16 ans se sont écoulés depuis ce jour terrible où le monde entier a été choqué par la nouvelle d'un crime sans précédent perpétré à Budapest. Au petit matin du 19 février 2004, un officier en formation dans le cadre de l’OTAN, Gourguen Markarian, a été tué dans son sommeil à coups de hache par son collègue azéri Ramil Safarov.
Les deux officiers étaient alors en formation dans le cadre du programme « Coopération pour la Paix » initié par l’OTAN, à laquelle participaient des militaires de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. Le tribunal hongrois a condamné alors Safarov à la réclusion à perpétuité avec une peine incompressible de 30 ans.
Quelques années plus tard, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, effectue une visite officielle en Azerbaïdjan, avec comme thème principal les questions économiques, la Hongrie traversant de sérieuses difficultés. Au passage, le gouvernement azerbaïdjanais réitère sa demande de voir son soldat perdu Safarov revenir dans son pays.
Résultat : le 31 août 2012, Safarov est transféré en Azerbaïdjan pour y purger sa peine. Le jour même de son arrivée à Bakou, accueilli en héros par le président Aliev en personne, il est gracié et promu au grade de major avec le rétro paiement de huit ans de salaire, et reçoit en cadeau un appartement.
Le même jour, l’Arménie rompait ses relations diplomatiques avec la Hongrie.
Le point culminant de cette folie sanglante meurtrière fut la déclaration de l'ombudsman azerbaïdjanais de l'époque selon laquelle « Ramil Safarov devrait devenir un exemple pour la jeunesse azerbaïdjanaise » …
Puis, cette phrase qui éclaire sur les véritables raisons du meurtre d'un Arménien au cœur de l'Europe, prononcée par l'avocat hongrois de Safarov dans son discours de clôture : « Le meurtre d'un Arménien n'est pas considéré comme un crime en Azerbaïdjan ».
Le meurtre de Gourguen Markarian à Budapest reste l'exemple le plus révélateur pour la communauté mondiale de ce dont un État génocidaire est capable même sur le territoire d'un autre pays. Sans précédent à bien des égards, il a montré au monde tout le crime, la méchanceté et l'hypocrisie du régime d’Aliyev et l'inhumanité d'une société dans laquelle le meurtre d’une personne dans son sommeil était considéré comme un acte d’héroïsme - parce que la victime était un Arménien.
Aujourd’hui, le meurtre de Gourguen Markarian est dans sa phase finale d'examen par la Cour européenne des Droits de l'Homme. Selon l’avocate de sa famille Siranouche Sahakian, un certain nombre de points importants ont été présentés à la Cour, dont le fait que le meurtre de Gourguen Markarian était uniquement dû à son origine ethnique. « Si nous parvenons à remporter la victoire dans l’affaire Gourguen Markarian, comme dans plusieurs autres affaires en cours, ce sera la preuve qu’il ne s’agit pas d’épisodes séparés, mais d’une politique anti-arménienne cohérente de la part des autorités azerbaïdjanaises », a souligné Siranouche Sahakian.