Alors que la Cour internationale de justice se penche aujourd'hui sur la plainte de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie, le tribunal de La Haye a entamé ses délibérés sur la demande de mesures conservatoires requises hier, 30 janvier, par l’Arménie.
Par Olivier Merlet
Les audiences publiques qui se sont tenues le 30 janvier ont été l'occasion pour le chef de la délégation arménienne Yeghishe Kirakosyan, de présenter devant le tribunal international toutes les conséquences humanitaires catastrophiques imposées depuis 50 jours désormais par la fermeture du corridor de Latchin.
« Ce blocus, les coupures de gaz et d'électricité et toutes les perturbations sont spécifiquement conçus par l'Azerbaïdjan pour que se produise le départ de la population arménienne du Karabagh » a-t-il plaidé; étayant son argumentation des récents propos tenus par le président Aliyev : « il a explicitement demandé aux Arméniens de souche du Haut-Karabakh de "partir" en ajoutant que le "principal devoir de l'Azerbaïdjan était d'expulser les Arméniens de nos terres" Il a aussi déclaré qu'"aucune chanson ne sera chantée" dans cette "langue étrangère" qu'est l'arménien et que "désormais, c'est la langue azerbaïdjanaise qui dominera cette terre ." Si quelqu'un ne veut pas devenir notre citoyen, alors la route n'est pas fermée, mais ouverte. Ils peuvent partir par eux-mêmes, , ou bien ils peuvent partir en bus ou sous l'auvent des camions des casques bleus, personne ne les retiendra"».
Dénonçant la volonté délibérée du chef de l'État azerbaidjanais de « perpétuer son blocus, sur la base d'une fiction environnementale à laquelle personne ne croit, […] en dépit de ses engagements et d'une condamnation quasi unanime de la communauté internationale », le chargé des affaires juridiques internationales pour la République d’Arménie a exigé que « L’Azerbaïdjan cesse d’orchestrer et de soutenir les prétendus "actes de protestation" et veille à ce que soit garantie la circulation libre et ininterrompue de toutes personnes, de tous véhicules et de toutes marchandises, dans les deux sens.» Il a de même réclamé le rétablissement «total et immédiat» de l’approvisionnement du Haut-Karabakh en gaz naturel et « en d’autres biens fournis par les entreprises de services collectifs ».
Yeghishe Kirakosyan a conclu sa plaidoirie en invitant la Cour de justice internationale à intervenir rapidement, sans quoi « les Arméniens de souche du Haut-Karabakh seront confrontés à un choix impossible : quitter leurs maisons ancestrales, ou rester sur place et mourir de faim ».
À l’issue de la plaidoirie, Elnur Mammadov, ministre adjoint aux Affaires étrangères et tète de la délégation azerbaïdjanaise, a simplement rappelé le règlement de la Cour, « la [priant] respectueusement de rejeter la demande présentée par la République d’Arménie.» La Cour quant à elle, rendra sa décision « au cours d’une séance publique dont la date sera annoncée en temps voulu»