La nuit dernière à New-York, à la convocation de la France, l'un de ses cinq membres permanents, le Conseil de sécurité des Nations-Unies a discuté de la situation au Haut-Karabagh, sans qu'aucune résolution ne soit prise.
Par Olivier Merlet
Les représentants de nombreux pays dont la France, la Grande-Bretagne et l'Union européenne et plusieurs autres ont tour à tour pris la parole pour condamner l'agression azerbaidjanaise sur le Haut-Karabagh. Toutefois, malgré la tragédie de ces derniers jours, on n'a guère note d'inflexion ni de nouveauté dans les discours prononcés, toujours emprunts des mêmes bonnes intentions : ouverture du Corridor de Latchine, nécessité de la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale, de la protection des droits du peuple du Haut-Karabagh…
Ni déclaration commune, ni résolution n'ont été adoptée à l'issue de la session, le Conseil se contentant de prendre note de l'accord de cessez-le-feu et de saluer la première réunion des autorités azerbaïdjanaises et des représentants des Arméniens du Haut-Karabagh à Evlakh, au cours de laquelle, néanmoins, aucun accord n'a pu être trouvé.
Dans le discours qu'il a tenu devant l'assemblée, Ararat Mirzoyan a pourtant appelé « encore et encore le Conseil de sécurité à démontrer sa crédibilité et son autorité en prenant des mesures urgentes ». Après avoir souligné « le caractère désastreux de cette opération militaire à grande échelle […] qui démontre clairement l’objectif d’achever le nettoyage ethnique de la population arménienne du Haut-Karabagh », le ministre des Affaires étrangères les a résumé en douze points:
- Condamner la reprise des hostilités et le ciblage des infrastructures civiles,
- Exiger la pleine mise en œuvre des obligations découlant du droit international humanitaire, notamment celles liées à la protection des infrastructures vitales pour les civils, en particulier les femmes et les enfants,
- Déployer immédiatement une mission interinstitutionnelle des Nations Unies au Haut-Karabagh,
- garantir l'accès sans entrave des agences des Nations Unies et d'autres organisations internationales au Haut-Karabagh,
- Assurer la pleine coopération de bonne foi avec le Comité international de la Croix-Rouge pour éliminer les conséquences des hostilités, y compris la récupération et l'identification des corps, la recherche et le sauvetage des personnes portées disparues au combat, la libération des prisonniers de guerre, le transport sûr et sans entrave de l'aide humanitaire,
- Assurer le retour des personnes déplacées lors de la dernière agression, ainsi qu'après la guerre de 2020 dans leurs foyers au Haut-Karabagh,
- Assurer le rétablissement immédiat des approvisionnements vitaux,
- Exiger le rétablissement immédiat de la liberté et de la sécurité de circulation des personnes, des véhicules et des marchandises le long du corridor Latchine,
- Fournir un mécanisme de dialogue international stable entre les représentants du Haut-Karabagh et Bakou
- Exiger le retrait de tous les militaires et représentants des forces de l'ordre azerbaïdjanais de toutes les colonies civiles du Haut-Karabagh,
- Exclure les actions punitives contre les représentants et le personnel politiques et militaires du Haut-Karabagh,
- Créer une opportunité pour les forces de maintien de la paix mandatées par les Nations Unies de maintenir la stabilité et la sécurité au Haut-Karabagh.
Lorsque Jeyhun Bayramov, le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères est intervenu pour nier en bloc les accusations portées contre l'Azerbaïdjan et affirmer que l'Arménie entravait le processus de paix, Ararat Mirzoyan a préféré quitter la séance.
Le vice-ministre turc des Affaires étrangères Burak Akhlakar a soutenu inconditionnellement son homologue azerbaïdjanais, déclarant que "le pays frère" avait été contraint de mener une opération antiterroriste. Ne se privant pas de revenir sur la nécessité d'ouvrir le "couloir de Zangezur", il a ajouté qu'il existait désormais « une opportunité de rétablir la paix que l'Arménie ne devait pas manquer ».