La grande porte en bois s’ouvre sur une sublime cour verdoyante cachée dans l’une des petites ruelles centrales de Gumri... Sur l’un des bancs du petit jardin est assis Antonio Montalto, un septuagénaire aux yeux clairs, d’une gentillesse et d’une sensibilité exceptionnelles en harmonie parfaite avec son physique. Il mène une conversation amicale avec ses invités dans l’ambiance de sa maison d’hôtes qui combine la simplicité et le naturel d’une vie traditionnelle avec une légère touche de modernité mettant en valeur le patrimoine architectural du lieu.
Par Lusiné Abgarian
S’installer, quoi qu’il en coûte, dans une ville dévastée par le séisme, alors que l’URSS est en agonie et la population locale se livre d’une manière acharnée à la migration, peut évidemment sembler paradoxal, surtout pour un étranger. Mais Antonio Montalto, arrivé en Arménie pour coordonner des projets humanitaires juste après le séisme, ne s’arrête pas devant ce type de contradiction. Il s’installe donc ici pour piloter un projet ambitieux qui marque le passage des projets humanitaires urgents aux projets de développement durable, tout particulièrement à Gumri : un passage progressif parallèle à la transition de l’époque soviétique, de l’Arménie en guerre à l’Arménie actuelle, dont Montalto devient témoin.
Créer un nouveau modèle pour la préservation et la valorisation du patrimoine architectural et culturel, de l’artisanat et des coutumes de la ville, révéler le potentiel des habitats de Gumri pour le présenter un monde, tout en le mettant au service d’eux-mêmes : ce fut l’ambition d’Antonio Montalto, qui avoue que c’est la ville où il aime vivre.
Son attachement à Gumri ne fait pas preuve d’une simple sentimentalité, mais d’une prise de conscience de l’action au profit de la ville et du sens profond de responsabilité, comme il le souligne lui-même : la responsabilité envers la société et de la société envers elle-même et son développement.
Malgré la collaboration pas toujours facile avec les autorités locales, Montalto a néanmoins su souligner les particularités de cette ville et la rendre attractive en tant qu’entrepreneur pour les touristes. En s’inclinant dans le développement de ce domaine pour la révélation des particularités culturelles de la nation arménienne, il a su créer des possibilités d’emplois, notamment avec la production de la céramique de Gumri qui est au centre de ces activités depuis quelques années et pour laquelle il s’occupe actuellement de la construction d’un nouvel atelier avec le concept d’extension, avec son complice, le lyonnais Manoug Pamogdjian.
« Gumri n’est pas seulement la deuxième plus grande ville d’Arménie. Cette ville a beaucoup de particularités liées à l’histoire et à la position. Le centre historique a une grande valeur culturelle et un grand potentiel pour le développement économique et celui de la qualité de vie de sa population. Avec la collaboration entre les secteurs public et privé, je pense que la ville va pouvoir reprendre, dans un court délai, une position très importante et pas seulement en Arménie », - résume-t-il.
La philosophie de Montalto étant basée sur le partage, il offre son savoir-faire aux gumretsis (les habitants de Gumri, NDLR), qui partagent avec lui leur énergie et leurs talents et lui donnent le goût de vivre dans leur ville. Une ville que lui, l'Italien Antonio Montalto, Consul honoraire d’Italie à Gumri et citoyen émérite de la ville, perçoit aussi comme la sienne.