La commémoration de la tragédie de Khodjaly

Région
26.02.2022

Le 26 février est commémorée la « Journée du génocide de Khodjaly et du deuil national » en Azerbaïdjan. Ce jour-là, selon l'information disponible, « des groupes armés arméniens ont massacré des civils dans la ville de Khodjaly (Ivanyan) par des forces non identifiées ». Le Courrier d'Erevan revient sur quelques témoignages liés à cette date.

AInsi, dans un entretien avec la journaliste tchèque Dana Mazalova (publié dans Nezavisimaya Gazeta le 2 avril 1992), le président de l'Azerbaïdjan, Aïaz Mutalibov, alors démissionné, a imputé le crime à des forces anonymes qui cherchaient à obtenir sa démission :

Question : Que pensez-vous des événements de Khodjaly, après lesquels vous avez démissionné ? Les cadavres des habitants de Khodjaly ont été retrouvés près d'Aghdam. Quelqu'un leur avait d'abord tiré dans les jambes, pour qu'ils ne puissent pas aller plus loin. Puis ils les ont tués avec une hache. Le 29 février, mes collègues les ont filmés. Lors du tournage du 2 mars, ces mêmes corps ont été scalpés. Une sorte de jeu étrange...

Réponse : Comme le disent les habitants de Khodjaly qui se sont échappés, tout a été organisé pour qu'il y ait une raison à ma démission. Certaines forces ont agi pour discréditer le président. Je ne pense pas que les Arméniens, qui sont très clairs et bien informés de ce genre de situation, permettraient aux Azerbaïdjanais d'obtenir des documents qui les exposeraient comme fascistes. Nous pouvons supposer que quelqu'un était intéressé à montrer cette séquence à la session des forces militaires et à se concentrer sur moi...

Quelques années plus tard, en 2005, le journaliste azerbaïdjanais Eynulla Fatullayev a réitéré l'affirmation selon laquelle le Front populaire azerbaïdjanais anti-Mutalibov était en partie responsable des victimes du massacre de Khodjaly dans un article :

« Après m'être familiarisé avec le terrain géographique, je peux affirmer avec une totale conviction que les spéculations sur l'absence de corridor arménien n'ont aucun fondement. Il y avait bien un couloir, sinon les habitants de Khodjaly, totalement encerclés et isolés du monde extérieur, n'auraient eu aucun moyen de percer les anneaux et de sortir de l'encerclement. Cependant, après avoir traversé le terrain derrière la rivière Kar-Kar, la ligne de réfugiés s'est divisée et, pour une raison quelconque, certains des réfugiés de Khodjaly se sont dirigés vers Nakhijevan. Il semble que les bataillons du FPA (Front populaire d'Azerbaïdjan - Parti politique national démocratique d'Azerbaïdjan) ne visaient pas à libérer les habitants de Khodjaly, mais à faire couler davantage de sang sur leur chemin pour renverser A. Mutalibov ».