Une réunion informelle entre les États-Unis, la Russie et l’Union européenne a eu lieu le 17 septembre à Istanbul pour discuter de la situation du Haut-Karabakh, deux jours avant l’offensive azerbaïdjanaise.
Par Olivier Merlet
Selon le journal américain Politico citant "un diplomate de haut rang ayant connaissance des discussions", « la réunion a eu lieu le 17 septembre à Istanbul dans le cadre des efforts visant à faire pression sur l'Azerbaïdjan pour qu'il mette fin à son blocus de neuf mois de l'enclave et qu'il autorise les convois d'aide humanitaire en provenance d'Arménie.
Les États-Unis étaient représentés par Luis Bono, conseiller principal de Washington pour les négociations dans le Caucase, tandis que l'Union européenne avait dépêché Toïvo Klaar, son représentant pour la région. La Russie, quant à elle, avait délégué envoyé Igor Khovaev, envoyé spécial de Vladimir Poutine pour les relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan ».
Après avoir un temps refusé de confirmer la tenue de la réunion, le département d'État américain a finalement reconnu ce 5 octobre : « Nous nous engageons assez régulièrement avec les parties prenantes et les interlocuteurs de la région, et la réunion d'Istanbul du 17 septembre avait pour but d'aborder spécifiquement les questions humanitaires urgentes et la fourniture d'une aide humanitaire potentielle au Haut-Karabakh. C'était l'objet de cette réunion".
Toutefois, toujours selon Politico, un fonctionnaire américain aurait expliqué sous couvert d'anonymat que « ces discussions avaient pour but de comprendre si le Kremlin avait toujours de l'influence dans la région. Nous devons être en mesure de travailler avec les Russes sur cette question parce qu'ils ont une influence sur les parties, d'autant plus que nous nous trouvons actuellement face à une situation précaire ».
Du côté de la Russie, le porte-parole de l’administration présidentielle, Dmitri Peskov a reconnu que : « certains contacts ont effectivement eu lieu sur la question du Karabakh » mais a déploré « beaucoup d’inexactitudes et d’erreurs dans l’article ». Également interrogée sur le sujet, Maria Zakharova, a déclaré ne pas être pas « au courant des négociations secrètes entre les États-Unis, l'Union européenne et la Russie sur la question du Karabakh », précisant toutefois que « Les États-Unis et l'Union européenne nous ont approchés. Ils ont demandé à organiser une réunion, je dirais même à faciliter les contacts, et leur objectif a également été mentionné au cours de la réunion. Les parties ont échangé leurs points de vue sur la situation. C'est tout ».
Cette initiative diplomatique démontre en tous cas que les interactions demeurent entre les chancelleries occidentales et russes. « Heureusement, tout n’est pas coupé. Pour que ces négociations puissent avancer sur des sujets aussi sensibles vu l’opposition frontale, il est même préférable qu’elles ne soient pas médiatisées », reconnaissait un diplomate français, se référant à la question de l'Ukraine.
Politico cite encore un fonctionnaire de l'UE « il est important de maintenir des canaux de communication avec les interlocuteurs concernés afin d'éviter les malentendus". Observant que le représentant spécial de l'Europe au Caucase, Toïvo Klaar avait cherché à garder les lignes ouvertes sur de nombreux fronts au cours des dernières années, et notamment avec Igor Khovaev ainsi qu'avec le vice-ministre russe des affaires étrangères, Mikhail Galuzin.