multipliant les invasions militaires et les exterminations. Et cette guerre contre l’Artsakh est une étape importante dans cette conquête, car, dans le cas où elle réussit (ce qui n’arrivera jamais !!!), la Turquie aura un boulevard devant elle pour réaliser son projet panturquiste. On a beau dire qu’Erdogan est un fou, il sait très bien se servir des faiblesses et des intérêts des uns et des autres pour arriver à ses fins. C’est également le cas dans cette « soupe turque avec de la viande azérie », comme a défini cette nouvelle guerre en Artsakh un expert russe.
Mais cette « soupe », la Turquie la prépare aussi avec des mercenaires syriens djihadistes : ainsi, des combattants d’Al-Nosra sont déjà arrivés sur le terrain. Les cadavres qu’on retrouve sur le champ de bataille portent des éléments d’identification clairs, et dans leurs poches – des seringues vides de drogue… Ces cadavres sur le sol d’Artsakh, les attaquants ne les ramassent pas, malgré les propositions réitérées par les Arméniens de faire une trêve pour enterrer les morts. Ils pourrissent à l’air libre – pas besoin de preuves de pertes dans la population azerbaïdjanaise, et les mercenaires, ils sont là pour cela…
Dix jours déjà. Le temps est trop long pour un petit pays comme l’Arménie où tous, petits et grands, sont prêts à un effort de guerre (il semble étrange d’utiliser cette expression au XXIe siècle…), car il s’agit de la survie même de la nation. Par ailleurs, le président azerbaïdjanais Aliev, conforté par le soutien d’Erdogan, a déclaré qu’aucune discussion de cessez-le-feu n’aurait lieu tant qu'un seul Arménien serait présent sur le sol du Haut-Karabakh…
Ainsi, un nouveau génocide se passe sous nos yeux, observé et rapporté en direct par les moyens de communications les plus performants. Les pays qui ont reconnu celui de 1915 et qui, pour la plupart, ont érigé des monuments en souvenir des victimes, que faites-vous???