Turquie – Vers un deuxième tour, pour le principe

Région
15.05.2023

Pour la première fois de leur histoire, les élections présidentielles turques se concluront lors d'un deuxième tour, le dimanche 28 mai.

Par Olivier Merlet

 

Alors que moins de deux pourcent des bureaux de vote du pays n'avaient pas encore publié leurs résultats ce 15 mai au matin, lendemain des élections présidentielles et parlementaires de Turquie, Recep Tayyip Erdogan semble ne pas devoir atteindre la barre des 50% des suffrages qui lui auraient permis de remporter la victoire dès le premier tour.

C'est une première dans l'histoire de la république turque. Avec 49,35% des voix, Recep Tayyip Erdogan, que l'on avait vu très fatigué ces derniers temps se prépare donc à entamer deux semaines supplémentaires d'une campagne qui s'était jusqu'alors révélée âpre et difficile.

« Le fait qu’on aille au deuxième tour prouve que pour la première fois, le leadership d’Erdogan est défié par presque la moitié de la population », souligne ce matin le politologue québécois d'origine libanaise Sami Aoun, dans les colonnes du quotidien beyrouthin "Le Devoir".  

Cependant, alors que tous les sondages annonçaient un duel au coude à coude du président sortant et de son concurrent Kemal Kiliçdaroglu, leader d'une coalition hétérogène et hétéroclite des principaux partis d’opposition, ce dernier ne récolte que 45 % des votes, soit un écart conséquent de plus de 4 % qui compromet largement ses chances d'accession à la magistrature suprême de Turquie. Il continue pourtant de promettre la victoire de son camp : « si notre nation demande un second tour, nous l’acceptons volontiers. Et nous allons absolument gagner ce second tour », a-t-il annoncé depuis Ankara ce matin, entouré des représentants des six partis de sa coalition.

L’AKP, le parti au pouvoir, celui d'Erdogan, a revendiqué quant à lui la majorité des six-cent sièges au Parlement pour "l’Alliance nationale" qu’il a formée entre son parti et de petits partis nationalistes et islamistes. Pour Recep Tayiip Erdogan dont la réélection semble désormais probable, « le peuple a choisi la stabilité et la sécurité lors de cette élection présidentielle. Nous respectons ce scrutin et nous respecterons la prochaine élection » a-t-il encore assuré.

Les résultats des votes des trois millions et demi de ressortissants turcs vivant a l'étranger et qui avaient déjà voté par anticipation la semaine dernière ne sont pas encore connus. Ils ne devraient pas renverser la tendance observée; bien au contraire, la diaspora ottomane reste traditionnellement très favorable à Recep Tayip Erdogan.

De nombreux observateurs redoutaient des échauffourées à l'issue de la publication des affrontements, aucun débordement notable n'a cependant été enregistré.