Bakou : OTAN, y aller ou pas ?

Actualité
03.07.2024

Alors que le ministère des Affaires étrangères arménien a depuis longtemps confirmé la participation de son représentant au sommet de l'Otan qui s'ouvre le 9 juillet, Washington s'évertue à obtenir celle de Bakou pour asseoir son représentant aux côtés d'Ararat Mirzoyan.

Par Olivier Merlet

 

Le 75eme sommet de l’OTAN qui se tiendra la semaine prochaine à Washington revêt une importance capitale a bien des égards pour la Maison Blanche. Sur le plan intérieur tout d'abord, à 4 mois d'élections présidentielles où les capacités physiques et mentales du candidat Biden posent question face à l'épouvantail Trump. Au niveau international ensuite, dans un contexte de déstabilisation mondiale et de conflit ouvert la Russie. Les États-Unis veulent réunir autour d'eux le plus large consensus possible, la stabilisation du Sud-Caucase rentre clairement dans cette stratégie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et même la Géorgie après son rapprochement singulier avec Moscou (il reste les élections de novembre), peuvent compter sur les meilleurs offices de la capitale américaine.

Le 28 juin dernier, le département d'État faisait part de son invitation lancée aux représentants des gouvernements arméniens et azerbaïdjanais. Erevan a de suite fait savoir que son ministre des Affaires étrangères irait à Washington tandis que du cote de la Caspienne, Jim O'Brien, le vice-secrétaire d'État américain, enchainait les ronds de jambe pour tenter vainement d'arracher l'accord de Bakou.

Il y a deux jours, le 1er juillet, lors d'une conversation avec les membres du think-tank américain "Brookings Institution", Antony Blinken reconnaissait avoir « investi intensément dans notre propre diplomatie pour tenter d'amener l'Azerbaïdjan et l'Arménie à un accord de paix […], je pense que c'est quelque chose qui est vraiment à portée de main ».

La nuit dernière encore, interrogé sur la participation des deux pays au sommet en préparation, Vedan Patel, le porte-parole du Département d'État a rappelé la question du Caucase du Sud constituait une priorité de son administration. « Je ne doute pas que nous continuerons à travailler dans ce sens » a-t-il déclaré, précisant toutefois « des réunions et engagements spécifiques en marge du sommet, je ne veux pas encore parler du calendrier ».

Cela fait tout juste un an qu'Ararat Mirzoyan et Jeyhun Bayramov s'asseyaient à la table des négociations dressée par Washington. L'Azerbaïdjan avait par la suite rejeté toute médiation américaine lui reprochant son « approche unilatérale ». Il ne reste que 6 jours avant l’ouverture du sommet de l’OTAN à Washington le 9 juillet prochain et Bakou n’a toujours pas répondu officiellement à l'invitation.

Il serait surprenant toutefois, à quelques mois de cette fameuse COP 29 d'une importance capitale aux yeux d'Ilham Aliyev que celui ne dépêche son représentant à Washington la semaine prochaine, voire, coup de théâtre, qu'il s'y rende lui-même. L'éventualité d'une rencontre au niveau des chefs d'État a en effet été évoqué dans la presse arménienne. Le gouvernement d'Arménie s'en tient pour l'heure à la seule présence de son ministre des Affaires étrangères.