Le nœud coulant azéri

Actualité
22.07.2024

Deux jours après le rendez-vous manqué ou manipulé de Blenheim, Bakou resserre son étreinte sur le gouvernement d'Erevan qu'il presse de répondre à ses exigences, et ses invitations, en prenant à témoin la presse internationale.

Par Olivier Merlet

 

Alors que s'est ouvert à Shushi, pour la deuxième année consécutive, le "Forum mondial des médias", Ilham Aliyev, devant la presse internationale réunie, à une nouvelle fois évoqué la question du retour des populations azéries vivant en Arménie à l'époque soviétique. « Nous attendons une réponse claire d'Erevan sur la manière dont les Azerbaïdjanais déportés du territoire actuel de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan occidental, ou leurs descendants, peuvent retourner sur leurs terres historiques, visiter ces territoires ou s'y installer » déclarait-il samedi 20 juillet.

Le lendemain, toujours à Shushi devant les médias du monde entier, le presqu'homonyme du président azerbaïdjanais, son premier conseiller, Hikmet Hajiyev, proposait à l'Arménie d'« harmoniser les principes fondamentaux du traité de paix pour établir des relations de bon voisinage »: Un traité de paix provisoire en somme, bien que le conseiller s'en défende, avant la COP29 qui se tiendra à Bakou en novembre. Preuve affichée de la bonne volonté de son pays, Hikmet Hajiyev a d'ailleurs confirmé l'envoi d'une invitation officielle aux représentants d'Erevan pour participer, à Bakou, au 29ème sommet mondial sur le climat.

Revenant cependant aux « principes fondamentaux » de l'harmonisation selon l'Azerbaïdjan, Hikmet Hajiyev a ajouté une fois de plus : « Nous comprenons que la Constitution est une question interne à chaque pays. Mais s'il existe une revendication territoriale sur un autre État en vertu de la Constitution, alors elle doit être éliminée, et le cadre juridique doit être tel que les revendications territoriales cessent complètement, afin que nous puissions avancer dans cette affaire sur cette base ». Le conseiller a également renouvelé la proposition faite d'adresser conjointement une demande à l'OSCE de mettre fin aux activités du Groupe de Minsk. « S’il n’y a pas de conflit, quel est alors le sens de l’existence du Groupe de Minsk ? ».

Bakou amène une fois de plus gouvernement arménien au pied du mur. Se présentant comme le champion de la paix convient, ses autorités n'hésitent pas à rappeler devant la presse mondiale qu'« en 2021, la partie azerbaïdjanaise est devenue l'initiatrice des principes qui constitueront la base du processus de paix en général ». Malgré tous les efforts et concessions de son Premier ministre, c'est à l'Arménie que l'on risque bientôt reprocher de trainer les pieds sur le chemin de la normalisation et de ne pas répondre aux "propositions constructives".

Quant à l'invitation à Bakou, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ani Badalyan a fait savoir qu'Erevan ferait connaitre sa réponse lorsque la question sera résolue.