Tim Straight - la foi en l'Arménie

Société
15.02.2023

Un homme sur tous les fronts et à toutes les tâches au service des démunis de ce pays: c’est le portrait à gros traits de Timothy Straight, fondateur et président du HDIF, Homeland Development Initiative Foundation, la Fondation pour l’initiative du développement de la patrie. Ayant vécu plus de 22 ans en Arménie, ce véritable homme d’action possède une foi inébranlable dans le futur du pays.

 

Par Eugène Dantser

 

 

M. Tim Straight, quelles sont vos responsabilités?

Il existe deux volets à l'emploi que j’occupe pour l’instant: je suis le fondateur et le président de HDIF, et en même temps, je vaque aux occupations diplomatiques de consul honoraire de Norvège en Arménie, depuis 2000 et de Finlande, depuis 2005.

Comment se fait-il que vous vous soyez retrouvé en Arménie?

Je suis originaire de l'Ohio aux États-Unis mais je trouvais ce coin de monde extrêmement ennuyeux et j'ai toujours eu envie de découvrir le monde. J'ai voyagé au Japon, à Taiwan et à Singapour, dans les pays d’Europe centrale, la Scandinavie, et j'ai fini par m'installer en Norvège. En 1993, je suis parti travailler en Bosnie comme volontaire, avec l'État norvégien et plusieurs organisations non gouvernementales, pour m'occuper de l’établissement et du fonctionnement des quatre camps de réfugiés. Quelques années plus tard, le Norwegian Refugee Council (le Conseil norvégien pour les réfugiés) m'a proposé un poste de représentant en Arménie. Et voilà : je suis arrivé ici le 4 septembre 2000.

Qu’est-ce que c’est le HDIF?

Le HDIF s'emploie à initier, faciliter et maintenir des opportunités économiques durables et créer des nouveaux emplois dans les villes et villages dans toute l'Arménie. Nous nous attachons aussi à soutenir certains groupes vulnérables comme les mères isolées ou victimes de harcèlement familial. Notre organisation crée des jobs rémunérés au-dessus du salaire minimum et s'engage pour le développement économique régional. Plus précisément, notre objectif principal est d'autonomiser les nécessiteux en leur offrant des formations leur permettant d'acquérir les compétences importantes pour réussir en tant qu'entrepreneurs indépendants.

Nos mentorés produisent des objets d’art populaire, de la broderie et des ouvrages au crochet populaire que nous vendons au travers de notre structure.

En tant qu’organisation non gouvernementale, HDIF a été fondée en 2013 et a été enregistrée comme entité commerciale en 2018.

Que considérez-vous comme le plus important du point de vue professionnel et personnel en ce qui concerne votre occupation?

Professionnellement, c’est un challenge car quand nous avons commencé, les organisations non gouvernementales n’étaient pas en mesure de produire quoi que ce soit. Il nous fallait partir de zéro, c’est-à-dire créer tout le processus de facturation ainsi que le système d’échange commercial dans une optique durable et profitable. C’est à cette fin que nous avons mis en place un réseau de vente alimenté par vingt pourvoyeurs différents originaires des régions de Kogh, Berd, Shirak, Vardenis, Goris et d'autres, avec un contrôle strict de la qualité, la succession des ordres et la livraison à temps. Le coût de la fabrication reste cependant un peu élevé en Arménie, et de surcroît, la stabilité du dram ne rend pas les transactions faciles. Toutefois, notre processus n'est pas axé sur le gain mais sur la création d'emplois.

Personnellement, l'intérêt majeur est de créer un réseau social de terrain et de réunir tous ces gens exceptionnels. C’est un peu métaphysique

Quelque chose que vous n’appréciez pas, peut-être, au sujet de votre travail?

Lors de mes débuts et maintenant encore, je suis parfois frustré par la lenteur que peut prendre la mise en place de certaines choses. Mais je dois dire que j'ai toujours un peu de mal à tenir en place.

Quels sont les principales réalisations du HDIF à ce jour ?

Je suis fier des 235 emplois que nous avons créés pour des femmes par le biais du HDIF. Cela signifie non seulement l’accroissement de leurs revenus personnels mais aussi un bénéfice au niveau du pays tout entier. De plus, notre organisation vient à la rescousse d'horticulteurs pour leur permettre de gagner un peu d'argent lors de la morte-saison.

Comment envisagez-vous le développement futur du HDIF?

Dans un avenir lointain, je voudrais que HDIF devienne obsolète et disparaisse un beau jour de lui-même. Mais jusqu'à présent, notre travail reste bien nécessaire. J'envisage plutôt le développement de nos activités, celles de la région de Berd notamment, de son jardin écologique et de l’Académie pour les femmes ou du Fonds du développement régional .

Vous avez déjà passé plus de 22 ans en Arménie. Vous avez sans doute observé plusieurs changements.

Certains d’entre eux ont marqué les esprits de façon indélébile. Ce pays a vu des changements drastiques en un laps de temps très court. Indubitablement, il est devenu beaucoup plus multiculturel, plus libéral. D'un autre côté, plusieurs régions demeurent sous-investies à cause de la situation instable aux frontières. Je vois un potentiel énorme d’investissement en Arménie et beaucoup de centres régionaux en attente d’exploration. Du point de vue social, la nouvelle génération nous montre que ce pays est à un tournant.

En général, nous devons nous concentrer sur ce que nous pouvons faire et espérer mieux.

Vos plans professionnels et personnels pour le futur ?

Je ne deviendrai jamais retraité à ne rien faire. Pour l’instant, je ne réfléchis pas à ce sujet.

Comment vous définiriez-vous en quelques mots?

Je suis têtu, bourreau de travail avec toujours trop de pain sur la planche, enthousiaste et engagé.