L'institution présidentielle - et démocratique - en question au Haut-Karabagh

Région
05.09.2023

La désignation par le parlement d'un nouveau candidat à la présidence du Karabagh, ainsi que prévue par la constitution, alimente déjà rancœurs et divisions au sein de la classe politique d'Artsakh.

Par Olivier Merlet

 

Dans une interview au journal Azatutyun le 4 septembre, Samvel Babayan, l'ex-ministre de la défense du Haut-Karabagh et président du parti "Patrie unie", deuxième groupe du parlement en nombre de sièges, a déclaré que l'assemblée nationale d'Artsakh élirait un nouveau président le 8 septembre.

Conformément aux exigences constitutionnelles en cas de vacance à la tête de la république autoproclamée, les factions siégeant à l'assemblée nationale disposent d'un délai de 7 à 10 jours pour désigner - ou non – un candidat à la succession au président démissionnaire, soit le 7 septembre. Le nouveau président ne sera pas élu au suffrage universel mais par les députés eux-mêmes.

Samvel Shahramanian, secrétaire du Conseil de sécurité d'Artsakh jusqu’à ce qu'Arayik Harutyunyan ne le nomme, par un ultime décret présidentiel, au poste de "ministre d'État aux pouvoirs étendus", provisoirement nouvel homme fort du Karabagh, semble également largement pressenti comme nouveau président. Son choix laisse craindre à beaucoup le retour aux commandes de l'ancienne équipe dirigeante menée par Bako Sahakyan.

Interrogé sur ses positions, Samvel Babayan a déclaré que sa  faction « participera pleinement à la séance, mais ne votera pas. [ceux qui le feront] supporteront immédiatement la responsabilité de jouer avec le sort de leur propre peuple. » Pour lui, la nomination de Samvel Shahramanyan et son éventuelle candidature à la présidence relève du fait de la seule décision des trois derniers présidents d'Artsakh. « Le problème n'est pas telle personne, c'est ce phénomène qui est dicté depuis Erevan ».

Dans les colonnes de News.am, En réponse aux propos de l'ancien ministre de la Défense du Karabagh, le président du parti d'opposition "Justice" de l'assemblée nationale,  Davit Galstyan, déclarait de son côte : « il est possible qu'il y ait des candidats du cœur du peuple et nous, en tant que pouvoir mandaté par le peuple, déciderons nous-mêmes lors du choix.[…] Nous avons l’amère expérience d’aller aux élections sous la pression de la rue, l'opinion du peuple est très importante, mais les députés ont un mandat donné par ce même peuple, pour voter en fonction de leur conscience et de leur conviction ».

A ce jour, le bureau de presse du Parlement a déclaré qu'il ne disposait d'aucune information sur la nomination des candidats.