La présidente de la sous-commission sécurité et défense du Parlement européen en Arménie

Actualité
23.06.2023

Au terme d'une visite de deux jours en Arménie et de retour d'un déplacement aux frontières du Syunik, près de l'entrée du Corridor de Latchine, Nathalie Loiseau, présidente de la sous-commission Sécurité et Défense du Parlement européen a tenu à Erevan une conférence de presse.

 

Accompagnée de six membres de différentes nationalités et de différents groupes politiques du Parlement européen, Nathalie Loiseau dont c'est le deuxième voyage en Arménie cette année, souhaitait avec ses collègues parlementaires, selon ses propres dires, « exprimer son soutien aux progrès démocratique et aux réformes engagées mais surtout aux efforts de paix accomplis par l'Arménie qui est réellement impliquée dans une volonté de faire la paix avec son voisin l'Azerbaïdjan».

La délégation souhaitait également se rendre compte par elle-même de la situation sur le terrain et constater, après 4 mois d'activité, les résultats de la mission des observateurs européens en Arménie. Il y a tout juste deux semaines, le 6 juin, une première délégation du groupe "Europe orientale et Asie centrale" (COEST) de l'Union européenne s'était déjà rendue à Vayots Dzor pour les mêmes raisons.

« Aujourd'hui, nous sommes allés à Goris. Nous nous sommes rendus près de l'entrée du corridor de Latchine pour voir de nos propres yeux le blocus complètement illégal du corridor exercé par l'Azerbaïdjan. Nous avons entendu parler d'une augmentation du nombre des incidents militaires menaçant la souveraineté du territoire d'Arménie. Nous avons entendu parler des incidents de Yeraskh qui ont pris pour cible des civils. Nous avons entendu parler de la tentative azerbaïdjanaise de hisser le drapeau son drapeau de l'autre côté du pont [NDLR : rive arménienne du pont d'Hakari à l'entrée du Corridor de Latchine].

Je voudrais adresser un message fort : l'Arménie étant complètement impliquée dans la recherche de la paix, l'Azerbaïdjan, lui, doit aussi montrer les preuves qu'il est lui-même impliqué dans ce processus. […] J'ai également un message pour les ambassadeurs européens en poste à Bakou : au cas où ils seraient invités par les autorités azerbaïdjanaises à visiter le check-point illégal, ils doivent se garder d'y aller et se conformer aux décisions de la Cour internationale de justice ».

Suite à ses propos nets, forts et indiscutablement tranchés en faveur de l'Arménie, la présidente de la commission Sécurité et défense du Parlement européen a profité d'une question qui lui était posée pour se poser en porte-parole du parlement européen. « Premièrement, il existe une décision de la Cour internationale de Justice concernant le déblocage du corridor de Latchine, qui doit être correctement mise en œuvre. Deuxièmement, le Parlement européen soutient pleinement l'idée d'envoyer une mission d'enquête. Le Parlement européen salue également l'idée d'une présence internationale en général afin de protéger pleinement les droits et les intérêts de la population du Haut-Karabakh.

Nous sommes également tout à fait favorables à l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, et je pense que ce serait bien que les membres européens du Conseil de sécurité des Nations unies la prépare, le plus tôt sera le mieux ».

Interpellée de nouveau sur le blocage du Corridor de Latchine et l'absence de sanctions à l'égard de l'Azerbaïdjan - que d'aucuns supposent comme le moyen efficace, enfin, de contenir ses attitudes belliqueuses -, Nathalie Loiseau a tout d'abord tenu à exprimer sa surprise. « Après avoir voyagé près du corridor de Latchine, nous avons croisé beaucoup de soldats russes de maintien de la paix dont le rôle, selon l'accord du 9 novembre 2020, est de protéger les populations civiles du Nagorno-Karabgah et la liberté de mouvement des personnes et des biens. Le moins que je puisse dire, c'est que nous n'avons rien vu de la sorte à l'entrée du corridor de Latchine. Je me demande simplement pourquoi ils ne remplissent pas leur mission. […] il en va là de la responsabilité de la Russie.

Je me demande toujours pourquoi la Russie qui est membre du Conseil de sécurité des Nations Unies et membres du CSTO ne remplit pas sa mission. Ou alors, peut-être que la Russie veut déclencher des sanctions contre Bakou aussi. Ce n'est objectivement pas une manière de maintenir la paix.

Nous nous posons également des questions sur les quantités de gaz exportées par l'Azerbaïdjan qui sont devenues supérieures à ses capacités propres de production. Donc, si la Russie a choisi de se tenir aux côtés de l'Azerbaïdjan, il serait peut-être temps qu'elle le dise publiquement.

Concernant les sanctions, le Parlement européen s’est déjà prononcé en faveur de la prise de sanctions ciblées contre des individuels azerbaïdjanais qui ne respectent pas leurs engagements ou démontrent leur volonté de gêner le processus de paix. Mais le Parlement n'a pas pouvoir de décision sur la prise de sanctions. Nous pouvons seulement dire ce que nous pensons, la décision n'est pas entre nos mains ».

Interrogée enfin sur son évaluation du travail de la mission EUMA déployée aux frontières de l'Arménie, la parlementaire européenne française n'a pas manqué de pointer clairement du doigt la responsabilité de Bakou dans les échauffourées de ces dernières semaines. « C'est la première fois que l'Europe a une mission en Arménie, et nous étions aussi prêts à en envoyer une de l'autre côté, en Azerbaïdjan. Jusqu'à présent, l'Azerbaïdjan n'a pas accepté. Pour autant que je comprenne, et c'est ma compréhension personnelle, les incidents militaires qui se produisent et qui ont été documentés ne proviennent que d'un seul côté. Il n'y a aucune preuve corroborant les déclarations azerbaïdjanaises concernant des provocations militaires arméniennes. Et ce n'est pas surprenant puisque l'Arménie veut la paix.

[…] Les observateurs ne sont pas entièrement équipés, ni en matériel ni en personnel, mais ils effectuent un grand nombre de patrouilles et entretiennent de bonnes relations avec les autorités arméniennes sur le terrain, et leur présence est appréciée par la population. Mais ne vous y trompez pas, c'est une mission civile, son rôle est d'observer la situation. Ils ne peuvent empêcher les incidents de survenir. La partie responsable de ces incidents doit toutefois savoir qu'ils sont dûment répertoriés et documentés.