Cinq candidats d'origine arménienne se présentent aux élections européennes, mais aussi régionales, et fédérales pour la Belgique, le 9 juin. L'une d'entre eux est née à Erevan. Armine Hareyan, c'est son nom, est convaincue que le chemin et l'histoire de la communauté arménienne ne peuvent qu'enrichir la Belgique et faire avancer ses agendas internationaux.
Pourriez-vous nous parler de vous ? Quel est votre parcours professionnel et comment êtes-vous entré en politique ?
Je suis né et j'ai grandi à Erevan. Pendant de nombreuses années, j'ai travaillé dans diverses organisations publiques en tant que chargée de relations publiques et coordinatrice de programmes européens.
Lorsque j'étais étudiante, je me suis impliquée dans des activités sociales et politiques en rejoignant, l'Académie de la Jeunesse d'Arménie. Plus tard, avec des amis francophones, nous avons fondé "Jeunesse pour l'Europe", la première ONG pro-européenne dont le but était la promotion et la diffusion des valeurs européennes en Arménie : la démocratie, la liberté d'expression et les droits de l'homme. Autrement dit, depuis ces années-là, il me semble avoir développé un intérêt pour Ces valeurs européennes ne m'ont jamais quittées et j'essaie de les développer au quotidien.
En 2010, j'ai déménagé en Belgique pour des raisons personnelles et j'ai vite compris qu'une vie familiale tranquille n'était pas pour moi. Comme je vivais à cette époque dans un petit village belge où il n'y avait pas d'Arméniens, je me suis rapprochée de la communauté arménienne d'Aix-la-Chapelle. J'ai commencé à donner tous les dimanches des cours de langue et d'histoire arméniennes pour des enfants de 5 à 15 ans.
J'ai ensuite déménagé à Bruxelles, où existe déjà une communauté arménienne plus établie avec des racines plus anciennes. Je me suis impliqué dans la vie de la communauté et nous avons commencé à promouvoir les questions arméniennes auprès de diverses instances politiques en Belgique et en Europe.
Pendant et depuis la guerre de 44 jours, nous essayons d'informer sur les problèmes de l'Arménie et de l'Artsakh et sur les empiétements de l'État voisin sur notre territoire souverain. Le Parlement belge a d'ailleurs adopté un certain nombre de résolutions condamnant l'Azerbaïdjan auxquelles je pense avoir modestement contribué par mes actions de sensibilisation
Bien entendu, la participation à de telles activités ne passe pas inaperçue. Les résolutions susmentionnées ont été proposées au Parlement fédéral belge par Michel de Magd, un très bon ami de notre communauté et de l'Arménie, et membre du parti belge "Mouvement réformiste". Il a lui-même proposé ma candidature à Sophie Wilmès, ancienne première ministre et ancienne ministre des Affaires étrangères, tête de liste des candidats européens de ce parti. C'est un honneur de recevoir personnellement une recommandation de nomination de Sophie Wilmès qui est considérée comme la figure politique la plus célèbre et la plus aimée de Belgique.
Quelle a été la raison de votre choix pour le parti du "Mouvement réformateur" ?
Naturellement, tout d'abord, je suis en accord avec la position du parti sur plusieurs questions fondamentales et en particulier la création d’une Europe forte, indépendante et autosuffisante, qui protège ses citoyens face aux défis sécuritaires et qui réponde aux enjeux environnementaux et climatiques. Depuis la pandémie et la guerre en Ukraine, tout le monde a ressenti à quel point l’Europe était dépendante des pays tiers. Aujourd’hui, nous voulons développer la production européenne. L'Union européenne doit continuer à être l'un des principaux acteurs de l'économie mondiale.
Prenons même le gaz et l'électricité. Qu’a fait l’Europe pendant la guerre en Ukraine ? Elle a interdit le gaz russe, mais signé en même temps un accord de fourniture de gaz avec la dictature azerbaïdjanaise, et il y a de très fortes présomptions pour que l'Azerbaïdjan reçoive ce gaz de Russie. Grâce au travail du parti "Mouvement réformiste", l'exploitation des réacteurs nucléaires en Belgique a récemment été prolongée de dix ans. Toutefois, notre projet ne se limite pas au nucléaire. Nous proposons une diversification des sources d’électricité, alliant nucléaire et énergies renouvelables. L’Europe doit assurer sa sécurité d’approvisionnement avec une production à faible émission de carbone et disposant de sa propre énergie pour ne plus dépendre des dictatures pétrolières.
Et, en fin de compte, l’une des raisons non moins importantes est la position de ce parti à l’égard de l’Arménie et de l’Artsakh. Le parti "Mouvement réformiste" a toujours soutenu la communauté arménienne, l'Arménie et l'Artsakh. Comme je l'ai déjà mentionné, en quatre ans, le Parlement fédéral belge a adopté quatre résolutions pro-arméniennes et toutes les 4 ont été proposées par ce parti. Je pense que c'est le seul parti qui a un paragraphe spécial dans son programme 2024 dédié au soutien à l'Arménie et à l'Artsakh.
Quelles sont vos priorités et que promettez-vous aux électeurs ?
Une société inclusive où chacun trouvera sa place et se développera de manière indépendante et responsable est très importante pour moi. Cela nécessite des actions concrètes et des politiques concrètes pour promouvoir l’égalité des chances, quels que soient l’origine, les croyances et les préférences. La diversité est une valeur qui doit être célébrée et encouragée, et non utilisée comme excuse pour discriminer ou exclure certaines personnes.
Cette année, pour la première fois, les plus de seize ans peuvent voter aux élections européennes. Les jeunes sont les porteurs de l’avenir et ils doivent aujourd’hui prendre une décision pour leur avenir. J'apprécie leur implication dans les futures questions de prise de décision à partir d'aujourd'hui et je me battrai pour qu'ils obtiennent une meilleure éducation et soient davantage impliqués dans la vie sociale et politique.
Quel impact et quels résultats tangibles la nomination des candidats arméniens et leur éventuel succès peuvent-ils avoir pour la communauté arménienne de Belgique ?
Nous avons cinq candidats arméniens nommés pour ces élections à différents niveaux. C'est une très bonne opportunité pour la communauté arménienne de Belgique de montrer sa force. Je suis convaincu que la communauté devrait s'impliquer plus activement dans la vie politique du pays. Situés au milieu de l'Europe et de l'Asie depuis 5000 ans, nous avons joué le rôle de pont reliant ces deux cultures. Notre parcours et notre histoire sont importants pour que la Belgique puisse avancer plus riche.
Un député européen peut œuvrer pour le bien commun, mais aussi faire connaître notre histoire par sa présence. C'est le meilleur moyen de parvenir à la paix et à la stabilité en Arménie.
Source Armenpress - Lilit Gasparyan