Les prédictions des organisations internationales et des agences de notation concernant la croissance économique de l'Arménie en 2022 (1,5 - 1,6 %) sont théoriquement correctes et gérables, mais ne tiennent guère compte de l'évolution de la structure de l'économie arménienne, à savoir le début de la transition d'une économie dite de la demande à une économie de l'offre, bien que présentant des caractéristiques faiblement prononcées. Cette opinion a été exprimée par les experts de l'agence de notation nationale AmRating, dans son rapport annuel sur l'état du système bancaire du pays (Industry report of Armenian banks).
Selon les analystes, l'état de l'activité économique dans le pays dépendra en grande partie de l'intensification et, si possible, de la mise en œuvre complète des dépenses d'investissement prévues au budget, d'une part, et de la politique monétaire de la Banque centrale, d'autre part. Selon les experts, il pourrait s'agir d'une politique monétaire visant à éviter un nouveau resserrement afin de maintenir l'activité de crédit et les mécanismes de croissance économique dans un contexte de gestion du taux de change comme outil supplémentaire pour contenir l'inflation.
Selon les experts, une éventuelle réduction des envois de fonds en provenance de Russie aurait peu d'impact sur la baisse de la demande intérieure en raison de l'évolution de la structure des envois de fonds ces dernières années. En outre, leur baisse peut être entièrement compensée par une augmentation substantielle, permanente et en toutes saisons de l' « immigration » et du flux touristique vers le pays, y compris en provenance de Russie, dont les citoyens, en raison des sanctions occidentales, seront limités dans leur choix de destinations de vacances bon marché et de travail à distance, dont l'une des destinations confortables est l'Arménie.
« Il est également difficile de soutenir les prévisions des agences internationales et des agences de notation concernant une réduction des importations en raison de la baisse de la demande globale et de la hausse des prix. Les sanctions sur les transports entre la Russie et l'Occident vont, selon nous, stimuler une augmentation significative des importations parallèles de marchandises en Russie en provenance d'Arménie qui ne sont pas soumises aux sanctions occidentales. L'Arménie commencera sans doute à gagner de l'argent en réexportant également de gros volumes de marchandises non sanctionnées », estiment les analystes.
Le succès du processus d'augmentation de la productivité et d'élargissement de la gamme de "substitution aux importations" pour la Russie et le Belarus sous sanctions dépendra d'une politique industrielle incitative compétente basée sur la mise en œuvre effective de programmes de subventions des taux d'intérêt et d'autres mesures paternalistes pour moderniser et développer la production et intensifier le commerce extérieur.
L'Arménie, pour laquelle la Russie, puis la Chine et les pays de l'UE (matières premières minières) sont aujourd'hui les principaux partenaires commerciaux, a une chance de sortir de la situation actuelle de crise économique et géopolitique mondiale sans pertes significatives, avec une croissance économique de l'ordre de 2-2,5% en 2022.
