Erevan réagit aux manipulations diplomatiques de Bakou

Actualité
19.09.2023

Le ministère des Affaires étrangères a réagi ce matin contre les propos officiels tenus hier à Bakou lors devant les représentants du corps diplomatique accrédité dans le pays.

Par Olivier Merlet

 

« Les thèses présentées par la partie azerbaïdjanaise s'apparentent à des préparatifs diplomatiques en vue d'une nouvelle escalade militaire dans la région et d'un nettoyage ethnique au Nagorno-Karabakh » indique le communiqué du ministère. « Le discours des responsables azerbaïdjanais vise à faire de la communauté internationale le "correspondant"  de la mise en œuvre de sa politique de nettoyage ethnique au Haut-Karabakh et d'agression contre l'Arménie »

Le 18 septembre à Bakou, en effet, Hikmat Hajiyev, l'assistant du Président Aliyev assisté de deux hauts-fonctionnaires azerbaïdjanais énumérait devant les diplomates en poste dans la capitale azerbaïdjanaise toute une série de reproches adressés dans le même élan aux autorités d'Arménie et du Karabagh. « Des démarches provocatrices persistantes de l'Arménie et de la structure illégale qu'elle a installée sur les territoires souverains de l'Azerbaïdjan. […] L'Arménie n'est pas sincère dans ses précédentes déclarations sur la reconnaissance de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, au contraire, avec les dernières déclarations et actions, les dirigeants arméniens ont essentiellement annulé ces déclarations précédentes »

La tactique de Bakou n'est pas nouvelle : depuis le début du mois, la partie azerbaïdjanaise multiplie les fausses informations et accusations mensongères, notamment celles quasi-quotidiennes « d'un renforcement et de provocations militaires e le long de la frontière non délimitée entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie ». Si elle souhaitait prendre les devants face à l'opinion internationale pour se justifier d'une nouvelle agression contre le Karabagh et l'Arménie, l'Azerbaidjan ne s'y prendrait guère différemment.

Erevan a donc fermement démenti ce matin  les déclarations du gouvernement azerbaïdjanais en réaffirmant clairement ses engagements en faveur de l'apaisement des tensions et de la recherche d'une solution favorable au règlement de tous les points de conflit.

« Les représentants de l'Azerbaïdjan ont affirmé que la République d'Arménie rejetait toutes les propositions visant à réduire les tensions. On ne sait pas exactement de quelles propositions parle l'Azerbaïdjan, et la question n'est pas clarifiée dans le rapport sur la rencontre avec des diplomates étrangers. Nous considérons qu'il est nécessaire de noter que la proposition d'un retrait miroir des troupes de la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan reste en vigueur et que la République d'Arménie est prête à engager des discussions sur sa mise en œuvre.

Les affirmations de l'Azerbaïdjan selon lesquelles la République d'Arménie aurait créé un "régime" sur le territoire du Haut-Karabagh n'ont rien à voir avec la réalité. Le soutien de la République d'Arménie au Haut-Karabakh a un caractère humanitaire, dont la nécessité est encore soulignée par la crise qui résulte du blocage illégal du couloir de Latchine.

[…]Nous estimons nécessaire de souligner une fois de plus que la République d'Arménie réaffirme son attachement à l'agenda de paix, ainsi qu'aux déclarations de Prague le 6 octobre2022 et aux accords de Bruxelles du 14 mai 2023. Nous notons avec inquiétude que le responsable de Bakou n'a pas encore confirmé publiquement sa fidélité, notamment à ce dernier accord, ce qui constitue un facteur clé des tensions dans la région.

Les considérations de l'Azerbaïdjan concernant le développement des capacités militaires de l'Arménie sont également floues. La République d'Arménie a déclaré à plusieurs reprises qu'elle n'avait pas l'intention de prendre des mesures agressives contre ses voisins et que les réformes dans le secteur militaire visent à assurer sa propre sécurité territoriale.

Concernant la situation créée autour du Haut-Karabagh, nous considérons le dialogue Bakou-Stepanakert comme un moyen d'apaiser les tensions et nous espérons que nos partenaires internationaux intéressés par la stabilité de la région prendront des mesures supplémentaires pour créer des mécanismes fiables pour un tel dialogue ».