Ararat Mirzoyan commente les dernières négociations devant l'Assemblée nationale

Actualité
06.06.2023

Les discussions préliminaires du rapport annuel sur l'exécution du budget de l'État 2022 se poursuivent. C'était hier au tour d'Ararat Mirzoyan, le ministre des Affaires étrangères, que de s'exprimer lundi 5 juin, devant l'Assemblée nationale.

Par Olivier Merlet

 

Le ministre s'est tout d'abord lancé dans une longue litanie officielle des réalisations de son ministère l'année passée. C'est bien sûr en deuxième partie de son intervention, lorsqu'il s'est agi de répondre aux questions des députés et aux objections des partis d'opposition qu'Ararat Mirzoyan a évoqué les articulations peu à peu dévoilées ces dernières semaines de ce qui semble constituer le plan de paix avec l'Azerbaïdjan, malgré la persistance de nombreuses zones de flou ou d'incertitudes.

Cartes et territoires

Revenant tout d'abord sur les récentes déclarations successives du Premier ministre à propos de la reconnaissance du territoire de 29 800 km2 de l'Arménie et des 86 600 km2 de l'Azerbaïdjan, Ararat Mirzoyan les a qualifié de "politiques" assurant que ces "superficies" ne feraient pas l'objet d'un enregistrement spécifique et textuel dans le cadre d'un éventuel traite de paix.  « Marquer l'intégrité territoriale avec des surfaces est une déclaration politique. Il s'agit du fait que l'Arménie n'a aucune revendication territoriale vis-à-vis de l'Azerbaïdjan, et l'Azerbaïdjan n'a pas non plus de revendication territoriale vis-à-vis de l'Arménie. Je ne pense pas que vous pensez que nous devrions inclure ou voir cela inclus dans un futur accord de mission ou autre document juridique avec une référence aussi superficielle. La différence est évidente », a déclaré le ministre des Affaires étrangères.

Le deuxième volet de ces préoccupations territoriales et géographiques concernait la référence aux cartes de 1975 comme base d'accord de cette reconnaissance ainsi que Nikol Pashinyan l'avait annoncé au sortir des discussions de Chisinau. En évoquant de possibles nuances, le secrétaire du Conseil de sécurité Armen Grigoryan en avait confirmé l'essence lors d'une intervention télévisée dimanche dernier. Opinion non partagée du cote de Bakou; visiblement, Ilham Aliyev ayant fait savoir qu'il n'y avait « pas d'accords entre Bakou et Erevan sur la démarcation de la frontière azerbaïdjanaise-arménienne sur la base d'une carte spécifique ». 

A son tour interrogé sur ce point, et sur le fait, notamment que d'autres cartes, de 1926 par exemple, était plus favorable aux intérêts arméniens car elles ne soulevaient pas la question des enclaves, Ararat Mirzoyan a répondu que « toutes les parties ont leurs propres idées sur leurs cartes avantageuses. Les documents dont les bases juridiques sont invulnérables peuvent devenir la base de la démarcation. […] Il n'y a aucune mention des enclaves actuellement existantes dans le projet d'accord de paix. Il y a d'autres revendications concernant l'intégrité territoriale, que nous négocions toujours, et il n'y a pas de formulation définitive. Les 86600 km2 exprimé comprend essentiellement, oui, ces enclaves. Mais je le répète : il y a des fondements juridiques, il faut regarder et étudier ». Ararat Mirzoyan n'a pas précisé le nature des autres revendications territoriales en cours de négociation.

Erevan, plateforme et mécanisme du dialogue Stepanakert-Bakou

De même, interrogé par Artur Khachatryan, lui aussi député du parti d'opposition "Hayastan", sur le fait que les autorités du Karabagh aient été ou non autorisées à négocier en leur nom concernant son futur statut, le chef de la diplomatie arménienne n'a pas dérogé aux propos du chef du gouvernement. « Comme l'a dit à plusieurs reprises le Premier ministre, nous n'avons pas reçu de mandat du peuple du Haut-Karabakh pour négocier son avenir. Par conséquent, nous n'avons pas le droit de déterminer leur statut. Nous ne présentons pas une telle affirmation, et nous n'essayons pas de le faire. La seule chose que nous essayons d'assurer dans le processus de règlement arméno-azerbaïdjanais est la suivante : ce règlement ne peut être réaliste, complet, durable et stable si un mécanisme de dialogue n'est pas créé dans le cadre de ce règlement, où le peuple du Haut-Karabakh et les officiels de Bakou peuvent dialoguer, discuter et négocier sur toutes les questions qui intéressent et sont importantes pour le peuple du Haut-Karabakh et son avenir ».

Ararat Mirzoyan a poursuivi : « Personne au monde ne peut nier qu'il existe de nombreuses questions ouvertes liées à la sécurité et aux droits du peuple du Haut-Karabakh. En témoignent le blocage illégal du corridor de Lachin, les pannes d'approvisionnement en gaz et en électricité. Nous savons tous quelle est la situation au Haut-Karabakh. Ces questions doivent être discutées et traitées par le peuple du Haut-Karabakh, les organes élus et les institutions autorisées. Nous devons essayer d'initier ce dialogue, d'en assurer le mécanisme et la plate-forme».

Le bureau du ministère des Affaires étrangères a confirmé hier dans la journée rencontre de son responsable avec Jeyhun Bayramov, son homologue azerbaïdjanais, pour une nouvelle session de négociations qui débutera à Washington le 12 juin, sous la houlette du département d'État américain.