Zatulin déclaré persona non grata en Arménie

Société
26.10.2022

Konstantin Zatulin, député de la Douma d'Etat russe et premier vice-président en 2003,de la commission russe des affaires de la CEI pour l'intégration eurasienne et des relations avec les compatriotes, a été interdit d'entrée en République d'Arménie.

Par Olivier Merlet

Personnage sulfureux s'il en est, Konstantin Zatulin est souvent considéré le champion des politiques impérialistes dures envers les anciennes républiques constitutives de l' Union soviétique. Il s'est particulièrement illustré à ce titre par ses prises de position en faveur du rattachement de la Crimée à la Russie et de la reconnaissance des républiques sécessionnistes géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. Tenant l'Ukraine comme «ennemie de la Fédération de Russie », il a été declare a plusieurs reprises par Kiev comme persona non grata.

Hier, 25 octobre, Tsovinar Khachatryan, porte-parole du président de l'Assemblée nationale d'Arménie, confirmait l'envoi d'une lettre de même teneur à l'intention du député russe de Krasnodar. « Au nom de la direction de l'Assemblée nationale de la RA, nous vous informons que, malheureusement, vos récentes déclarations sur la République d'Arménie nuisent au développement de relations amicales et alliées entre nos pays. Pour cette raison, votre future visite en République d'Arménie est considérée comme indésirable. »

Via son Canal Telegram, Konstantin Zatulin a jugé la démarche « insultante ».

Selon le "Haykakan Jamanak" ("The Armenian Times"), dont la rédaction est dirigée par Anna Hakobyan, épouse du Premier ministre, « Zatulin, dans ses interviews publiques a accusé à plusieurs reprises le gouvernement de la république d'Arménie d'etre responsable de la défaite de la guerre de 44 jours. » Le quotidien en ligne poursuit en reprochant au député russe de s'etre ingéré dans la politique intérieure armenienne exigeant même la démission de son Premier ministre. Dans une interview à "Yerkir Media" il y a une quinzaine  de jours , le député russe; se référant à la déclaration tripartite du 9 novembre, a accusé Nikol Pashinyan d'avoir signé un document concernant l'ouverture d'un couloir Azerbaïdjan-Nakhitchevan à travers le territoire arménien . Ainsi que le rappelle l'Armenian Times :  « il n'est fait aucune mention dans ce document du corridor traversant le territoire souverain de la République d'Arménie, il ne concerne que le corridor de Lachine ».

S'il n'était question dans cette affaire de l'outrance du personnage Konstantin Zatulin, son indésirabilité, dans le contexte actuel tendu des relations russo-arménienne, pourrait être perçue comme l'expression symptomatique et dangereuse des différends entre Erevan et Moscou, la première reprochant à la seconde d'abandonner son allié traditionnel, et par traité, la Russie n'appréciant guère de son coté que l'Arménie lui tourne le dos, cherchant à se  rapprocher des pays occidentaux, Etats-Unis Europe et France en tête

Vu d'Arménie, les griefs et raisons de se plaindre sont pourtant multiples et légitimes, à commencer par la passivité des soldats russes au Karabagh face aux exactions des forces armées azerbaidjanaises, voire la complaisance de son état-major soupçonné de trop prêter l'oreille à la voix et aux recommandations de Bakou.

Maintenue captive par ailleurs d'une alliance d'assistance sécuritaire de l'OTSC qui semble ne pas fonctionner pas à son égard, l'Arménie est en recherche, effectivement, d'autres soutiens.

Enfin, quant à la question cruciale de la route-corridor du Zangezur, les différentes déclarations passées des officiels russes soufflent le chaud et le froid.

Une réunion, à ce jour encore non confirmée de manière officielle, pourrait se tenir à Moscou d'ici la fin de ce mois d'octobre entre Nikol Pashinyan, Ilham Aliyev et Vladimir Poutine.